Voilà deux ans maintenant que les experts en éducation, les psychologues et les parents tirent la sonnette d'alarme sur les changements que vont rencontrer les élèves et ce, principalement, à cause de l'isolement.
Si la pandémie a eu des conséquences psychologiques dévastatrices sur les adultes, elle a eu un impact encore plus néfaste sur les enfants, qui comme on le sait, sont encore plus sensibles. Voilà deux ans maintenant que les experts en éducation, les psychologues et les parents tirent la sonnette d'alarme sur les changements que vont rencontrer les élèves et ce, principalement, à cause de l'isolement. Les études qui le confirment se sont progressivement multipliées. La plus récente est un sondage effectué par l'organisation Salvați Copiii (Sauvez les enfants). Le sociologue Ciprian Grădinaru nous explique les résultats de cette dernière :
« Toute situation doit être replacée dans un contexte plus large. Ces deux années de pandémie ont bouleversé le rythme des enfants, mais aussi celui des adultes. Nous constatons que près de la moitié d'entre eux se sentent seuls, tristes, isolés et stressés. C'est le cas parce que durant la pandémie ils ont été isolés de leur groupe d'amis. Ils ont été obligés de se soumettre à un système scolaire complètement nouveau. Ils ont reçu moins d'information et moins de connaissances, et leur accès à l'éducation a été réduit. N'oublions pas qu'une bonne partie de ces enfants n'a pas eu ou a eu un accès limité à l'éducation au cours de cette période. Cela explique pourquoi la moitié d'entre eux estiment ne pas se sentir prêts pour les examens. Les élèves de 4ème et de Terminale admettent être stressés et ne pas avoir confiance en eux en ce qui concerne les examens qui approchent. D'ailleurs, les résultats confirment ce qu'avaient prédit les experts en éducation. »
Les élèves semblent s'autoévaluer avec objectivité. Seul un tiers des élèves de quatrième estiment être bien préparés aux examens. 31 % des élèves du secondaire déclarent avoir du retard dans leur scolarité, tandis qu'un élève sur deux estime que la quantité de devoirs est plus importante que les années précédentes. C'est pour cette raison que beaucoup reconnaissent avoir besoin d'aide, par rapport aux années précédentes. 51 % des enfants interrogés reconnaissent avoir eu davantage besoin du soutien de leurs professeurs au cours de cette année scolaire. 13 % ont eu besoin de cours particuliers et 9 % ont demandé de l'aide à leur entourage. Une bonne partie des élèves de 4ème affirment avoir eu besoin de cours particuliers, plus que leurs camarades des autres niveaux. Beaucoup, à juste titre, expriment de la frustration, conscients d'avoir du retard dans certaines matières. Ce n'est toutefois pas la seule émotion négative ressentie par ces jeunes. Selon le sondage effectué par l'organisation Salvați Copiii (Sauvez les enfants), les lycéens racontent se sentir furieux, tristes ou fatigués. Ce sont malgré tout les élèves de quatrième qui semblent être le plus affecté, beaucoup exprimant un état élevé de stress, de peur ou de fatigue. Le sociologue Ciprian Grădinaru estime cependant que cet état d'esprit peut être étendu à la famille élargie :
« Les parents sont aussi concernés. Leur rythme quotidien a aussi été bouleversé. C'était une période stressante pour eux aussi, avec beaucoup de tensions. Leur travail aussi a changé, tout comme leurs interactions et leurs sorties qui ont été réduites. C'est le cocktail parfait pour générer des tensions au sein d'une famille, des problèmes divers qui, inévitablement, affecteront aussi les plus jeunes. »
Quels sont les causes de ces problèmes ? Ciprian Grădinaru nous répond :
« Le manque d'interaction et l'isolement sont les principales causes de stress chez les enfants. Il faut bien se rendre compte que la scolarité, le quotidien et bien d'autres aspects de la vie de ces derniers ont été complètement bouleversés au cours de ces deux années. Rappelez-vous que les vacances, telles que nous les connaissions, ont disparu. Les interactions quotidiennes entre amis ont elles aussi disparu, au profit des échanges en ligne. Les enfants passaient déjà beaucoup de temps sur les écrans avant la pandémie, et les chiffres des études menées à l'époque étaient inquiétants. Aujourd'hui c'est encore pire, avec les avantages et les désavantages que cela présente. Ce sont tous ces éléments (manque de contact, isolement, enfermement, absence de vacances, manque d'activité) qui génère des tensions, de la tristesse etc. On constate aussi que certains enfants sont plus affectés que d'autres. Les adolescents par exemple sont plus nombreux à exprimer de la tristesse que les enfants plus jeunes, les filles en particulier. Et ainsi de suite. »
Cette étude a été menée au mois de mars sur un échantillon représentatif de 1 900 enfants âgés de 9 à 18 ans, répartis équitablement entre les différents niveaux d'enseignement du secondaire. (Trad : Charlotte Fromenteaud)
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