Diplômée en biochimie, Alina Dina-Tănasie a décidé de reprendre des études de psychologie pour aider pour les élèves à besoins éducatifs particuliers
Aujourd'hui nous parlons d'engagement personnel et collectif pour améliorer les choses à l'échelle de la communauté, lorsque cela est nécessaire. Si cela fonctionne, cela peut produire un effet boule de neige et prendre de l'ampleur.
Diplômée en biochimie, Alina Dina-Tănasie a décidé de reprendre des études de psychologie. Aujourd'hui, elle travaille comme professeure pour les élèves à besoins éducatifs particuliers et préside l'association Autenticitate, Varietate, Acceptare (AVA) de Râmnicu Vâlcea, dans le sud de la Roumanie. Elle est aussi mère de deux enfants dont l'un est autiste. C'est ainsi qu'elle s'est penchée sur la question pour comprendre les besoins spécifiques de son fils et de l'aider au mieux. Qu'est-il advenu ensuite ? « C'est mon fils qui m'a donné envie de m'impliquer. Il m'a donné la motivation nécessaire, m'a poussée à en apprendre davantage, à trouver de nouvelles solutions pour lui venir en aide. Je voulais tellement l'aider ! Je n'arrivais pas à croire qu'une telle chose puisse m'arriver à moi. Je n'arrivais pas à accepter, j'étais dans le déni. Jusqu'au moment où j'ai pris conscience que c'était ma réalité, et que si je n'agissais pas pour mon enfant, en plus de sa thérapie, j'allais m'en mordre les doigts. Je me suis renseignée, j'ai beaucoup appris, j'ai beaucoup lu sur le sujet, j'ai appris comment travailler avec lui, j'ai été en contact avec ses thérapeutes à qui j'ai demandé la permission d'observer comment ils travaillaient avec mon fils. Ensuite j'ai commencé à comparer les informations et je suis progressivement revenue à mes premiers amours : la psychologie. J'ai été transportée par l'envie d'aider autrui lorsque j'ai constaté tout ce que je pouvais déjà faire pour mon propre enfant. Je me suis dit « je suis sûre de pouvoir aussi aider les autres ! ». Je disposais de tout le matériel didactique et pratique chez moi. Il y a cinq ans, alors que j'attendais que mon fils sorte de sa séance de thérapie, je me suis prise à rêver d'un centre qui pourrait s'occuper des enfants à besoins particuliers. C'est comme ça que tout a commencé ! »
Cinq ans plus tard, le rêve d'Alina Dina-Tănasie s'est réalisé. D'ici quelques jours, le Centre multifonctionnel pour les enfants à besoins éducatifs particuliers ouvrira ses portes à Râmnicu Vâlcea. Ces enfants pourront bénéficier d'un accompagnement psychologique, physique et émotionnel, et leurs familles retrouver le sourire, la sérénité et l'équilibre. « Ce centre souhaite offrir un accompagnement aussi bien aux parents qu'aux enfants atteints de troubles. Dans un premier temps, cela implique une évaluation correcte des troubles en question, un accompagnement adéquat pour les parents, la mise en place d'ateliers parents-enfants ou avec d'autres enfants, ainsi que de la kinésithérapie, de l'orthophonie et de la thérapie 3C. La thérapie 3C permet au patient de récupérer ses capacités psychomotrices, à savoir la concentration, la conscience et la coordination. Les enfants qui intègrent ce programme gagnent en autonomie sur le plan psychomoteur. En d'autres termes, ils vont prendre conscience de leur propre corps, vont être davantage concentrés, vont être mieux coordonnés, et donc mieux s'adapter à leur environnement. En fait, ils vont retrouver leurs facultés neuro-psychomotrices. »
Selon Alina Dina-Tănasie, sur l'année scolaire 2019-2020, près de 7 700 enfants à besoins éducatifs particuliers, et près de 1 500 enfants en situation de handicap ont été inscrits rien que dans la région de l'Olténie, dans le sud de la Roumanie. Soit une diminution de 4 % par rapport à l'année précédente, en raison de leurs difficultés d'intégration dans le système scolaire roumain. Et la pandémie a aggravé la situation ! Or, le Centre multifonctionnel pour les enfants à besoins éducatifs particuliers a pour objectif l'intégration de ces enfants à la communauté scolaire, et plus largement à la société. Alina Dina-Tănasie nous raconte : « Nous accueillons les enfants à bras ouverts, quel que soit leur handicap. Les enfants atteints de troubles psychiques ou moteurs, les tétraplégiques, ceux qui se déplacent en fauteuil roulant, mais aussi les autistes, les enfants souffrant de trisomie 21, de retard mental etc. Nous dispensons aussi des soins orthophoniques, car même les autres enfants ont parfois des difficultés à prononcer certaines lettres ou syllabes... Eux aussi sont les bienvenus aux côtés des enfants à besoins particuliers que nous accueillons. »
Quid des parents ? Quels conseils viennent-ils chercher dans votre centre ? « Il n'y a pas de honte à demander de l'aide. Ni à admettre que l'on est dépassé. Les parents des enfants à besoins particuliers passent par différentes étapes. La première, très claire, c'est l'état de choc. Vient ensuite le déni, puis la dépression, suivie de la révolte. « Pourquoi moi ? » Puis, petit à petit, lorsqu'ils commencent à nous poser des questions, les réponses apparaissent à leur tour. Et si l'on est attentif, alors quelqu'un vient nous tendre la main pour nous aider. Voilà la première étape pour ne pas sombrer dans le déni et le refus, et, très important, pour apprendre à s'accepter en tant que parent, mais aussi en tant que parent d'un enfant à besoins spécifiques. »
Alina Dina-Tănasie n'est pas la seule - heureusement ! - à avoir fait de son rêve d'aider les enfants à besoins éducatifs particuliers de Vâlcea une réalité. Nous évoquions au début l'effet boule de neige des bonnes actions menées au sein des communautés locales, et de ceux et celles qui décident de prendre leur rôle de citoyen au sérieux et d'agir. Râmnicu Vâlcea accueille l'une des vingt Fondations communautaires de Roumanie. Ces fondations sont nées de la générosité de certains habitants, et de leur volonté de voir changer les choses pour améliorer la vie de leur communauté, grâce à la mise en place de projets dans le domaine de l'éducation, de la santé, de l'environnement ou de la culture. Ces fondations connaissent les enjeux des communautés locales. Leur objectif est de tisser des liens entre leurs fondateurs et leurs bénéficiaires, d'apporter des solutions aux problématiques locales. C'est le rôle qu'a joué la Fondation communautaire de Râmnicu Vâlcea lorsqu' Alina Dina-Tănasie a partagé son rêve de créer son centre : « Ils nous ont beaucoup aidés au début. Ils étaient nos anges gardiens, ils nous ont beaucoup soutenus à l'époque et ils ont cru en notre projet. La Fondation communautaire de Vâlcea est de tout cœur avec nous, c'est vrai. Grâce à son aide, nous avons pu coopérer avec l'association Zi de Bine, dont Melania Medeleanu (ancienne vedette de télévision) fait partie. Elle aussi a cru, et croit toujours, en notre projet. C'est grâce à leur soutien à tous que nous en sommes là aujourd'hui. »
Depuis la création des premières Fondations communautaires en Roumanie en 2008, des dizaines de millions de lei ont permis le financement de projets contribuant à l'amélioration des conditions de vie des communautés locales. Parmi eux, le Centre multifonctionnel de Râmnicu Vâlcea pour les enfants à besoins éducatifs particuliers, rêvé puis créé par Alina Dina-Tănasie. (Trad : Charlotte Fromenteaud)
Liens utiles
Copyright © . All rights reserved