Le gouvernement de gauche de Bucarest enregistre encore un départ.
Depuis jeudi, le portefeuille de l’Education est devenu vacant au gouvernement formé du Parti social-démocrate et de l’Alliance des libéraux et des démocrates. Le ministre Valentin Popa a démissionné, son nom étant déjà pressenti dans l’éventualité d’un remaniement gouvernemental qui pourrait avoir lieu le mois prochain. Ingénieur, universitaire, président de l’Université de Suceava (nord-est), il avait été nommé en début d’année, au moment de l’investiture du cabinet de sa collègue sociale-démocrate Viorica Dăncilă.
C’est le deuxième ministre qui démissionne après que, le 31 août, le ministre de la Recherche, Nicolae Burnete, annonçait discrètement son départ, sans donner de détails sur ses motifs. Selon les spéculations de la presse, ce dernier était mécontent des fonds insuffisants alloués à son secteur et il aurait été lui-même visé par un remaniement potentiel. Par contre, la démission de M Popa a provoqué des rumeurs.
En Transylvanie, où vit la plus grande partie de la communauté magyare, forte de 1,2 millions de personnes, les instituteurs de cette ethnie étaient entrés en grève à la japonaise. Ils avaient annoncé leur décision de continuer à protester jusqu’à ce que l’ordonnance du gouvernement disposant que pour les élèves de primaire de l’enseignement dispensé en hongrois, la classe de roumain soit effectuée par des professeurs de roumain. Le leader de l’Union démocrate magyare de Roumanie, Kelemen Hunor, a inclus ce thème à l’agenda de la principale formation politique de la communauté et a exigé la révocation de Valentin Popa.
A défaut, a-t-il averti, le protocole de collaboration parlementaire entre l’Union et la majorité PSD – ALDE restait suspendu. « La langue roumaine et la Roumanie ne sont pas négociables » - a répliqué Popa, qui déclare avoir quitté ses fonctions justement parce qu’il n’était pas d’accord avec la demande de l’UDMR de modifier l’ordonnance. « La démission est une décision correcte », affirme, quant à lui, Kelemen Hunor, ajoutant que Popa devait assumer les conséquences des mesures qui auraient provoqué de la confusion pour des dizaines de milliers d’élèves, pour les enseignants et les parents. Le président de l’ALDE, Călin Popescu-Tăriceanu, a affirmé ne pas connaître les raisons qui ont conduit à la démission, mais que le leader de l’UDMR lui avait déjà fait part de son mécontentement relatif à l’enseignement de la langue roumaine dans les classes à enseignement dispensé en en langue maternelle.
Le PNL, d’opposition, estime que la démission du ministre n’est pas un geste d’honneur, mais d’impuissance, et que quel que soit son successeur, il aura un lourd héritage à gérer. Les analystes sont d’avis que les dessous de la démission de Popa sont purement arithmétiques. Suite à son poids parlementaire de 6%, l’UDMR a souvent fait partie des cabinets de coalition de Bucarest, de droite comme de gauche, ces 20 dernières années. Et lorsqu’elle n’est pas au gouvernement, l’Union vote généralement avec le pouvoir. Or, pour l’homme fort de la coalition, le leader social-démocrate Liviu Dragnea, les voix des parlementaires magyars pourraient devenir vitales, sur la toile de fond des désertions de plus en plus fréquentes de son propre parti. Et selon les commentateurs, le départ annoncé par Popa à l’issue d’une discussion en tête à tête avec Dragnea n’est pas un hasard non plus. (Trad. Ligia Mihaiescu)
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