Ces espèces animales ou végétales venues d’ailleurs, introduites volontairement ou par accident dans un milieu naturel auquel elles n’appartiennent pas, représentent l’une des cinq causes à l’origine de la disparition de la biodiversité en Europe
La Commission européenne se préoccupe de la protection de la biodiversité. Dans un récent communiqué, cette dernière a annoncé des sanctions à l'encontre de 15 Etats membres, dont la Roumanie, qui n'ont pas respecté leurs engagements en termes de lutte contre les espèces invasives allogènes. Ces espèces animales ou végétales venues d'ailleurs, introduites volontairement ou par accident dans un milieu naturel auquel elles n'appartiennent pas, représentent l'une des cinq causes à l'origine de la disparition de la biodiversité en Europe. Valeria Abaza, directrice générale de l'Institut national de la recherche et du développement marin de Constanța, évoque deux espèces invasives originaires de l'Atlantique Nord : un escargot et un mollusque.
« Le rapane veiné ou murex de la mer Noire (Rapana venosa) est arrivé dans cette mer dans les années 1940. Aujourd'hui considérée comme une espèce invasive ou potentiellement envahissante, elle est aussi devenue une ressource, car sa chair est appréciée des consommateurs. Autrefois espèce invasive, elle s'est fait une place dans nos assiettes, devenant espèce commerciale. Dans les années 1960 est ensuite arrivée la mye commune, également appelée mye des sables ou bec de jar (Mya Arenaria), un mollusque assez grand considéré comme une espèce invasive, dont les coquilles ont envahi nos plages à l'époque. Elle a fini par s'intégrer à la faune locale et, bien qu'elle soit encore considérée officiellement comme une espèce envahissante, ce n'est plus tout à fait le cas aujourd'hui. Il est probable qu'elle se comporte en espèce invasive dans un nouveau milieu, jusqu'à ce qu'elle prenne ses marques et que sa population se stabilise. A l'heure actuelle, la mye des sables se fait plus rare. Elle vit dans les profondeurs et ses coquilles sont plus rares sur nos plages. »
Selon le règlement de la Commission européenne de 2014 relatif à la prévention et à la gestion de l'introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes, il existe une espèce de méduse considérée comme invasive en mer Noire. Quelques années plus tard est apparue une autre espèce, elle-même envahissante, qui s'en nourrit.
« La Mnemiopsis leidyi est arrivée dans les années 1980 et est encore considérée comme envahissante. Et elle l'est vraiment ! Cette espèce a fait l'objet de nombreuses études, aussi bien dans les années 80 et 90, qu'au début des années 2000. A cette époque, nous avons analysé les conséquences de sa présence sur les autres espèces en mer Noire, car la diminution des réserves halieutiques était dramatique, presque équivalente à celle d'une situation de surpêche. Plus récemment, les stocks de poissons ont commencé à se reconstituer, tout comme la biodiversité. Il se peut que la pression soit moindre sur les espèces endémiques, mais aussi sur certaines activités telles que la pêche. La fin des années 90 a été marquée par l'arrivée de la Béroé ovale (Beroe ovata), le seul organisme se nourrissant de Mnemiopsis leidyi. D'autres espèces ont aussi rejoint les eaux de la mer Noire. Bien qu'elles soient répertoriées sur une liste préliminaire, une étude financée par le Programme opérationnel grandes infrastructures démontre que sur les 56 espèces listées comme potentiellement très envahissantes, peu le sont en fait réellement. Il est probable qu'il faille attendre un déséquilibre de l'écosystème marin avant qu'elles n'expriment leur potentiel invasif. »
Le Callinectes sapidus (ou crabe bleu) est lui aussi une espèce exotique. Les chercheurs de l'Institut national de la recherche et du développement marin de Constanța ont élevé et observé l'un d'entre eux, malencontreusement capturé en mer Noire par des pêcheurs. Affaire à suivre. (Trad : Charlotte Fromenteaud)
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