... le premier et le seul magasin de Bucarest où les clients peuvent faire leurs courses en éliminant le plastique à usage unique
En 2020, quand la pandémie s'emparait du monde, imposant un nouveau style de vie, un premier magasin écologique du type « zéro déchet » ouvrait ses portes à Bucarest, grâce aux efforts consentis par Ana Maria Răducanu, adepte d'un style de vie durable. « En 2018, je suis rentrée en Roumanie après plusieurs années passées dans des villages écologiques de l'étranger, où j'ai vécu au sein des communautés internationales adeptes d'un style de vie durable, proche de la nature. Sauf que de retour en Roumanie, je me suis retrouvée dans l'impossibilité de faire des courses sans générer un tas de plastique et de déchets. Il me fut d'autant plus difficile d'accepter ce style de vie, car je savais que l'on pouvait faire autrement. Du coup, en octobre 2018, j'ai décidé de créer cet espace "objectif déchets zéro", notamment pour satisfaire à un besoin personnel. Quatre années plus tard, il continue d'être le seul endroit de Bucarest où l'on peut faire ses courses en limitant l'usage du plastique ou le gaspillage. »
Et comme pour l'instant il n'y qu'un seul magasin de ce type à Bucarest, on se demande si les clients encouragent ce type d'approche et comment ils doivent s'y prendre pour faire leurs courses. Ana Maria Răducanu : « Le magasin de type zéro déchet est un endroit où l'on peut faire nos courses, éliminant le plastique à usage unique. C'est aussi un endroit qui encourage l'économie circulaire. Au lieu d'acheter des emballages en plastique, le client apporte ses propres récipients. Par exemple des pots, des sachets, des sacs réutilisables. Les produits sont disponibles en vrac ou dans des emballages recyclables. Je pense, par exemple, à tous ces bocaux que l'on collecte pour les envoyer par la suite au producteur afin qu'il les remplisse. Ou encore aux emballages biodégradables que l'on transforme en compost. En fait, de tout ce qui part d'ici, rien ne se perd. »
Même si dernièrement, de plus en plus de Roumains se disent en faveur d'un style de vie durable et proche de la nature, privilégiant l'alimentation bio et condamnant l'utilisation du plastique, leur nombre est loin de faire la majorité. Alors, qui sont ceux qui font leurs courses dans un magasin sans déchets ? Ana Maria Răducanu explique : « Les premières personnes qui ont franchi le seuil du magasin avaient hâte de découvrir un tel endroit, on l'a senti tout de suite à leur manière de s'y prendre. Une fois à l'intérieur, elles respiraient soulagées, contentes de se retrouver dans un endroit où personne ne les regardait de travers quand elles utilisaient leurs propres sacs à la place de ceux fournis par le magasin. Cette petite communauté existait déjà, elle avait déjà embrassé ce style de vie, sans avoir à sa disposition un endroit où elle puisse faire ses courses selon ses propres exigences. Ensuite, il y a les curieux, ceux qui nous rendent visite pour voir à quoi rime un tel magasin. Depuis son ouverture, je constate qu'on a un groupe de clients fidèles, toujours aussi nombreux, auquel d'autres curieux s'ajoutent petit à petit. Les gens qui nous rendent visite sont ouverts d'esprit et affirment avoir déjà entendu parler de notre commerce, sans avoir eu le temps de venir voir de leurs propres yeux. Personnellement, je pense qu'on n'a pas encore la conscience du nombre réel de personnes intéressées par l'écologie et qu'en réalité, elles sont plus nombreuses que l'on ne pense. Les gens ont besoin d'un endroit comme celui dont on parle qui fonctionne comme une plate-forme d'interconnexion. Les moments quand les clients se croisent à l'intérieur du magasin et ils remarquent avoir les mêmes intérêts, ils font des projets communs ou échangent des astuces par rapport aux enfants, ces moments-là sont magiques. »
Commerce solitaire dans le paysage bucarestois, le magasin qui évite la production de déchets attire une clientèle de niche prête à débourser plus pour faire des courses respectueuses envers l'environnement. D'ailleurs, on ne saurait se déclarer surpris d'apprendre que souvent, c'est justement le prix élevé qui décourage les clients à acheter bio. Pourtant, pour les adeptes d'un style de vie « zéro gaspillage », les bénéfices à long terme sont beaucoup plus importants que les économies dans l'immédiat. Ana-Maria Răducanu : « Les prix de nos produits approchent les prix réels. Bien sûr qu'un produit qu'on achète dans un supermarché bénéficiant d'une chaîne massive de distribution et de ressources importantes aura un prix inférieur à celui affiché dans notre magasin. Nous, on ne se permet pas d'acheter 5 tonnes de pois chiches pour pouvoir obtenir un prix compétitif. Toutefois, il faudrait au moins se demander comment cela se fait que certains produits sont si bon marché, quel serait leur prix réel et qui en assume une partie. A l'heure où l'on parle, l'économie de marché est plutôt low cost, puisqu'on ne paie pas le prix qui sera finalement assumé par les générations futures. Je pense au prix de l'impact environnemental qui n'est pas pris en compte dans le calcul du tarif des produits bon marché auxquels on a accès actuellement. L'addition sera donc réglée par les générations futures qui resteront dépourvues de ressources, puisque les eaux seront impures et l'air très pollué. Elles auront du mal à avoir leur propre potager, par exemple, or c'est de ce point de vue que finalement, le prix que nous, on paie aujourd'hui, est très élevé. Il est élevé si on pense à nos enfants et petits-enfants. »
Le magasin « zéro déchet » de Bucarest permet aux clients de faire leurs courses en vrac pour s'acheter notamment des aliments de base tels de la farine, du riz, des épices, différents types d'huile, du thé ou du chocolat sans trop de sucre ajouté. Et aussi des produits de beauté et d'hygiène, tout comme des produits de nettoyage à faible impact sur l'environnement. (Trad. Ioana Stancescu)
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