Un des premiers scientifiques roumains devenus partisans du régime instauré à la faveur de l'occupation de la Roumanie par l'Armée rouge.
Né le 15 octobre 1874 dans la ville de Câmpulung Muscel, située dans le département d'Argeş, Constantin Ion Parhon obtient un doctorat en médecine à l'Université de Bucarest en 1900. Débutant sa carrière de médecin dans de petites villes de province, il suit des cours de perfectionnement à Munich, en Allemagne, en 1906, se spécialisant dans les maladies du système nerveux, pour s'établir ensuite dans la ville de Iaşi, capitale historique de la Moldavie, où il dirige la chaire de neurologie et de psychiatrie de la Faculté de médecine de la ville.
En parallèle, il démarre son cours d'endocrinologie à la Faculté de médecine de Bucarest, après avoir cosigné, avec Moise Goldstein, le premier traité d'endocrinologie, « Les sécrétions internes ; pathologie et physiologie », paru en 1909 à Paris. En 1928, C.I. Parhon devient membre correspondant de l'Académie roumaine, pour en devenir membre titulaire en 1939. En cette période de l'entre-deux-guerres, il rejoint le mouvement de promotion de l'eugénisme, enclin semble-t-il à promouvoir le déroulement d'expériences scientifiques sur des sujets malades mentaux. Mais le personnage gagnera en notoriété seulement après l'instauration du régime communiste, Constantin I. Parhon étant un des premiers scientifiques roumains devenus partisans du régime instauré à la faveur de l'occupation de la Roumanie par l'Armée rouge. En effet, depuis l'instauration du premier gouvernement communiste le 6 mars 1945, ces derniers n'ont de cesse de saper les fondements de l'État et de la démocratie roumaine. Leur mainmise devient totale avec l'abdication imposée au roi Michel Ier et l'instauration de la république populaire, le 30 décembre 1947.
C'est dans ce contexte particulier que l'étoile politique du professeur de médecine est au zénith. C. I. Parhon sera ainsi élu président de la nouvellement constituée Assemblée nationale, dominée par les communistes et instaurée juste après le changement de régime qui avait transformé le royaume de Roumanie en république. C'est lui qui, du haut de la tribune de l'Assemblée nationale, donne lecture à la proclamation de la république, lors des Vœux du Nouvel An 1948.
Voici l'allocution tenue par C.I. Parhon à cette occasion : « Ce n'est qu'aujourd'hui que le peuple roumain recouvre véritablement sa liberté. La liberté de pouvoir choisir sa propre formule d'État, la seule qui corresponde à ses souhaits profonds : la république populaire. Le régime démocratique, instauré après que les meilleurs fils de notre peuple avaient chassé les nazis et leurs caciques locaux, devient ainsi plus fort, plus solide, par l'effort conjugué et acharné des meilleurs d'entre nous. Nulle barrière ne s'oppose dorénavant au développement plénier de notre démocratie populaire, seule forme d'organisation qui puisse assurer le bien-être matériel et spirituel de tous les travailleurs manuels et intellectuels, des habitants des villes et des villages, seul véritable garant de notre indépendance et de notre souveraineté nationale. »
Le sacre politique de Constantin I. Parhon n'avait cependant été que le résultat d'un long cheminement, entamé avant la Première guerre mondiale. En effet, c'est en cette période que, sous l'influence des ouvrages de Karl Marx, le jeune scientifique adhère au mouvement socialiste, fondant même un parti, le Parti ouvrier, qui fusionnera avec le Parti paysan en 1919, juste à l'issue de la Grande Guerre. Deux années plus tard, en 1921, les positions politiques de C. I. Parhon deviennent encore plus radicales, et il adhère au Parti communiste, membre de l'Internationale communiste.
Le renversement, le 23 août 1944, du régime fasciste d'Ion Antonescu et l'occupation de la Roumanie par l'Armée rouge, qui s'ensuit, ouvre un boulevard aux ambitions politiques de C. I. Parhon. Elu président de l'association roumaine pour le resserrement des liens avec l'Union soviétique, il grimpe rapidement les échelons, pour devenir président du Présidium provisoire de l'Assemblée nationale de la république populaire de Roumanie, entre le 30 décembre 1947 et le 13 avril 1948, où il rejoint l'écrivain Mihail Sadoveanu et trois activistes communistes. Il est ensuite nommé président du Présidium de l'Assemblée nationale, du 13 avril 1948 au 12 juin 1952, fonction qui lui confèrent de facto la qualité de chef de l'État, alors que le vrai pouvoir est exercé par les dirigeants du Parti communiste.
En cette période, C. I. Parhon est reçu membre des Académies de sciences de l'URSS, de la Bulgarie, de la Hongrie et de la RDA, et devient docteur honoris causa de l'Université Caroline de Prague en 1948. C.I. Parhon cumule les charges politiques, administratives et scientifiques, devenant également directeur de l'Institut d'endocrinologie et de l'Institut de gériatrie de Bucarest. Il se voit aussi décerner les plus hautes distinctions de l'État communiste, soit le titre de « héros du travail socialiste » et le prix d'État. Il démissionne de ses fonctions politiques en juin 1952 pour dédier le reste de sa vie à la recherche scientifique.
Constantin Ion Parhon s'éteint le 9 août 1969, à 94 ans, et sera inhumé dans la salle circulaire du « Monument des héros pour la liberté du peuple et de la mère-patrie, pour le socialisme », titulature du panthéon communiste érigé dans le parc Carol, à Bucarest.
Ștefan Bârlea, ancien activiste communiste, se souvenait en 2002, au micro du Centre d'histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, des obsèques de C. I. Parhon, qui se télescopaient de manière malencontreuse avec les travaux du dixième congrès du Parti communiste roumain : « Il se posait en ce moment la question de l'emplacement de sa tombe. Alors, Ceauşescu, le secrétaire-général du parti, intervient d'autorité et nous enjoint de l'enterrer au panthéon, en tant qu'ancien chef de l'État. L'ancien secrétaire-général du parti, Gheorhiu-Dej, décédé en 1965, y était déjà. Et pendant que Ceauşescu essaye de trouver une place convenable à l'intérieur du panthéon pour la dépouille de Parhon, Ion Gheorghe Maurer, premier-ministre à l'époque, fronce les sourcils et intervient, soucieux qu'on lui préserve, à lui aussi, une bonne place à l'intérieur du monument. Ceauşescu se tourne alors, lui tape l'épaule et le tance : « Pourvu qu'on y soit ». »
Après le changement de régime de 1989, le panthéon communiste du parc Carol fut désaffecté, et les dépouilles des anciens dirigeants communistes relogées dans divers cimetières, reposant dorénavant sous des monuments dépourvus du faste d'antan. (Trad. Ionuţ Jugureanu)
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