Apprivoiser l'espace urbain, selon l'artiste allemand Carsten Seiffrath
Les villes sont souvent considérées comme un facteur de perturbation de la vie quotidienne. Si, au début du siècle antérieur, la vie en ville était fort convoitée, aujourd'hui la population essaye plutôt de s'éloigner des grandes agglomérations urbaines. On parle de plus en plus de pollution sonore, mais également des effets néfastes que le bruit peut avoir sur les fonctions neurologiques humaines, en particulier sa fréquence et son intensité. De toutes les manifestations désagréables d'une longue exposition aux bruits urbains, le tintement est probablement la plus commune, mais aussi la plus difficile à traiter. Ce son qui persiste dans l'oreille même dans le silence de notre propre maison peut nous empêcher de dormir et même mener à l'insomnie chronique ou encore à la dépression.
Par contre, il existe des artistes qui étudient le son ambiant et qui croient que l'espace urbain peut être « apprivoisé » par la prise de conscience des bruits auxquels nous sommes exposés en tant que partie intégrante de notre vie moderne. L'un d'entre eux, l'Allemand Carsten Seiffarth, qui est également le fondateur et le directeur artistique de la galerie d'art sonore « Singuhr - Hörgalerie » de Berlin, nous donne plus de détails sur l'exposition présentée à Bucarest accueillie par l'Institut Goethe. « L'exposition présente l'activité de la ville de Bonn sur une dizaine d'années. Depuis 2010, je m'occupe de projets avec des artistes du domaine audio qui résident à Bonn. Ils interagissent avec l'espace public, avec les différents lieux fréquentés en ville au cours d'une année ou deux, voire même six. Ils se documentent sur ces incursions et les présentent ensuite dans des expositions avec des photos, des textes et des vidéoclips. Les artistes s'expriment alors à travers différentes situations. Tout ceci n'est que le prélude de l'exposition de Bucarest. Il y a aussi des artistes qui font des ateliers oùils présentent divers projets. Il s'agit de travaux acoustiques, de concerts et de discussions sur le sujet en question. L'exposition offre le cadre nécessaire pour ce genre de projet. »
Les sons emportent et conduisent l'empreinte des villes plus loin. Il arrive souvent que les touristes soient surpris par les différences, mais aussi bien par les ressemblances des espaces urbains des différents continents. Carsten Seiffarth croit que de ce point de vue, la ville de Bucarest est éclectique car les zones extrêmement bruyantes y coexistent avec les oasis de silence. « Nous percevons toujours la conception visuelle des espaces dans lesquels nous vivons. Les publicités sur les grands panneaux et les immeubles en verre sont caractéristiques aux grandes villes. Les tendances modernes ont également conquis de petites villes, comme la ville d'Aix-la-Chapelle par exemple. Lorsqu'on parle de sons urbains, il s'agit de la perception qu'ont les habitants d'une ville sur chaque son à part. Il existe des sons spécifiques à un lieu en particulier, comme il existe aussi des sons que nous pouvons retrouver dans le monde entier. Par exemple, à New York, les sirènes de police peuvent être entendues partout et il en va de même à Bucarest, conformément au standard sonore des grandes agglomérations. Bucarest se démarque aussi par les sons que produisent les systèmes de climatisation qui se font particulièrement entendre dans les zones les plus tranquilles de la ville. Chaque endroit à un son complètement différent. »
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