Enseignée du CP à la terminale, la religion en tant que discipline scolaire a été fortement contestée par une partie des parents et de la société civile, invoquant la liberté religieuse.
Enseignée du CP à la terminale, la religion en tant que discipline scolaire a été fortement contestée par une partie des parents et de la société civile, invoquant la liberté religieuse. Par conséquent, de nombreux élèves roumains ne fréquentent pas les classes de religion, une décision motivée par leurs parents soit par l'appartenance à une autre religion que celle majoritaire en Roumanie, orthodoxe, soit par le fait d'être athées, soit parce qu'ils estiment que certaines leçons proposées dans le manuel de religion sont nuisibles aux enfants.
Cette pratique est très répandue dans les écoles roumaines, et ce depuis 1989, mais qu'en dit la loi? L'Association Séculière Humaniste (ASHR) a lancé une campagne d'information censée éclaircir les différents aspects controversés de l'enseignement de la religion. Oui, la loi permet aux parents de retirer leurs enfants des classes de religion. Mais que font ces élèves pendant que leurs collègues sont en classe? Peuvent-ils opter pour des cours alternatifs? Ont-ils du moins une salle de classe libre pour y rester? Sont-ils surveillés par un prof? Autant de questions que les membres de l'Association Séculière Humaniste ont posées aux parents et aux enseignants.
Monica Beliţoiu, directrice exécutive de l'association, commente les réponses recueillies: « Nombre de parents ne connaissent pas la loi et sont surpris d'apprendre qu'ils peuvent renoncer aux classes de religion. En général, ceux qui prennent cette décision appartiennent à une autre religion ou ne sont pas d'accord avec les sujets discutés en classe. A chaque rentrée nous avons organisé des campagnes d'information sur le cadre légal de cette option. Certains enseignants et parents sont d'accord avec nous, d'autres estiment que c'est nous qui n'avons pas compris la loi. En plus, il y a des proviseurs qui ne peuvent pas permettre aux élèves de renoncer aux classes de religion car ils ne disposent pas de salles libres. Par conséquent, ces enfants restent dans leur salle de classe même s'ils ne suivent pas le cours de religion. Dans d'autres cas, les élèves en question se rendent à la bibliothèque ou à l'école après l'école ».
En même temps, les profs et les représentants des inspections scolaires reconnaissent le droit des parents et des enfants de ne pas participer aux cours de religion, bien qu'aux termes de la loi roumaine de l'enseignement, cette discipline ne soit pas optionnelle.
Mihaela Ghiţiu enseigne la religion au lycée Ion Neculce de Bucarest: « La religion fait partie des disciplines obligatoires. Pourtant, certains profitent du fait que l'on a permis aux élèves d'autre confession de ne pas participer à ces classes. Ils peuvent étudier leur propre religion, là où c'est possible. Et il existe en fait des curricula spécifiques à chaque culte, avisés par le ministère de l'Education. Certes, les parents qui ne souhaitent pas que leur enfant suive un cours de religion ont la liberté d'y renoncer, invoquant la liberté religieuse, car la loi de l'enseignement est en accord avec la Constitution de la Roumanie. Cela n’a pas d’incidence sur leur moyenne semestrielle ».
Par exemple, les élèves catholiques ou musulmans peuvent ne pas fréquenter les classes de religion si le culte enseigné dans leur école est orthodoxe. S'ils ne peuvent pas aller ailleurs ou suivre un autre cours, ils restent dans leur salle de classe sans participer aux débats.
Mihaela Ghiţiu: « J'ai un élève musulman dans ma classe. Rien ne l'empêche de nous parler de sa religion au moment où nous nous penchons sur ce sujet. Il n'a pas renoncé au cours même s'il étudie ailleurs sa propre religion étant noté par un autre prof ».
Mais c'est justement pour éviter ce type de situations que l'Association Séculière Humaniste propose que la classe de religion soit tenue au début ou à la fin de la journée. Ainsi, les enfants qui ne suivent pas le cours peuvent arriver plus tard à l'école ou rentrer plus tôt chez eux et ils ne doivent plus être surveillés.
Une idée soutenue par les familles, selon Mihaela Gună, présidente de la Fédération des Associations des parents d’élèves : « Je pense que c'est correct, parce que souvent les parents ne retirent pas leurs enfants des classes de religion uniquement parce qu'ils restent seuls pendant une heure. Par ailleurs, c'est plus normal d'avoir un emploi du temps qui leur permette de suivre un cours optionnel ».
A la place d’un cours optionnel, l’ASHR propose qu’en tant que discipline, la religion soit remplacée par l’histoire des religions, pour familiariser, justement, les élèves avec la diversité des croyances.
Mihaela Gună soutient cette initiative, estimant que de cette façon on éviterait d’enseigner aux enfants des aspects pouvant les choquer à leur âge : « A mon avis, ce serait beaucoup plus intéressant pour les enfants de leur faire connaître l’histoire des religions, par exemple, au lieu de leur présenter les rituels entourant la mort ou de les obliger à se rendre à l’église. J’aimerais qu’on leur offre la possibilité d’apprendre davantage de choses sur la religion, au lieu de privilégier les dogmes. Beaucoup d’enfants ont peur que Dieu va les punir s’ils ne font pas ou ne disent pas certaines choses. Or, à mon avis, la religion doit être envisagée d’une tout autre manière ».
Tout en soulignant le fait que des éléments d’histoire des religions sont enseignés aussi bien pendant le cours d’histoire générale que pendant celui de religion, le professeur Mihaela Ghiţiu précise : « La religion propose des valeurs et développe des vertus, elle oriente les enfants vers la communion avec leurs semblables. Par ailleurs, il est impossible d’aborder les vertus, sans parler des péchés qui leur sont opposés. L’ASHR estime qu’il ne faut pas parler de punitions, de l’enfer ou de la mort. La mort, on doit la bannir de la société, on ne doit pas savoir qu’elle n’existe. Pourtant, dans les familles traditionnelles, lorsque les grands-parents étaient sur le point de trépasser, on emmenait les enfants auprès d’eux pour qu’ils leur demandent pardon. C’est quelque chose qui fait partie du cours naturel de l’existence. Les parents peuvent parler de manière très délicate à leurs enfants de ces aspects auxquels, de toute façon, ils seront confrontés, tôt ou tard, dans la famille ».
Quelles que soient les raisons pour ou contre l’enseignement de la religion dans le système laïc et public d’éducation, le débat gagne en ampleur. La preuve : une récente initiative parlementaire visant à remplacer le cours de religion par un cours d’éthique et de culture civique. (trad. : Valentina Beleavski, Dominique)
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