Le film « Le Prof » raconte l'histoire de Dorin Ioniță, un professeur de la ville de Bistrița qui démissionne du système d'enseignement traditionnel pour ouvrir dans son appartement un cabinet de mathématiques privé.
Son plus grand rêve, c'est de créer une école qui ne se plie pas au système éducatif conventionnel, un lieu affranchi de la tyrannie des méthodes d'enseignement ordinaires.
« Le Prof» a remporté, en 2019, le prix du meilleur documentaire d'Europe centrale et orientale dans la section Between the Seas du Festival international du film documentaire de Jihlava (République tchèque). La même année, il décrochait le prix du meilleur film au Festival Astra de Sibiu. La première du film, prévue initialement pour mai 2020, a été reportée en raison de la pandémie. Juste avant sa première diffusion en Roumanie, il a bénéficié de quelques projections en salle au Centre tchèque de New York, lors de la troisième édition du showcase « Jihlava International Documentary Festival» et au Festival international de film Transilvania (TIFF). Dans ce dernier cas, les projections se sont déroulées à guichets fermés. Les spectateurs ont eu la chance de rencontrer le professeur charismatique lors des sessions de questions-réponses.
Alex Brendea a évoqué l'ambiance qui a régné pendant la diffusion du film en première à Bistrita, la ville du « professeur»: « C'était bien parce que, du moins à Cluj et à Bistrita, j'étais sur mon propre terrain, pour ainsi dire. Dans un premier temps, on avait prévu deux projections au cinéma de Bistrita, mais finalement il y en a eu plusieurs. Par exemple, un jour, on en est arrivé à trois au lieu de deux. A la demande du public, les gérants des cinémas ont décidé d'offrir trois jours de projections supplémentaires. J'ai été très agréablement surpris, car le film est passé en salles dans les deux cinémas de Bistrita et beaucoup de gens sont allés le voir. Ce qui m'a rendu très heureux, c'est que de nombreux enseignants voulaient le visionner avec leurs élèves. J'ai apprécié cette initiative d'autant plus qu'il s'agit d'un documentaire, donc d'un genre cinématographique de niche. Il semble, cependant, que dans le cas de ce documentaire, le public a beaucoup apprécié aussi bien le personnage que le sujet. L'éducation et le fonctionnement du système éducatif en Roumanie suscitent bien des débats, actuellement. Des débats qui font émerger les mécontentements des parents concernant le mauvais fonctionnement de pas mal de choses. Plusieurs d'entre eux sont venus me voir après la projection du film. Ils aimeraient qu'il y ait davantage d'enseignants comme Dorin Ioniță. J'ai aussi rencontré des professeurs qui, après le film, m'ont parlé de leurs projets éducatifs innovants ou originaux. Ils ont rappelé les obstacles auxquels ils se heurtent, dont la bureaucratie ou le manque d'intérêt. Une professeure de géographie souhaiterait créer une plate-forme virtuelle permettant d'expliquer aux élèves les formes de relief à l'aide de la graphique 3D. Je trouve que c'est une très bonne idée. A Cluj, un professeur m'a dit que j'avais réussi, à travers ce documentaire, à apporter une sorte d'alternative au système éducatif actuel. Il était content de l'avoir visionné. Le film lui avait plu et l'avait inspiré. Mon but c'était, tout d'abord, de tirer la sonnette d'alarme et d'essayer d'inciter d'autres enseignants à accomplir leur rêve ou à faire quelque chose de bon pour les enfants.»
Fort d'une riche expérience de directeur de la photographie, Alex Brendea considère que le documentaire offre plus de liberté que le film de fiction. « Le documentaire a besoin de cette liberté, car il n'y a pas de scénario derrière. C'est pourquoi on ignore quels seront le cadre, l'image ou la lumière de la séquence suivante. C'est un véritable défi, car il faut vite trouver des solutions et réagir. Le documentaire vous sollicite davantage pendant le tournage, mais, comparé au film de fiction, il ne nécessite pas beaucoup de préparatifs. Dans le cas de la fiction, tous les efforts pour trouver le meilleur cadre et la meilleure lumière sont fournis avant, ce qui facilite le tournage, alors que dans le documentaire il faut être beaucoup plus libre pour trouver des solutions sur place.»
L'un des prix décernés au documentaire « Le Prof » a été celui du meilleur documentaire d'Europe centrale et orientale dans la section Between the Seas du Festival international du film documentaire de Jihlava. Voici la motivation du jury : « C'est un film important, à voir partout dans le monde. Un professeur de mathématiques travaille en marge d'un système éducatif défaillant, devenant le mentor d'un groupe d'élèves. Grâce à son dévouement à l'éducation, ces jeunes apprennent la leçon la plus importante dans la vie : il faut « tomber tragiquement amoureux de ce que l'on fait ». Le fait de célébrer le non conventionnel, d'embrasser le désordre, l'imagination et la passion pour l'éducation, voilà les raisons pour lesquelles le prix Between the Seas revient au documentaire "Le Prof" ».