Mircea Eliade a été un des historiens des religions les plus importants. Il a également été diplomate, écrivain, philosophe et universitaire
La carrière pédagogique a été liée notamment à l'Université de Chicago, où il a été professeur depuis 1957 jusqu'à la fin des années 1980. Il a écrit plus de 30 volumes scientifiques, de livres de fiction et d'essais philosophiques, traduits en 18 langues, et il a eu aussi une carrière prodigieuse en tant que publiciste. Pendant sa jeunesse, à l'époque de l'entre-deux-guerres, Mircea Eliade a été l'adepte du « trăirism », courant qui représentait à l'époque l'équivalent roumain de l'existentialisme, et il a été un des proches des cercles conservateurs formés autour de la revue « Criterion ». Il a été influencé par la culture indienne sur laquelle il a écrit plusieurs œuvres et, en même temps, par les idées d'intellectuels tels que Balzac, Gide, René Guénon, Surendranath Dasgupta, Aldous Huxley, Carl Jung, Rudolf Otto, Giovanni Papini ou Miguel de Unamuno. Après l'instauration du régime communiste en Roumanie, en 1945, il a choisi la voie de l'exil.
Dans l'entre-deux-guerres, Eliade a dû se défendre contre les accusations d'être un adhérent du mouvement légionnaire et un adepte du fascisme roumain. Esprit universel, Mircea Eliade exposait sa vision sur l'humanité et sur le monde en déclarant qu'elle était « commune et unitaire ». Interrogé par Monica Lovinescu pour la Radio Free Europe, le professeur roumain faisait un plaidoyer pour la quête de cette unité. Écoutons maintenant l'enregistrement d'archives du Centre d'histoire orale de la Radiodiffusion roumaine. : « A l'Université de Chicago, où il y a une tradition fondée par mon grand prédécesseur Joachim Wach, un spécialiste du bouddhisme ne discutait pas chaque année des aspects de la religion bouddhiste, mais de la structure du mythe, du mythe cosmogonique, de la structure des figures divines, de qu'être un dieu, une déesse ou un héros culturel veut dire. La structure des rituels, du rite initiatique et d'autres aspects similaires était très importante. J'ai été intégré dans une atmosphère qui me plaisait surtout parce qu'elle me mettait en contact avec cette vision de l'histoire universelle des religions qui me révèle toujours l'unité profonde et indivisible de l'histoire de l'esprit humain. Si on renonce à cela, on ne fournira plus que des contributions techniques destinées exclusivement aux spécialistes. Le phénomène le plus important du XXème siècle me semble être la rentrée de l'Asie dans l'histoire et l'indépendance nationale des nations appelées « primitives » jusqu'il y a quelques années, celles d'Afrique et d'Océanie. Pour comprendre de telles cultures qui n'ont rien en commun avec notre tradition culturelle méditerranéenne ou grecque, nous devons connaître et comprendre leurs conceptions sur l'être humain, sur la vie et le monde. Or, de telles conceptions se retrouvent exprimées dans leurs mythes, symboles et systèmes rituels. »
Mircea Eliade a quitté ce monde en 1986 à Chicago. Un de ses successeurs a été Ioan Petru Culianu, un autre nom roumain très important pour l'histoire des religions.
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