En 1904, le grand journaliste Constantin Mille lui offre un poste permanent dans la rédaction du journal « Adevărul », la jeune femme devenant ainsi la première journaliste professionnelle de Roumanie.
La modernisation de la Roumanie, débutée dans la seconde moitié du XIXe siècle, s'était accélérée jusqu'à l'approche de la Grande Guerre, se transformant à l'entre-deux-guerres en une synchronisation culturelle avec l'Occident, grâce aussi à une génération d'intellectuels exceptionnels. Parmi eux, Aida Vrioni est considérée comme la première journaliste professionnelle de Roumanie.
Maria Mateescu, de son vrai nom, est née en octobre 1880, dans la ville de Ploiești, à une soixantaine de km au nord de Bucarest. Elle commence à signer des articles dans la revue « Aurora » de sa ville natale, revue créée par elle-même et son frère. Entre 1898 et 1904, elle publie des articles et des chroniques littéraires dans plusieurs journaux et revues de Bucarest, tels que « Dimineața », « Adevărul literar și artistic », « Rampa » etc. En 1904, le grand journaliste Constantin Mille lui offre un poste permanent dans la rédaction du journal « Adevărul », la jeune femme devenant ainsi la première journaliste professionnelle de Roumanie. À l'entre-deux-guerres, elle se fait aussi remarquer en tant qu'écrivaine, dramaturge et militante dans le cadre des organisations féminines fleurissantes à l'époque. Elle a longtemps travaillé pour la « Revista scriitoarei », devenue en 1929 « Revista scriitoarelor și scriitorilor din România », qu'Aida Vrioni a dirigée de 1931 jusqu'à l'arrêt de l'activité en 1943. Les textes d'Aida Vrioni viennent d'être récupérés et publiés dans des recueils, grâce aux efforts de Monica Negru, chercheuse aux Archives nationales de Roumanie: Aida Vrioni a été une des cheffes de file du mouvement féministe de l'époque, membre de plusieurs associations féministes de ces temps-là. Elle a proposé et organisé les premiers concours littéraires pour les débutants, dans le but déclaré de les aider financièrement et de les convaincre d'écrire et de publier leurs textes. Je dirais donc que ses démarches culturelles ont été vastes et diverses. Quant à ses articles publiés dans la Revista Scriitoarei et ailleurs, ils sont tout aussi divers. Elle a signé des chroniques, des articles consacrés à des événements ou bien à des localités de différentes régions du pays. Elle a par exemple écrit sur Bucarest, Constanţa, Sinaia, où elle avait d'ailleurs une maison.
Aida Vrioni a donc mis ensemble journalisme, dramaturgie, prose, littérature de voyage et féminisme, son activité frénétique lui ayant valu la reconnaissance bien-méritée de l'intelligentsia de l'entre-deux-guerres. Pourtant, ses mérites sont entrés dans une zone d'ombre, notamment après la disparition de la « Revista scriitoarelor și scriitorilor », affirme Monica Negru: Cette revue a été dirigée par Aida Vrioni, qui a constamment invité ses collaborateurs à écrire et à publier du contenu. Elle y a aussi publié ses propres écrits, elle a même soutenu financièrement la revue, exhortant également ses amis et connaissances à s'y abonner. En 1943, la rédaction a fermé ses portes, probablement parce qu'Aida Vrioni n'avait plus réussi à trouver l'argent nécessaire. Mais elle a continué à écrire pour d'autres publications de ces temps-là. Étrangement, à l'époque, Aida Vrioni était connue et appréciée par ses confrères et consœurs. Elle a aussi écrit deux romans et un volume d'essais, en plus des articles de presse. Ensuite, elle a été complètement oubliée. Ses écrits ont été abandonnés dans des archives et se perdent avec le temps qui passe.
À la fin de la Seconde guerre mondiale, bien que malade, Aida Vrioni continue d'être active. Elle tient un journal personnel, malgré un spasme cérébral qui la laisse à moitié paralysée jusqu'à sa mort, survenue en 1954. Aujourd'hui, l'œuvre d'Aida Vrioni retrouve l'attention des lecteurs, à travers les recueils d'articles et les volumes de mémoires mis en page par Monica Negru, suite à ses recherches aux Archives nationales. (Trad. Ileana Ţăroi)
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