La première distinction roumaine est créée dans la seconde moitié du 19e siècle, après l'union des Principautés roumaines de Valachie et de Moldavie.
Les Etats, les institutions et les organisations ont toujours utilisé les ordres, les décorations et les médailles pour montrer leur reconnaissance envers ceux qui leur rendent service. L'Etat roumain ne fait pas exception à cette règle, les distinctions qu'il a accordées aux plus méritants de ses serviteurs étant étudiées par la phaléristique. Cette science auxiliaire de l'histoire nous dit que les décorations roumaines sont rangées dans plusieurs catégories : les nationales, les commémoratives, les militaires en temps de paix, les militaires en temps de guerre, les civiles par domaines d'activité et les enseignes honorifiques.
La première distinction roumaine est créée dans la seconde moitié du 19e siècle, après l'union des Principautés roumaines de Valachie et de Moldavie, en 1859, pour fonder la Roumanie. L'Etat roumain tente d'instituer les premiers ordres et décorations à l'époque du premier prince régnant de Roumanie, le colonel Alexandru Ioan Cuza. En 1860, le prince Cuza créa la médaille « Pro Virtute Militari » pour récompenser les sapeurs-pompiers qui avaient tenu tête à l'armée ottomane sur la Colline de Spirea (Dealul Spirii) le 13 septembre 1848. En 1864, Cuza avait aussi voulu créer l'« Ordinul Unirii / l'Ordre de l'Union » pour marquer le 5e anniversaire de l'Union des Principautés, mais il finit par abandonner l'idée pour ne pas provoquer de tensions dans la relation avec l'empire ottoman. Deux autres médailles, « Virtutea militară / La Vertu militaire » et « Devotament și Curaj / Dévouement et Bravoure », récompensaient les faits d'armes sur les champs de bataille sanglants de la Guerre d'indépendance de 1877-1878. En 1864, deux années avant son abdication, le prince Alexandru Ioan Cuza a créé l'Ordre national de « L'Etoile de la Roumanie / Steaua României », qui deviendra la plus haute distinction de l'Etat roumain.
Floricel Marinescu, expert en ordres et médailles, a expliqué pourquoi le règne de Cuza avait été une époque des débuts et des tâtonnements : « Puisque la création d'ordres est une prérogative des Etats souverains, la Roumanie n'a eu d'ordre national qu'après avoir proclamé son indépendance, en mai 1877. Les tentatives du prince régnant Alexandru Ioan Cuza de créer un tel ordre s'étaient heurtées à l'opposition de la Porte ottomane et de l'Empire autrichien, qui y voyaient un gain de droits d'Etat souverain que le statut international de la Roumanie ne prévoyait pas. Les décorations commandées par Cuza sont restées dans son palais, sans jamais être attribuées à qui que ce soit. »
Ce fut le prince Carol Ier de Hohenzollern-Sigmaringen, successeur de Cuza, qui a donné de la substance à l'Etat roumain. Par conséquent, ce fut pendant son règne que les attributs de la souveraineté roumaine commencèrent à se manifester, pour se voir confirmer après la Guerre d'indépendance de 1877-1878. Bien que mis par la puissance ottomane suzeraine dans l'impossibilité d'instituer des décorations, Carol allait jouer ses cartes avec intelligence et suivre la voie vers l'indépendance désirée par les Roumains. Ainsi assumait-il les démarches de son prédécesseur, Al. I. Cuza, de créer des distinctions, pour les transformer en réalité. « Virtutea Militară / La vertu militaire » en fut un exemple.
La proclamation de l'indépendance, le 10 mai 1877, brisa les barrages et donna naissance au premier ordre national roumain, « Steaua României / L'Etoile de la Roumanie », avec cinq grades: chevalier, officier, commandeur, grand officier et grande croix. « Steaua României » trouvait son origine dans l'ordre de l'Union, que le prince Al. I. Cuza n'avait pas réussi à imposer en tant que distinction officielle de l'Etat roumain moderne. De nouvelles décorations, liées notamment à la guerre, sont créées après l'indépendance : la Croix « Trecerea Dunării / La traversée du Danube », la Croix commémorative « Elisabeta / Elisabeth », qui portait le nom de la reine Elisabeta, épouse du roi Carol Ier, surnommée « la mère des blessées », la médaille « Apărătorii Independenţei/ Les Défenseurs de l'indépendance », la médaille « Serviciul Credincios / Service fidèle ». Il faut rappeler que la Russie, grande alliée de la Roumanie pendant la guerre contre l'Empire ottoman, a récompensé les militaires roumains de décorations telles « La médaille commémorative russe de la guerre de 1877-1878 » et la Croix « Saint Georges ». Dans le même temps, les militaires russes avaient reçu la décoration roumaine la « Croix de la traversée du Danube ». Dans la catégorie des distinctions professionnelles, il y avait la médaille « Răsplata Muncii pentru Învăţământ / La récompense du travail pour l'enseignement », décernée aux enseignants, et puis la médaille « Răsplata Muncii pentru Biserică / La récompense du travail pour l'Eglise », créée en 1906 pour récompenser les membres du clergé.
En 1903, apparaissait la médaille « Bărbăţie şi Credinţă / Témérité et Loyauté », pour les policiers. En 1912 et 1913, étaient instituées les médailles « Meritul Comercial şi Industrial / Le mérite commercial et industriel», « Răsplata Serviciului Militar / La récompense du service militaire » pour les militaires réembauchés, « Avântul Ţării / L'essor du pays » pour les militaires ayant participé à la deuxième guerre balkanique de 1913 et la Croix « Meritul Sanitar / Le mérite sanitaire ».
Floricel Marinescu considère que la multiplication des décorations roumaines après l'indépendance du pays s'est transformée en un véritable système de distinctions : « Avec le temps, d'autres ordres s'y ajoutent : en 1881 « Coroana României / La Couronne de la Roumanie », en 1906 l'ordre « Carol Ier ». Comme c'est le cas de la majorité des ordres dans le monde, le nombre des personnes récompensées est strictement limité. Des ordres, des médailles et des croix ont aussi été créés pendant la Première Guerre mondiale ainsi que pendant le règne du roi Carol, qui ont mis en place un système parfaitement structuré, capable de récompenser tous les types d'activité. Toutes ces décorations ont été supprimées en 1948, juste après l'abolition de la monarchie. »
Après la Deuxième Guerre mondiale, la Roumanie a adopté le système soviétique de décorations, à commencer par la forme des enseignes et leurs noms jusqu'au nombre illimité de personnes récompensées. La valeur des décorations a ainsi diminué à cause du grand nombre de personnes décorées, de la composante idéologique et de la propagande. Les plus importantes distinctions de la Roumanie communiste ont été l'ordre « Steaua Republicii Socialiste România / L'Etoile de la République socialiste de Roumanie » et l'ordre « Erou al Muncii Socialiste al Republicii Socialiste România / Héros du travail socialiste de la République socialiste de Roumanie ». Ces décorations ont, elles aussi, disparu avec la chute du régime communiste en décembre 1989. Le système national de décorations est apparu en 1997, reprenant aussi, partiellement, le système d'avant 1989. (Trad. : Ileana Ţăroi)
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