Oana Ciora, présidente de l'association des chiens de sauvetage Transilvania s'est rendue en Turquie pour accompagner l'une des équipes de secouristes.
Le désastre provoqué par les séismes en Turquie a été suivi par une vague de solidarité en Europe et dans le monde. La Roumanie a participé aux efforts internationaux avec deux équipes de secouristes dont des équipes canines. Les chiens de sauvetage demeurent les moyens les plus efficaces de retrouver des survivants dans les décombres.
Oana Ciora, présidente de l'association des chiens de sauvetage Transilvania s'est rendue en Turquie pour accompagner l'une des équipes de secouristes. Elle raconte les aventures des chiens de sauvetage en Turquie :
« C'est une histoire qui commence par les humains, leurs partenaires. En effet, notre organisation, qui se compose de bénévoles, réunit des personnes qui souhaitent préparer leurs chiens pour la recherche et le sauvetage. Chacun de nos bénévoles nous rejoint avec son propre chien. Certains ont commencé la formation à l'âge de sept-huit semaines, d'autres l'ont fait plus tard lorsque le propriétaire du chien est entré en contact avec notre association. Rien qu'un exemple, dans le cas du chien que j'ai accompagné en Turquie, pour Dino, toute cette formation a commencé lorsqu'il est arrivé chez nous, à l'âge de sept semaines. Bien entendu, on savait dès le début ce que l'on voulait faire. C'était un cadeau de la part d'un collègue de l'équipe et il était évident quelle allait être sa carrière, car il était clairement adapté pour cette activité de recherche et sauvetage. »
Nous avons demande à Oana Ciora quel serait le portrait robot d'un chien de sauvetage :
« Il ne s'agit pas nécessairement d'une certaine race, mais d'un type de chien. Tout comme les hommes et les femmes qui travaillent dans le domaine des situations d'urgences, tels les pompiers, les chiens doivent eux-aussi remplir des critères physiques, des critères de concentration, de motivation, afin de pouvoir participer à de telles activités. Et du point de vue des capacités olfactives, presque tout chien pourrait remplir ces critères auxquels s'ajoutent la mobilité et l'agilité. Pour des activités telles que la recherche de survivants dans les décombres, il nous faut un chien agile, qui se déplace en toute sécurité sur des superficies qui ne sont pas du tout faciles. Le chien doit aussi avoir un bon tempérament, de la confiance, il doit être facile à motiver, c'est-à-dire intéressé par ce que nous pouvons lui offrir en récompense, qu'il s'agisse d'un jouet ou de la nourriture. Le chien doit absolument avoir un objectif lors d'une recherche. Tout chien de sauvetage cherche un survivant afin d'obtenir sa récompense à la fin. C'est dans un tel cadre mental que le chien cherche une victime qui devient ainsi la clé vers la récompense qu'il reçoit. »
Des programmes longs, des conditions difficiles, des situations imprévues, le vol à bord d'un avion cargo militaire, ce ne sont que quelques exemples parmi les défis auxquels sont confrontés les équipes de secouristes. Détails avec Oana Ciora :
« Dès notre départ et jusqu'au retour, ce fut un véritable défi pour nous tous, hommes et chiens à égale mesure. Tant sur le plan émotionnel, que du point de vue de l'adaptation aux obstacles et aux situations que nous avons rencontrées, sans oublier, bien sûr, le travail effectif que nous avons fait. En fait, je pense que le travail a été le plus facile à gérer. Au moment où l'on sait exactement ce qu'il faut faire, on se sent plus à l'aise. Le reste a eu un plus grand impact, parce qu'il s'agissait de choses pour lesquelles on ne pouvait pas se préparer d'avance. Y compris le transport en avion de l'armée, qui n'est pas du tout comparable à un avion commercial, puis les zones de recherche, puis le fait qu'il fallait faire attention en permanence aux endroits où l'on garait notre voiture, où l'on descendait de la voiture, où l'on pouvait laisser les chiens sortir, parce qu'un autre chien « caché » derrière une autre voiture pouvait nous attaquer ... Et puis, l'on s'est rendu compte que des gens vivaient dans les voitures que l'on croisait sur notre chemin et que le chien qui nous attaquait ne faisait que protéger sa famille. Il y a eu plein de choses que nous ne pouvions pas contrôler et qui ne font pas partie des entraînements habituels...»
Mais combien de temps faut-il investir pour préparer un chien sauveteur et en quoi consiste son entraînement ? Oana Ciorea répond :
« Pour qu'un chien sauveteur puisse atteindre un niveau opérationnel, c'est-à-dire qu'il puisse participer à une mission de recherche et de sauvetage même plus facile que celle en Turquie, qui était une mission extrême en fait, pour ce niveau donc il faut le préparer pendant 3 ou 4 ans. Mais ça dépend beaucoup de son maître aussi, de son sérieux, de son engagement. Le chien ne se rend pas tout seul à un entraînement et c'est alors au maître de faire preuve de discipline et de rester assidu en ce qui concerne les entraînements. Nous par exemple, en tant qu'organisation, nous avons 3 entraînements par semaine, des entraînements d'équipe qui durent 3-4 heures chacun. A part cela, certes, chacun de nos bénévoles doit travailler individuellement avec un chien, que ce soit pour la motivation, pour la discipline ou la condition physique. D'ailleurs, cette dernière est un autre aspect extrêmement important pour un chien de recherche. Un chien en bonne condition physique peut participer à une mission plus difficile. Par contre, s'il n'est pas très en forme, alors il y aura d'autres aspects psychologiques qui l'affecteront et il se peut que son travail ne soit pas des meilleurs.»
Bien que la mission en Turquie ait été une expérience triste et difficile, Oana Ciora y trouve aussi un soupçon d'optimisme :
« Le plus impressionnant en Turquie a été de constater la solidarité que cet événement a déclenchée et la manière dont des sauveteurs du monde entier, oui je dis bien du monde entier, se sont mobilisés pour s'y rendre et pour donner un coup de main. Aucun pays, aussi préparé soit-il dans ce domaine, ne sera capable de gérer tout seul un événement d'une telle ampleur. Sans doute, la mobilisation a été impressionnante et c'est rassurant aussi de savoir qu'au cas où cela arriverait chez nous aussi, Dieu nous en garde, c'est sûr que nous bénéficierons du même soutien et du professionnalisme de toutes les équipes qui ont été présentes sur le terrain. J'en suis persuadée. Ainsi, malgré ce tragique évènement, il y a quand même un certain réconfort et un sentiment de sécurité à faire ce constat ».
Sans doute, la solidarité est le mot d'ordre de ces derniers temps et les tremblements de terre de Turquie ne sont pas les seuls à le prouver. (trad. Alex Diaconescu, Valentina Beleavski)
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