La patronne des sociaux-démocrates roumains, Viorica Dăncilă, a démissionné de ses fonctions deux jours après sa défaite à l’élection présidentielle.
2019 est une année noire pour le parti qui domine la scène politique post-communiste de Roumanie depuis trente ans. En mai dernier, le Parti social-démocrate (PSD) a subi une défaite sans appel aux élections européennes, lorsqu'il n'a ramassé que la moitié des suffrages enregistrés il y a trois ans, quand les sociaux-démocrates avaient repris les rênes du pouvoir. Au lendemain du scrutin européen du 26 mai dernier, Liviu Dragnea, l'homme fort du parti et de la coalition gouvernementale formée avec l'Alliance des libéraux et des démocrates (ALDE), était condamné et envoyé derrière les barreaux pour corruption. En septembre, les partenaires libéraux-démocrates se sont rangés du côté de l'opposition et le gouvernement de la nouvelle patronne des sociaux-démocrates, Viorica Dăncilă, devenait minoritaire. En octobre, Mme Dăncilă et son équipe ont perdu le pouvoir exécutif, suite à l'adoption, au Parlement, d'une motion de censure introduite par l'opposition libérale, qui fournit le gouvernement actuellement en place à Bucarest. Enfin, la cheffe de la gauche et candidate à l'élection présidentielle, Viorica Dăncilă, a subi une défaite cuisante, au second tour de scrutin de ce dimanche, devant le président sortant, Klaus Iohannis, soutenu, lui, par les libéraux.
La tradition immuable et implacable du PSD, qui, à travers le temps, a dévoré tous ses candidats vaincus à une élection présidentielle - Adrian Năstase, Mircea Geoană, Victor Ponta - a été encore une fois respectée. Les sociaux-démocrates roumains se sont débarrassés du leader qui a enregistré le pire score parmi tous les candidats présidentiables de la gauche depuis trente ans. L'exécution a eu lieu moins de 48 heures après le scrutin. Dans la nuit de mardi à mercredi, Viorica Dăncilă a annoncé qu'elle avait dû démissionner, au bout d'une réunion houleuse du Comité exécutif national tenue, au cours de laquelle tous les vice-présidents avaient présenté leurs démissions, ce qui avait entraîné la dissolution du Bureau permanent national du PSD.
Le président de la Chambre des députés, Marcel Ciolacu, a assumé la direction par intérim, secondé par l'ancien vice-premier ministre Paul Stănescu, devenu secrétaire général du parti, par huit vice-présidents régionaux et par cinq autres chefs de filiales du PSD ayant obtenu de bon scores à la présidentielle. L'ex présidente du parti sera chargée de l'organisation des femmes sociales-démocrates, a expliqué Marcel Ciolacu: « Nous sommes arrivés à la conclusion qu'il faut une réinitialisation du parti et nous n'avons pas déclenché un massacre, comme on aurait pu s'attendre, pour faire tomber des têtes. Ce qui est une première pour le Parti social-démocrate, l'ancien leader fait partie de l'équipe du parti, en tant que président des dames. »
A son tour, Viorica Dăncilă affirme que sa démission était une forme d'assumer sa responsabilité pour le résultat de l'élection présidentielle. « J'ai compris l'opinion de mes collègues, ce n'est pas un moment de faiblesse, c'est un moment de dignité et je considère qu'il a fallu que je démissionne de mes fonctions de présidente du Parti social-démocrate. J'ai fait ce geste pour le parti. »
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