Un musée érigé à l'endroit même du chantier archéologique.
Si vous vous laissez tenter par un séjour sur la côte roumaine de la mer Noire, n'hésitez surtout pas à faire un détour au Musée d'archéologie de la ville de Mangalia, située dans la partie sud de notre littoral, près de la frontière bulgare. Sur place, vous trouverez le musée Callatis, abritant une impressionnante collection archéologique. Au mois de juillet, le musée a organisé le vernissage d'une exposition permanente, intitulée « Callatis - patrimoine numismatique ». Une belle occasion s'il en est pour initier les enfants à la confection des pièces de monnaie en terre cuite, dans le cadre des ateliers spécialement organisés à cet effet, tout près du musée.
Une fois passé entre les colonnes grecques qui font office de porte d'entrée du musée, l'émerveillement se fait sentir. Car il s'agit bien de ce que les spécialistes appellent un musée de site, soit un musée érigé à l'endroit même du chantier archéologique.
Nicolae Alexandru, archéologue au musée de Mangalia, nous emmène à travers l'histoire et les collections du musée, découvertes et reconstituées à compter de 1915 dans la ville de Mangalia : « Les fouilles archéologiques entamées en 1915 se poursuivent encore aujourd'hui. Callatis, l'ancien nom de la ville, était à l'origine une colonie grecque de type dorien. C'étaient des colons originaires d'Heraclée Pontique qui commencent à s'établir ici à compter du début du 6e siècle, ou plus tard, au début du 4e siècle avant J.-C. La date exacte des premiers peuplements constitue toujours sujet à débats. Quoi qu'il en soit, au 4e siècle av. J.-C., la ville était en plein essor. Protégée par un mur fortifié, Callatis frappait sa propre monnaie, entretenant des relations commerciales avec les cités situées sur le pourtour de la mer Noire, de la mer Egée et de la Méditerranée. La ville était organisée en démocratie, les citoyens étaient impliqués dans la politique locale, surtout lors des conflits armés contre Lysimaque ou l'Empire byzantin. Callatis s'est ensuite allié à Rome, la preuve de cette alliance est à retrouver dans cette inscription qui fait état d'un traité d'alliance entre les deux cités. Pourtant, et en dépit de ces relations étroites avec Rome, le caractère grec de la ville a été maintenu. Pendant mille ans, la civilisation grecque a fait valoir son identité, sa culture, sa langue et son calendrier. Pendant l'époque romaine, même les institutions grecques traditionnelles avaient réussi à survivre. Le site archéologique recèle en fait un concentré de mille années d'histoire. Les statuettes de style Tanagra, de Béotie, en céramique peinte, étaient soit produites localement, soit importées, représentant aussi bien des personnalités humaines que des divinités. Elles étaient utilisées en offrande sur les tombeaux des ancêtres. »
Nicolae Alexandru, archéologue au Musée d'archéologie de la ville de Callatis, raconte l'attraction exercée sur les visiteurs par les chapiteaux et les statuettes extrêmement bien conservés dans le musée. Le chapiteau de Teodosian, appartenant à une ancienne basilique, est particulièrement bien conservé.
Nicolae Alexandru : « Dans les collections du musée, l'on retrouve des objets de tous les jours, en céramique, depuis des tasses et des plateaux à des objets impressionnants qui ornaient les tombeaux, les édifices publics ou les temples. Callatis était une cité très marquée par la culture agricole, dotée de temples érigés pour des divinités telles Déméter ou Cybèle par exemple, mais aussi aux déités classiques, comme Aphrodite ou Apollon. A part le musée proprement dit, trois autres cités archéologiques, récemment aménagées, ont été ouvertes au public. Dans la partie nord-ouest de la cité, bâtie entre le 2e siècle av. J.-C. et le 2e siècle après J.-C., on retrouve encore la porte d'entrée dans la cité, et une route ancienne, qui allait à Tomis, les deux très bien conservées. Un autre mur d'enceinte, datant cette fois de l'époque romaine tardive, entre le 4e et 6e siècle de notre ère, ainsi qu'une basilique ont aussi été préservés. Enfin, tenez-vous bien, au rez-de-chaussée d'un hôtel moderne vous allez trouver un quartier romano-byzantin très bien conservé. C'est, d'un point de vue chronologique, le site le plus récent. Il s'agissait d'un quartier d'habitations collé au côté sud du mur d'enceinte ».
La richesse archéologique que recèle le musée de Mangalia se traduit dans les notes laissées par les touristes dans le livre d'or du musée, mais aussi dans les autres notes, celles que le musée reçoit sur les sites des agences de voyage. (Trad. Ionut Jugureanu)
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