La pandémie de coronavirus, toujours dans l'actualité./ Où se dirige l'économie roumaine?/ Le verdict de l'agence Standard&Poor's
La pandémie de coronavirus, toujours dans l'actualité
Cette semaine, en Roumanie, le nombre des infections au nouveau coronavirus a dépassé le seuil de 21.000, dont 1400 décès recensés depuis le début de la pandémie. Après deux mois d'état d'urgence et un mois d'état d'alerte, le chef de l'Etat et le gouvernement souhaitent garder plusieurs restrictions. Toutefois, vu que l'ensemble de la classe politique ne partage pas cet avis, le vote sur le prolongement de l'état d'alerte a été reporté à la semaine prochaine. L'annonce a été faite par le premier ministre libéral Ludovic Orban, qui a précisé que ce prolongement n'avait pas de caractère politique, l'état d'alerte étant absolument nécessaire pour la santé et la vie des Roumains.
Ceci dit, ce sera à partir du 15 juin que les galeries marchandes et d'autres espaces commerciaux pourront rouvrir leurs portes, à l'exception des restaurants, cafés, aires de jeux pour enfants et salles de cinéma se trouvant à l'intérieur de ces galeries. Les traitements balnéaires seront également repris, la Loterie Roumaine rouvrira ses bureaux, tout comme les salles de jeux de fortune et les agences de paris sportifs. L'accès aux piscines extérieures sera autorisé et le nombre des personnes qui pourront pratiquer des activités récréatives en plein air augmentera de 3 à 6. Par ailleurs, les autorités supprimeront le soutien financier accordé aux parents obligés de garder leurs enfants en raison de la fermeture des écoles et des maternelles. En revanche, les maternelles et les after-schools privés, qui fonctionnaient normalement pendant l'été, pourront rouvrir, mais en respectant des conditions « extrêmement strictes », a précisé le premier ministre.
En ce qui concerne les personnes qui rentrent de l'étranger, tout le monde ne sera pas tenu de s'isoler à domicile pendant 14 jours après l'arrivée Roumanie. A partir de la semaine prochaine, la décision concernant leur confinement sera prise en fonction du niveau de transmission du coronavirus dans le pays de provenance. En suivant des recommandations européennes, l'Institut national de santé publique accordera un indicateur au niveau de transmission, fondé sur le nombre d'infections enregistré dans le pays en question les derniers 14 jours. Les personnes qui rentrent des pays avec un indicateur inférieur à 5 feront exception à la norme de la quatorzaine. Il s'agira donc de pays où le virus n'est pas très répandu, comme l'Autriche par exemple, la Bulgarie, la Grèce. De même, le trafic aérien vers et depuis ces pays moins touchés par le virus sera repris.
Toutefois, pour prolonger l'état d'alerte, il est nécessaire d'avoir le vote favorable du Législatif. Depuis l'opposition, le PSD, le parti le plus représenté au Parlement de Bucarest, estime qu'il faudrait maintenir juste quelques mesures de prévention et refuse déjà de voter en faveur d'un nouvel état d'alerte de 30 jours. Qui plus est, les sociaux-démocrates posent des conditions en échange de leur vote : rouvrir les hôpitaux de maladies chroniques et les hôpitaux réservés ces derniers mois au traitement de la Covid-19 et qui n'ont pas eu un seul patient durant le dernier mois, reprendre les acquisitions publiques via des appels d'offres ou encore renoncer aux embauches faites par dérogation à la loi. Parmi les mesures que le PSD voudrait garder en place figurent l'obligation de porter un masque de protection dans les espaces clos, la limitation du nombre de personnes participant à différents événements ou encore la distanciation physique. De son côté, l'Union Sauvez la Roumanie, 3e parti politique de Roumanie, se dit favorable à un prolongement de 15 jours de l'état d'alerte, mais uniquement dans les villes où il existe toujours des foyers d'infection.
Sur cette toile de fond, le président Klaus Iohannis a lancé un nouvel appel aux parlementaires, leur demandant de comprendre le fait que le Gouvernement ne peut pas tenir sous contrôle la crise sanitaire s'il ne dispose pas des instruments nécessaires en ce sens.
Où se dirige l'économie roumaine?
Bien que la première vague de pandémie ne soit pas encore terminée, certaines voix de l'échiquier politique roumain invoquent déjà le risque d'une deuxième vague pandémique. Un scénario qui mécontente profondément tous ceux qui critiquent l'absence de mesures de relance économique. A l'heure où l'on parle, les Roumains attendent un plan de croissance que le gouvernement libéral de Ludovic Orban a promis de mettre en place à partir du 15 juin. Selon l'opposition sociale- démocrate, le chômage touche actuellement des centaines de milliers de Roumains, tandis que le déficit commercial s'est majoré de 21% par rapport à la même période de l'année dernière. Dans ce contexte, le seul programme lancé par le Cabinet Orban est celui destiné aux PME, affirme le PSD, tout en rappelant que les résultats d'IMM Invest sont pratiquement insaisissables : le gouvernement a injecté dans l'économie 2,7 milliards de lei, soit 540 millions d'euros, pour garantir un total de 3400 crédits. Autrement dit, accusent les sociaux- démocrates, l'aide publique n'est que de 0,25% du PIB et ne vise que 0,67% des PME roumaines. En réplique, le cabinet Orban affirme qu'un nouveau plan sera lancé bientôt à l'intention, cette fois-ci, des grandes entreprises. Le schéma de soutien financier sera mis en place d'ici deux semaines, une fois obtenu le feu vert de la Commission européenne. Aux dires de l'Exécutif, ces deux programmes offriront la possibilité à toutes les sociétés de Roumanie d'obtenir des crédits de financement. Dans un message adressé à l'occasion de la Journée de l'Entrepreneur, le premier ministre Ludovic Orban a déclaré que son gouvernement se ferait une priorité d'encourager les investissements et le capital autochtone. L'Exécutif fera de son mieux pour contribuer au bon fonctionnement des institutions responsables d'assurer un marché libre et correct, au bénéfice des compagnies actives sur le marché roumain.
Le verdict de l'agence Standard&Poor's
L'agence de notation Standard&Poor's a maintenu la note de la Roumanie à BBB -, tout comme la perspective négative sur l'économie roumaine. Cela veut dire que le pays a échappé au risque de se voir rétrgrader dans la catégorie Junk, Pourrie, ce qui aurait poussé les investisseurs à l'éviter. Selon l'agence mentionnée, malgré une une avancée de 3,5% prévue dans un premier temps, l'économie roumaine finira par connaître une contraction de 5,5% d'ici la fin de l'année. Aux dires du ministre des Finances, Florin Cîţu, les mesures adoptées par le gouvernement libéral de Ludovic Orban en plein contexte pandémique ont été correctes. Les libéraux rejettent les accusations de l'opposition sociale-démocrate dont les mesures populistes adoptées par le Parlement risquent de placer le pays en risque de faillite. En revanche, le PSD affirme que c'est grâce à l'efficacité de sa gouvernance jusqu'en novembre dernier que Standard&Poor's n'a pas rétrogradé la note de la Roumanie. En fait, dit-il, le gouvernement libéral a choisi de dissimuler son incompétence en s'engageant, dans une lettre, à l'austérité. Selon le Cabinet Orban, les pensions de retraite pourraient augmenter cet automne de 10% tout au plus et non pas de 40%, comme prévoit la loi. (Trad. Valentina Beleavski, Ioana Stancescu)
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