L’incertitude continue de dominer la scène politique de Bucarest.
L'équipe exécutive virtuelle du premier ministre roumain désigné, Florin Cîţu, doit passer, ces jours-ci, par le rituel des auditions aux commissions parlementaires spécialisées, qui précèdent le vote d'investiture. En fait, c'est la troisième fois que ce face à face a lieu en l'espace de seulement quelques mois, puisque les candidats aux postes ministériels sont les mêmes à avoir composé le gouvernement mené par le patron des libéraux roumains, Ludovic Orban, qui remplaçait, en novembre dernier, l'Exécutif de la sociale-démocrate Viorica Dăncilă et qui était démis par motion de censure en février dernier. Les mêmes candidats actuels, dirigés toujours par Ludovic Orban, rataient une nouvelle investiture suite à la décision d'inconstitutionnalité émise par la Cour constitutionnelle. Une modification existe néanmoins dans cette formule d'équipe gouvernementale - Lucian Heiuş devrait assumer le portefeuille des finances publiques, un poste devenu vacant après la désignation de Florin Cîţu en tant que premier ministre hypothétique.
Parallèlement aux auditions, les libéraux affirment négocier avec les autres partis politiques, à l'exception du tandem gouvernemental de gauche formé du Parti social-démocrate et de l'Alliance des libéraux et des démocrates (PSD-ALDE), afin de rassembler une majorité parlementaire. Les élus du parti national libéral (PNL) ne représentent qu'environ 20% du total, la gauche continuant à dominer en nombre le Législatif de Bucarest. Cela veut dire que, pour obtenir l'investiture, le gouvernement Florin Cîţu a besoin de ramasser des votes de sénateurs et députés de toutes les familles politiques. Or, à l'issue des discussions de ce lundi, Dan Barna, le chef de l'Union Sauvez la Roumanie (USR), troisième force parlementaire, avouait que l'on ne lui avait rien demandé à l'égard du vote d'investiture du nouveau Cabinet, la réunion avec M. Cîţu ayant eu un caractère purement technique. A son tour, le leader de l'Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR), Kelemen Hunor, déclare qu'aucune décision n'a été prise pour l'instant au sujet du soutien au nouveau gouvernement libéral. Les élus du parti Pro România, des dissidents sociaux-démocrates menés par l'ancien premier ministre Victor Ponta, ont fait savoir qu'ils voteraient contre l'Exécutif proposé. Enfin, les libéraux semblent ignorer complètement la position du PSD et de l'ALDE. Leur manque d'appétit pour les négociations alimentent les spéculations des commentateurs qui y voient une nouvelle tentative du PNL, favori des sondages sur les intentions de vote, de forcer la convocation d'élections législatives anticipées. Pour ce faire, il faudrait que le Parlement rejette deux gouvernements en l'espace de 60 jours, ce qui permettrait de le dissoudre.
Partisan de ce scénario et patron politique des libéraux, le chef de l'Etat,
Klaus Iohannis, reconnaissait que les chances de convoquer un scrutin anticipé
avaient chuté à moins de 50% après l'invalidation, par les juges
constitutionnels, de la candidature de Ludovic Orban au poste de premier
ministre. Selon les experts, le 21 juin est la date limite pour organiser un
tel scrutin, car au-delà de cette date, le Législatif actuel entamera les six
derniers mois de son mandat et ne pourra plus être dissout. Au cours des trois
décennies de démocratie post-communiste, des élections législatives anticipées
n'ont jamais été convoquées, quel que fût le degré d'instabilité présent sur la
scène politique de Bucarest. (Trad. : Ileana Ţăroi)
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