Acheter un terrain pour y bâtir des appartements et y vivre aux côtés de ses amis. C'est moins cher et plus agréable.
Un système qui fonctionne au Danemark depuis déjà 1970, présent aussi en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas, commence également à gagner du terrain en Roumanie grâce à deux architectes. Il s'agit d'un système de cohabitation appelé « co-housing » ou habitat participatif. Plus concrètement : créer un immeuble pour un groupe d'amis et l'adapter à leurs besoins spécifiques. A l'aide des architectes, le groupe choisit le terrain, imagine l'immeuble, fixe les espaces individuels et communs, puis on procède à l'obtention des avis et des permis nécessaires pour la construction. Bref, on bâtit une maison pas pour une seule famille, mais pour un groupe dont les membres se connaissent entre eux.
Lucian Luţă est un architecte responsable d'un tel projet, qu'il a lancé aux côtés de son associé Liviu Fabian. Lucian Luţă raconte comment tout a commencé : « L'idée du projet est venue pratiquement de notre besoin, le mien et celui de quelques amis, d'habiter dans un endroit meilleur que ce que le marché immobilier peut offrir en ce moment. Pratiquement, on voulait habiter dans un appartement qui réponde à nos besoins et qui ait un prix décent. Notre idée : nous associer à 5 ou 6 personnes - un groupe d'amis, de collègues -, acheter un terrain dans une zone plus ou moins centrale de Bucarest et y construire nos propres appartements, chacun, en fonction de ses besoins. »
Pouvoir choisir ses voisins, trouver l'endroit idéal pour sa maison et décider soi-même des moindres détails - pas mal, n'est-ce pas ? Lucian Luţă nous parle des avantages de cette idée : « Ce système n'est pas nouveau, en fait. Ce n'est pas nous qui l'avons inventé. En Europe il s'appelle « co-housing ». Plusieurs personnes s'associent, achètent un terrain, font un projet, construisent leurs propres appartements. Le mieux serait d'avoir un petit groupe, pour avoir un mini-immeuble, avec quelques appartements seulement. Ils habitent comme une communauté, mais chacun a son appart. Ce système a plusieurs avantages : on a plus facilement accès à un terrain central ou semi-central, impossible à acheter tout seul, on peut adapter son logement à ses propres besoins et on élimine aussi certains coûts à payer au constructeur. Certes, il faut payer pour le projet, les avis, les autorisations, mais on couvre tout cela aussi au moment où l'on achète son appart chez un constructeur. Qui plus est, on a davantage de liberté à configurer son logement. »
Autre chose : les coûts sont plus bas, similaires à la construction d'une maison et inférieurs à l'achat d'un appartement, affirme Lucian Luţă. Il nous décrit son projet : « Notre premier projet de co-housing a déjà été lancé. Il s'agit d'un petit immeuble de 5 logements. Chaque associé recevra ce qu'il désire. Quelqu'un veut avoir une cuisine fermée, un autre veut que la cuisine et le salon soient un même espace. Un autre associé a imaginé un banc pour la lecture dans la chambre de son fils ; du coup, ses fenêtres ont une autre configuration. Tous ces détails sont censés améliorer notre qualité de vie. On peut aussi avoir des espaces communs en dehors des appartements. Par exemple, dans ce projet, il y a un espace de 30 m carrés qui sera utilisé pour travailler ou pour y laisser les enfants jouer ensemble. Il donne sur un jardin commun de 100 m carrés. Il y a aussi une terrasse commune. Il y a plein de facilités que le groupe peut faire construire. »
Tout cela a l'air très sympa. Le seul bémol que notre invité y voit, c'est la durée du processus à commencer par l'association des partenaires jusqu'à la finalisation de la construction. Toutefois, leur patience portera ses fruits, assure-t-il. Et comme en Roumanie ce système est encore une nouveauté, il n'y a pas d'accords avec les banques pour l'instant pour financer de tels projets communs, comme c'est le cas en Occident. Mais on fait des démarches pour y remédier. (trad. Valentina Beleavski)
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