Plusieurs rituels spécifiques de l'espace roumain ont lieu vers la fin novembre, notamment autour du 30 novembre, jour de la Saint André, le patron de la Roumanie. Ces coutumes sont importantes pour les communautés traditionnelles et abondent en symboles.
Par exemple, dans les légendes traditionnelles, le loup est l'équivalent du loup-garou, une créature à la frontière entre la vie et la mort, qui peut kidnapper le gens et voler le bétail, voire les tuer. Or, la veille de la Saint André, on pense qu'il est possible de vaincre ces créatures.
Delia Suiogan, ethnologue à l'Université du Nord de Baia Mare, explique: « L'ail peut fermer la bouche des loups, c'est la croyance populaire. On a donc nous aussi ce symbole dans cette nuit magique du 30 novembre. Un des rituels observés cette nuit-là est celui de garder l'ail. Les gens se réunissaient chez une vieille femme qui connaissait les normes de cette coutume. Chacune des jeunes filles du village y apportait trois gousses d'ail. On passait la nuit en gardant cet ail mis à côté d'une poupée appelé Indrei, qui était le symbole préchrétien Père Andrei et qui devait mourir. C'était une sorte de veillée joyeuse d'un défunt, si vous voulez »
Dans la tradition roumaine, l'hiver est une période où les esprits maléfiques agissent à leur gré. L'absence du soleil, le ciel recouvert de nuages sombres, les nuits longues et froides - tout cela a des correspondants dans l'imaginaire populaire roumain. Plus encore, la mythologie portant sur les origines du loup, a donné naissance à plusieurs légendes où cet animal est présenté comme une créature diabolique, spécialement envoyée sur la Terre pour mettre en danger les vies des gens et des animaux domestiques. Finalement, la divinité intervient pour protéger l'homme de l'attaque du loup. Voilà pourquoi les gens respectaient les rituels prévus pour cette journée censée tenir les loups à distance.
Delia Suiogan poursuit : « Les gens respectaient un jeune très stricte, il ne mangeaient rient toute la journée, histoire de se protéger eux-mêmes et le bétail cotre la plaie et pour s'assurer que les volailles et les chevaux n'étaient pas attaqués. Ces mêmes jours on faisait plein d'offrandes. Les femmes se rendaient dans les cimetières pour offrir des aliments aux pauvres, notamment de grands bretzels, un symbole très présent durant les fêtes roumaines, mais aussi du pain au sucre. Et pour cause : on pensait que le loup aimait le sucre et on tentait ainsi de le rendre moins agressif. En tant que personnage mythologique, la plaie aussi s'endormait en mangeant du sucre et arrêtait ses actions maléfiques sur les gens ».
Avant de terminer, précisons que dans les villages roumains d'antan, le loup-garou était considéré comme la représentation suprême du mal, pouvant agir à cause d'un déséquilibre produit dans le respect des lois non-écrites de la communauté. Enfin, on croyait que l'homme-loup, soit le loup-garou, était aussi responsable pour les phases de la Lune et pour les éclipses. (Trad. Valentina Beleavski)
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