C’est par le biais d’une motion contre le ministre de la Santé que l’opposition de gauche de Bucarest pointe du doigt le secteur sanitaire de Roumanie. Le vote de la motion à la Chambre des députés est prévu mercredi.
Lundi, le Parlement roumain a été la tribune depuis laquelle les représentants du pouvoir et de l'opposition se sont accusés les uns les autres pour la situation précaire du système sanitaire national. A l'initiative du principal parti de l'opposition, le Parti social-démocrate, le ministre de la Santé, Vlad Voiculescu, a été appelé devant le Parlement pour répondre aux questions liées notamment à la récente tragédie survenue à l'Hôpital de maladies infectieuses Matei Balş de Bucarest. Pour rappel, un incendie déclaré fin janvier y a fait de nombreuses victimes parmi les malades de Covid se trouvant en soins intensifs et a endommagé une bonne partie du bâtiment.
Accusé de n'avoir pris aucune mesure pour garantir la sécurité des patients, le ministre Vlad Voiculescu fait maintenant l'objet de la première motion de ce nouveau Législatif, déposée par les sociaux-démocrates. Ceux-ci estiment que le ministre ne s'est pas suffisamment investi non plus dans le processus de vaccination de la population, ni dans celui des tests de dépistage du coronavirus. Qui plus est, de l'avis du PSD, il a aussi transmis des messages contradictoires aux coordinateurs de la campagne d'immunisation et des messages décourageants pour les médecins qui y participent. Vlad Voiculescu n'a pas présenté de solutions concrètes pour le système sanitaire, renchérit de député social-démocrate et médecin Alexandru Rafila, qui a aussi travaillé dans l'hôpital bucarestois ravagé par l'incendie mentionné.
Alexandru Rafila : « Qu'il ne nous dise pas des choses du genre : le ministère est en train d'évaluer et de surveiller et d'autres choses pareilles qui n'ont aucun impact sans des mesures concrètes prises pour renforcer la sécurité dans les hôpitaux, pour améliorer la capacité de tester, pour améliorer le suivi épidémiologique en ce moment d'urgence sanitaire. Le manque de responsabilité tue ».
En réplique, le ministre Vlad Voiculescu précise que dans les deux mois écoulés depuis le début de son mandat, 50 millions de lei (environ 10 millions d'euros) ont été alloués à des investissements dans les hôpitaux destinés aux malades de Covid. Les écoles ont été rouvertes, l'accès aux tests de dépistage a augmenté, et les médecins sont payés dans le cadre de la campagne de vaccination de la population, a ajouté le ministre. Pour sa part, il tient le PSD pour responsable de la situation actuelle du système sanitaire roumain.
Vlad Voiculescu : « C'est de responsabilité que parlent les gens du parti (PSD), qui ont eu 12 ministres de la Santé depuis la Révolution (anticommuniste). C'est de responsabilité que parlent les collègues de parti des 3 derniers ministres de la Santé, faisant tous les trois l'objet d'enquêtes du Parquet national anticorruption. C'est de responsabilité que parlent les gens qui ont dirigé le ministère de la Santé pendant 18 ans, ces 30 dernières années, durant lesquels ils ont créé de véritables réseaux mafieux, avec leurs filiales du parti, avec leurs conseils départementaux, des réseaux connectés jusqu'ici-même, au sein du Parlement ».
L'actuel ministre de la Santé est soutenu par les parlementaires de l'alliance entre le parti l'Union Sauvez la Roumanie (USR) et le parti PLUS et par leurs partenaires à la gouvernance, le Parti national libéral et l'Union démocrate magyare de Roumanie. Tous ont promis de ne pas voter la motion contre Vlad Voiculescu. De leur côté, les représentants du parti AUR, nouvellement entré au Législatif roumain, sont favorables à la démarche des sociaux-démocrates. Le vote de la motion est prévu mercredi, au plénum de la Chambre des députés. (Trad. Valentina Beleavski)
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