Un nouveau recensement de la population a débuté en Roumanie le 1er février dernier. Ce genre d’évènement de grande ampleur, qui se déroule tous les dix ans, n’est pas un phénomène isolé au sein de l’Union européenne.
Depuis 2021, plusieurs recensements similaires ont été faits dans les différents Etats membres. Les résultats permettent ainsi d'avoir une idée précise de la population de chaque pays, mais aussi de la population de l'UE dans son ensemble.
En Roumanie, la première étape, qui se déroule entre le 1er février et le 13 mars, est d'ordre logistique. Les informations administratives sont compilées pour créer une base de données servant de point de départ pour le bon déroulement du recensement. La 2ème étape d'auto-recensement se déroulera du 14 mars au 15 mai. Enfin, la 3ème étape aura lieu entre le 16 mai et le 17 juillet, durant laquelle environ 25 000 agents vont collecter les données au cours d'entretiens individuels.
Pour la première fois dans l'histoire de la Roumanie, la collecte et le traitement des données seront intégralement informatisées.
Cătălin Raiu, directeur de la communication de l'Institut national de la statistique, nous raconte en détail : « Pour la première fois dans l'histoire de notre pays, et c'est le cas d'autres Etats membres de l'UE, nous avons l'ambition de relever un nouveau défi : effectuer notre premier recensement numérique. En d'autres termes, fini le célèbre formulaire en papier que les recensés devaient remplir, il a été remplacé par le numérique. Pour nos citoyens, l'une des étapes consistera à cliquer sur un lien vers le formulaire d'auto-recensement, qu'ils pourront eux-mêmes compléter avec les données nécessaires. La deuxième étape sera quant à elle un entretien en face à face, rendu possible grâce au numérique en utilisant des tablettes. Le recenseur se rend directement chez les habitants pour compiler leurs réponses qu'il enregistre directement grâce à la tablette. Ces données, préenregistrées pendant la phase d'auto-recensement ou ajoutées par l'agent recenseur, viennent alimenter la base de données, et feront ensuite l'objet d'une analyse. »
Les Roumains qui choisiront l'auto-recensement pourront compléter le formulaire depuis n'importe quel smartphone, tablette, PC ou ordinateur. Le formulaire sera disponible en roumain, mais aussi dans les langues des autres communautés linguistiques du pays ainsi qu'en anglais. Les mairies mettront à disposition des assistants afin de venir en aide à ceux qui éprouveraient des difficultés sur le plan technique. Ceux qui souhaitent procéder par auto-recensement auront droit à un jour de congé. Ceux qui refuseraient toutefois de prendre part au recensement pourront écoper d'une amende. Les autorités ne s'appuient pas sur la coercition mais misent au contraire sur l'attitude positive des citoyens et espèrent qu'au moins 35% de la population optera pour l'auto-recensement.
Que mesure-t-on pendant ce type de recensement ? Cătălin Raiu nous explique : « Par définition, et pas seulement chez nous, c'est la même chose ailleurs, un recensement est un dénombrement détaillé de la population d'un pays. C'est-à-dire des habitants qui résident sur le territoire pour une période d'au moins 12 mois. Il s'agit de la méthodologie d'Eurostat, de l'UE, qui ne peut pas être modifiée. Nous saurons ainsi qui sont les citoyens qui résident sur le territoire roumain, quelle que soit leur nationalité ou leur ethnie. L'Institut national de la statistique estime qu'à l'heure actuelle près de 3,3 ou 3,4 millions de ressortissants roumains résident à l'étranger. Ce recensement, comme je l'expliquais, va s'effectuer simultanément et de la même manière partout dans l'UE, ce qui nous permettra de déterminer combien de ressortissants roumains résident en Roumanie ou en dehors. Nous disposerons de telles informations si nous collaborons, si nous échangeons des informations avec les instituts des autres Etats membres. »
Mentionnons que les citoyens roumains résidant à l'étranger pour une durée inférieure à 12 mois peuvent se faire recenser en complétant le formulaire en Roumanie. Dans le cas contraire il leur est possible de participer au recensement dans leur pays d'accueil.
A l'échelle européenne, un tel recensement permettra de hiérarchiser les Etats membres en fonction d de leur nombre d'habitants. A l'heure actuelle, la Roumanie occupe la 6ème place du classement de l'UE. Malheureusement, la situation démographique des dix dernières années pourrait bien la faire chuter au 7ème rang. En Roumanie, les recensés devront fournir des informations détaillées sur leurs études, leur emploi, leur ethnie, leur religion, entre autres. L'objectif étant de récolter des informations essentielles pour la mise en place de politiques publiques dans les domaines du social, de l'économie, du développement durable, de l'enseignement ou encore des entreprises.
Cătălin Raiu nous en dit plus : « Le recensement permet d'avoir une meilleure appréhension du profil sociodémographique de la population. C'est là tout l'enjeu - savoir à quoi ressemble la population sur le territoire d'un pays grâce à des indicateurs allant de la formation professionnelle au niveau de vie, en passant par le bien-être de chaque catégorie professionnelle etc. Il existe également des indicateurs, disons, plus sensibles ou très intéressants au regard de certaines politiques publiques financées également par l'Union européenne. C'est le cas par exemple de la question de l'appartenance ethnique des individus ou d'autres indicateurs qui ne sont pertinents qu'au niveau national, comme l'appartenance religieuse. L'une de nos stratégies vise précisément une relation plus étroite avec les représentants des minorités ethniques et des confessions religieuses. Ce sont en effet des organisations qui ont intérêt à profiter du recensement pour porter à leur maximum leur nombre de membres. »
Ces recensements, organisés tous les 10 ans, sont les seuls leviers par lesquels l'État peut obtenir des informations importantes, parfois extrêmement intimes, concernant l'appartenance ethnique ou religieuse des Roumains. Afin de les encourager à se mobiliser, les représentants des minorités nationales et des 18 cultes religieux de Roumanie seront invités à discuter mensuellement tout au long de cette première étape et jusqu'à la fin du recensement, par l'Institut national de la statistique. Une première réunion a déjà eu lieu sous forme de webinaire.
Les premiers résultats partiels de ce recensement seront présentés à la fin de l'année 2022. Les résultats complets pour la Roumanie et le reste des Etats membres de l'UE seront présentés à la fin de l'année 2023. (Trad : Charlotte Fromenteaud)
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