Les Roumains ont élu leurs nouveaux maires, dans des conditions sans précédent, visant à prévenir la propagation du nouveau coronavirus.
Des règles strictes de protection sanitaire, telles que le port de masques, la désinfection des mains à l’entrée et à la sortie du bureau de vote ainsi que le maintien d’une distance physique d’au moins un mètre ont accompagné, pour la première fois, l’exercice électoral de dimanche, qui a eu lieu en Roumanie. Le COVID-19 avait déjà modifié le calendrier des élections locales, initialement prévues en juin et reportées en raison de la pandémie. Tous les élus - maires, chefs de conseils départementaux, conseillers locaux et départementaux - ont vu leurs mandats prolongés de six mois, ce qui a également alimenté l’impatience de l’électorat de renouveler ses administrations.
41 postes de présidents de conseils départementaux étaient à briguer, plus de 1 300 de conseillers départementaux, 40 000 de conseillers locaux et environ 3 200 de maires. Le taux de participation a été de 46% à l’échelle nationale, c’est-à-dire, notent les sociologues, seulement deux pour cent de moins que lors des élections locales précédentes, lorsque les gens n’avaient pas à surmonter leur peur du virus. L’appétit le plus faible pour le vote a été enregistré à Bucarest, seulement 37%, un taux pourtant supérieur à celui d’il y a quatre ans. Bucarest représente un dixième de l’ensemble de l’électorat roumain, et, à l’exception du président de la Roumanie, son maire est l’homme politique investi avec le plus grand nombre de voix. La capitale est la ville la plus riche du pays, avec des indicateurs économiques et sociaux supérieurs à la moyenne de l’Union européenne, et avec la démographie la plus dynamique. C’est pourquoi les fonctions de maire général constituent un trophée convoité par tous les partis.
Le nouveau maire est le mathématicien et activiste civique Nicuşor Dan. Son organisation non gouvernementale, l’Union Sauvez Bucarest, a donné naissance à l’Union Sauvez la Roumanie (USR), actuellement la troisième force au Parlement. Ultérieurement, pour des raisons idéologiques, Nicuşor Dan allait se séparer du parti qu’il avait fondé, mais sa candidature a été soutenue tant par ce parti que par le Parti national libéral (PNL), au pouvoir. Perdant en 2016, Nicuşor Dan a maintenant compensé par une victoire avec un score confortable devant la maire sociale-démocrate Gabriela Firea. Ancienne vedette, très visible d’une chaîne de télévision de gauche, elle est devenue, il y a quatre ans, la première femme et aussi le premier membre du Parti social-démocrate à être maire générale de la capitale roumaine. Candidate à sa propre succession et soutenue par le parti parlementaire le plus important de l’opposition, la maire a fait campagne avec le handicap d’une inévitable usure du pouvoir ainsi qu’avec un palmarès plutôt modeste. Bucarest est une ville suffoquée par la pollution, paralysée par le trafic très engorgé, avec une société de chauffage urbain en faillite et des infrastructures encore déficientes.
Dans le sillage de Gabriela Firea, le PSD s’était également adjugé voici quatre ans les six mairies d’arrondissement. Cette fois-ci, les candidats de gauche ont dû partager leurs secteurs avec ceux soutenus par le PNL et l’USR (de droite). Des scores serrés entre les deux principales forces politiques ont également été enregistrés à la tête des conseils départementaux. Les sociaux-démocrates ont gardé beaucoup de leurs fiefs dans le sud et l’est du pays, alors que les libéraux ont conservé ceux de l’ouest. L’Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR) reste première dans le centre, la seule région avec une population magyare majoritaire. Votée par un tiers des Bucarestois, c’est-à-dire à égalité avec le PSD et presque le double du nombre de voix du PNL, l’USR a également remporté, en première, plusieurs chefs-lieux de départements : Timisoara (ouest), Brasov (centre) et Bacau (est).
Ridicule pour beaucoup, l’ambition déclarée de l’ancien président Traian Basescu de revenir, à près de 70 ans, à la mairie de la capitale, qu’il avait dirigée il y a vingt ans, s’est avérée une stratégie gagnante pour son parti, le Parti du mouvement populaire (PMP), qu’il a hissé à Bucarest au-dessus du seuil électoral de 5%. Selon les commentateurs, tous ces chiffres constituent un point de départ pour les stratégies que les partis élaboreront en vue des élections législatives prévues en décembre prochain. (Trad. : Ligia Mihaiescu)
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