Pour la plupart des touristes, Constanţa est avant tout synonyme de détente au bord de la mer Noire. La plage, le bord de mer, le Delphinarium et le Casino sont ses principales attractions.
On ne saurait pourtant oublier ses édifices emblématiques, témoignant de sa longue histoire et de la diversité ethnique de la zone. Le Musée d’art, par exemple, abrite une riche collection d’ouvres portant la signature de grands artistes plasticiens roumains. Il a été fondé en 1961, grâce à des collections de peintures et de sculpture reçues en don de la part des auteurs mêmes ou de la municipalité.
Classé monument historique, le bâtiment du Musée, qui s’étale sur trois étages, a été construit entre 1891 et 1893, selon les plans de l’architecte Ion Socolescu. Au début, il a servi de siège à l’Ecole roumaine de Constanţa. Les toiles et les sculptures exposées appartiennent à des artistes roumains célèbres tels Nicolae Grigorescu, Theodor Aman, Jean Steriadi, Ion Andreescu, Cornel Medrea, Dimitrie Paciurea, Ion Ţuculescu, Ion Jalea, Vida Gheza, Theodor Pallady, Corneliu Baba.
Le Musée d’art de Constanţa a récemment rouvert ses portes, au bout de plusieurs années de travaux de restauration. Détails avec Doina Păuleanu, directrice du musée : « Nous avons trié les ouvrages de chaque artiste, suivant des critères d’importance, de représentativité ou de cohérence. L’espace généreux nous a permis de consacrer une salle d’exposition à chaque grand artiste roumain de la période moderne. Le fait de renoncer à telle ou telle œuvre de l’exposition permanente a été perçu comme un véritable sacrifice. C’est alors qu’est née l’idée d’organiser une exposition temporaire, pour montrer qu’un grand musée abrite en fait beaucoup plus d’oeuvres qu’il n’en expose. Cette exposition temporaire, que nous avons baptisée « Le Musée des entrepôts » accueille bien des tableaux de Tonitza, Şirato, Dimitrescu, Pallady, Petraşcu et autres. Les visiteurs ont ainsi l’occasion de voir des toiles jamais ou peu exposées auparavant » .
La construction des locaux actuels du Musée d’art de Constanţa remonte à la fin du XIXe siècle, une époque où la région de Dobroudja avait connu un essor florissant. Après avoir longtemps appartenu à l’Empire ottoman, cette province avait rejoint le territoire de la Roumanie, au lendemain de la guerre d’indépendance de 1877 - 1878. Doina Păuleanu évoque les transformations que la région de Dobroudja a subies depuis lors : « La Dobroudja redevient terre roumaine après la guerre d’indépendance de 1878. Au début, les gens qui venaient du Royaume de Roumanie, même s’ils se sentaient exilés, souhaitaient laisser des traces de leur passage par là. Peu de monde sait que nous devons la construction de la falaise de Constanţa aux plans de Scarlat Vârnav, ingénieur originaire de la ville et directeur de l’Ecole nationale de Ponts et Chaussées de Bucarest et au courage d’Anghel Saligny de s’y investir, alors que les travaux au port de Constanta étaient déjà en cours. La Dobroudja est un endroit extraordinaire, un lieu de confluence, un espace multiethnique, témoin de la naissance ou du déclin des différents empires, du passage des peuples migrateurs en route vers Constantinople, capitale du monde à cette époque-là. »
Dans cette zone d’interférences religieuses et ethniques, la tolérance religieuse était cruciale. C’est pourquoi le roi Carol I avait créé les conditions nécessaires permettant de la maintenir, explique Doina Păuleanu, directrice du Musée d’art de Constanţa : « Ce n’est pas par hasard que les deux grands monuments d’art religieux érigés après l’union de la Dobroudja avec le Royaume de Roumanie ont été la Cathédrale des Saints Apôtres Pierre et Paul et la Mosquée royale. Cette dernière a été dressée avec des deniers publics sur l’emplacement d’une mosquée ancienne dont elle a repris une bonne partie du mobilier sacré. Si le roi Carol Ier avait eu l’initiative de la faire construire c’est justement pour prouver que la Roumanie élargie prêtait une attention toute particulière à la tolérance religieuse. D’ailleurs, tous les édifices de la ville, bâtis jusqu’en 1914, témoignent de l’intérêt pour la région de Dobroudja que manifestait le roi Carol Ier, lequel avait très bien saisi l’importance géopolitique de ce coin de la Roumanie. »
Pour mieux comprendre la culture et l’histoire de Constanţa, le touriste devrait compléter la visite du Musée d’art par une randonnée dans la vieille ville.
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