Une exposition de photos d’époque, de documents et de manuscrits met en évidence l’activité des femmes pendant la Grande Guerre
Durant les années de la Première Guerre Mondiale, si difficiles pour le royaume de Roumanie, dont la plus grande partie se trouvait, depuis 1916, sous occupation allemande, les soldats combattant sur la ligne de front n’ont pas été les seuls à se faire remarquer par des actes de prouesse. Derrière le front, ce fut aux femmes de lever le moral des troupes et de les aider à surmonter les innombrables difficultés auxquelles celles-ci étaient confrontés. A part les actions humanitaires et diplomatiques de la Reine Marie et de la princesse Martha Bibescu, sur lesquelles les informations abondent, l’implication d’autres femmes a commencé à être étudiée ces dernières années.
Une exposition de photos d’époque, de documents et de manuscrits a récemment été organisée par les Archives nationales, qui met en évidence l’activité d’autres femmes remarquables, à la fois sœurs de charité et premières représentantes du féminisme roumain. Monica Negru, commissaire de l’exposition « A la découverte de l’histoire. Les femmes de la Grande Guerre », esquisse quelques portraits. Et ce n’est pas du tout par hasard qu’elle commence par Alexandrina Cantacuzino, symbole du mouvement féministe de l’entre-deux-guerres. Monica Negru: " Alexandrina Cantacuzino a été une femme d’une grande culture et particulièrement volontaire, un esprit religieux, traditionnaliste et nationaliste, une oratrice de taille internationale. Née en septembre 1876, elle a épousé un homme politique conservateur, Grigore G. Cantacuzino, ministre, secrétaire d’Etat et sénateur. Elle a soutenu le mouvement d’émancipation des femmes roumaines, finançant, par exemple, par ses propres moyens, 33 écoles et envoyant des milliers de livres en Bessarabie. Alexandrina Cantacuzino a été une personnalité marquante du féminisme roumain et international durant les 4 premières décennies du 20e siècle. A partir de 1918, elle allait se trouver à la tête de la Société Orthodoxe Nationale des Femmes Roumaines (SONFR) et soutenir la création d’associations culturelles, d’écoles et d’habitations sociales à Bucarest et dans d’autres villes du pays. Durant les années de la première guerre mondiale, Alexandrina Cantacuzino a choisi de rester à Bucarest pendant l’occupation allemande. Membre active de la Croix Rouge, elle a veillé au bon fonctionnement d’un grand hôpital de blessés de la capitale et a aidé les prisonniers de guerre des camps de Bucarest. »
Après la guerre, Alexandrina Cantacuzino a poursuivi son activité d’aide aux filles pauvres et d’émancipation des femmes en général. Elle a soutenu la création de la Petite Entente des Femmes, réunissant la Roumanie, la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Grèce. Elle a été la présidente de ce forum en 1923 – 1924. Entre 1925 et 1936, elle a été vice-présidente du Conseil international des Femmes. Elle s’est éteinte en 1944. Son activité a été soutenue par une autre Alexandrina. Monica Negru: « Alexandrina Fălcoianu est née dans une vieille famille de boyards de Valachie. Son père a été mathématicien et professeur à l’Université de Bucarest. Elle était la cousine de l’écrivaine Elena Văcărescu, première femme membre de l’Académie, avec qui elle a habité en Occident. Alexandrina Fălcoianu a laissé des mémoires, dont le manuscrit a été conservé par les Archives Nationales. Pendant les guerres des Balkans, elle s’est formée comme infirmière. Elle est devenue membre de la Croix Rouge roumaine et a travaillé comme bénévole même sur une ambulance envoyée en Bulgarie, en 1913. En 1916, après la conquête de Bucarest par les Puissance Centrales, elle a organisé une cantine à la gare de Titu, près de la capitale, où elle assurait aux soldats un repas chaud par jour. Environ 40.000 soldats s’y rendaient quotidiennement pour recevoir une assiette de soupe, un quart de pain et du thé.»
Toujours pendant la guerre, la Croix Rouge nommait Alexandrina Fălcoianu à la tête de plusieurs hôpitaux de la capitale. Elle raconte, dans ses mémoires, la protection accordée aux prisonniers roumains évadés qui s’étaient cachés dans un de ces hôpitaux. Sous la tutelle d’Alexandrina Cantacuzino s’est formée une autre femme remarquable, qui s’est distinguée par son activité derrière le front et qui avait été surnommée « la fée des prisonniers ». Monica Negru: « Il s’agit de Zoe Râmniceanu, qui a compté parmi les membres fondatrices de la Société orthodoxe nationale des femmes roumaines et dont elle a été la caissière générale. Elle a travaillé comme infirmière à l’hôpital 113 de Bucarest, aux côtés d’Alexandrina Cantacuzino. Les deux femmes ont été emprisonnées, pour peu de temps, en novembre 1917, étant accusées d’agir contre l’occupation allemande de l’époque. Zoe Râmniceanu a été membre de la Croix Rouge roumaine et a travaillé sans cesse pour aider les prisonniers roumains. A commencer par le 1er décembre 1916, elle a assuré de la nourriture et des soins médicaux pour 4.000 prisonniers roumains se trouvant à Bucarest. »
A part ces femmes que nous venons de mentionner, d’autres se sont fait remarquer durant les premières années de la Grande Roumanie, soit après 1918, dans les domaines philanthropique et de l’activisme social, ainsi que des arts ou des sciences. (Trad. : Dominique)
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