A Bucarest, la confusion se creuse sur la scène politique.
La Cour constitutionnelle de Roumanie est un arbitre que la classe politique locale n'aime pas, mais dont les décisions sont implacables. Lundi, les juges constitutionnels ont constaté l'existence d'un conflit juridique entre le chef de l'Etat, Klaus Iohannis, et le Parlement au sujet de la désignation du leader du Parti national libéral, Ludovic Orban, au poste de premier ministre. Dans la saisine formulée auprès de la Cour, les présidents des deux Chambres du Parlement contestaient le choix du chef de l'Etat de charger de la formation d'un nouveau gouvernement le premier ministre récemment démis par motion de censure, une décision qui serait contraire à la volonté du Législatif.
Le président de la Cour constitutionnelle, l'ancien homme politique social-démocrate Valer Dorneanu, a précisé que son institution avait pris en compte d'autres raison de décider ainsi: « Je ne sais pas comment est-on arrivé à comprendre notre décision dans le sens que le président ne pouvait pas désigner le premier ministre Orban. Ce que nous avons reproché, dans le sens de l'existence du conflit, a été le fait que la personne nommée, et je ne me réfère pas expressément à Ludovic Orban, le candidat proposé donc, compte tenu de l'évolution des événements, semble ne pas avoir été proposé pour former, pour coaguler un gouvernement, mais qu'il a été proposé, selon les déclarations du candidat lui-même, pour échouer. »
Le plan du PNL, donné favori par les sondages sur les intentions de vote, était de réussir à faire rejeter deux gouvernements dans un délai de 60 jours, afin de permettre la dissolution du Parlement et la convocation d'élections anticipées. Partisan déclaré d'un tel scénario, le président roumain, Klaus Iohannis, s'est abstenu de commenter la décision de la Cour constitutionnelle, choisissant de critiquer sévèrement ce qu'il a appelé l'antijeu du Parti social-démocrate (PSD): « La solution la plus légitime est de se remettre au vote des citoyens et de créer une nouvelle majorité parlementaire, en mesure de soutenir un gouvernement stable. Nous ne pouvons pas continuer avec des situations de blocage permanent, avec des gouvernements démis chaque trimestre. Ce que l'on constate c'est que le PSD a peur de se tourner vers le peuple et que, bien qu'il ait échoué de gouverner pendant trois ans, il cherche maintenant à empêcher de faire leur travail ceux qui ont prouvé vouloir et savoir ce qu'il faut faire en Roumanie. » Le chef de l'Etat reconnaît que les chances de convoquer des élections législatives anticipées ont chuté à moins de 50%.
Selon les experts, le 21 juin serait la date limite pour organiser un tel scrutin, puisqu'au-delà de cette date, le Législatif actuel entamera les derniers six mois de son mandat et ne pourra plus être dissout. Pendant les trente ans de démocratie post-communiste, un scrutin législatif anticipé n'a jamais été convoqué, quel que fût le degré d'instabilité de la scène politique. Du point de vue des commentateurs, cette fois encore, la peur de certains partis de ne pas atteindre le seuil électoral de 5%, conjuguée avec la peur de plusieurs élus de se retrouver sans mandat et donc sans les privilèges qui en découlent, pèseront très probablement sur l'évolution de la situation. (Trad. : Ileana Ţăroi)
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