La production de théâtre radiophonique « Casa Poporului »/« La Maison du Peuple », dont le scénario est signé Ilinca Stihi et le texte Ioana Ieronim, figure sur la liste courte des pièces en finale du Prix de l'Union de radiotélévision Asie Pacifique
« Je dois dire que ça a été une surprise, une très belle surprise pour toute notre équipe. C'est une pièce courte, parmi plusieurs autres plus amples, sur un thème assez féministe... Cette confirmation nous a beaucoup réjoui » déclarait la metteuse en scène Ilinca Stihi, de la rédaction du « Théâtre national radiophonique » de Radio Roumanie, après avoir appris cette nouvelle la semaine dernière.
Qu'est-ce-que la Maison du Peuple signifie pour la société roumaine actuelle ? Eh bien, sachez que les Roumains la détestent et l'admirent à la fois. La construction de ce bâtiment monumental, qui accueille le Parlement roumain, ainsi que plusieurs autres institutions de l'Etat, a commencé à la fin du régime communiste roumain et il a été achevé après la Révolution de 1989. Il est actuellement l'immeuble administratif le plus étendu au monde après le Pentagone, et pour l'ériger il a fallu raser plusieurs quartiers historiques et déloger une bonne partie de la population de la capitale roumaine qui y habitait. Nombre de ces gens ne se sont jamais refaits après le choc de voir leurs maisons et tout un quartier disparaître. L'édifice est encore plus détesté, puisqu'il est associé à présent à la politique politicienne et à la corruption. D'autre part, l'actuel Palais du Parlement est objet de fierté nationale pour nombre de Roumains, pour lesquels il représente la grandeur des temps passés, un véritable chef d'œuvre de l'ingénierie roumaine, fabriqué à 100% en Roumanie, depuis le béton et jusqu'aux tapis et chandeliers.
Sachez que le réseau URAP est composé de 260 membres, diffuseurs de médias dans plus de 70 pays sur quatre continents. La liste des finalistes est composée de 4 productions et la présence de cet essai sonore proposé par Radio Roumanie est une première de plusieurs points de vue. Quelles seraient les possibles explications de ce succès inattendu ? C'est Ilinca Stihi qui répond.
« Je suis heureuse de compter Ioana Ieronim parmi mes amis, je l'apprécie particulièrement tant humainement qu'artistiquement. J'ai déjà collaboré avec elle. Cette fois-ci, je peux affirmer que son volume sur la Maison du Peuple de Bucarest a figuré parmi mes sources d'information et s'est avéré un véritable défi. Nous faisons partie de générations différentes, je ne peux pas dire que, pour moi, la Maison du Peuple ait été un thème de méditation. En lisant le texte, je me suis tout de suite rendu compte que c'était un symbole très important de l'histoire récente, sis au beau milieu de notre Capitale et dont nous ne nous rendons pas compte souvent qu'il existe. Mais il a une influence énergétique sur nos tentatives de trouver un itinéraire vers l'avenir. Généralement, je ne cherche pas à obtenir des prix et je n'attends pas avec impatience le résultat d'un concours, mais certes je suis très curieuse de savoir qui sera le gagnant, cette fois-ci. »
Quelles sont les autres pièces figurant sur la liste courte des finalistes ? Ce sont « New Year's Day at Home Door », proposé par la radio nationale de Chine, « Tears in Wuhan », par Radio Republik Indonésie, et « The Days of Depression » du Japan Broadcasting Corporation.
linca Stihi avoue ne pas savoir quels ont été les atouts de sa pièce qui ont convaincu le jury de la compétition, mais affirme que ce qui a peut-être compté, ce sont le message de ce bref essai sonore de 10 minutes et sa réflexion sur un type de dictature mégalomaniaque. Ou ce fut, peut-être, le tissu entre les voix et la musique, spécialement composée pour cette pièce, et le design sonore qui ont réussi à dépasser parfaitement les barrières culturelles entre nos espaces. Et aussi les voix et le talent des trois comédiennes - Coca Bloos, Ana Ciontea, Sandra Ducuță - qui ont livré le message parfois subliminal de sa propre génération. Une équipe majoritairement féminine, incarnant, peut-être, les différentes voix de l'auteure, détachées et adaptées d'un autre volume d'Ioana Ieronim, intitulé « Chiffres en délire, collage et vers ».
Figurer parmi les quatre finalistes des Prix de l'Union de radiotélévision Asie Pacifique (URAP) 2020 est une performance en soi pour le théâtre radiophonique de Roumanie, dont le palmarès ne fait que s'enrichir d'une année à l'autre, surtout dans l'espace européen et américain. A tout cela vient d'ajouter le festival Grand Prix Nova, de Radio Roumanie même, qui s'est déroulé en ligne en 2020. Cette nouvelle tombe à pic, selon Ilinca Stihi : « Surtout en ce moment, lorsque de nombreux festivals ont été annulés, cette nouvelle est une motivation supplémentaire dont on avait besoin. La culture est dominée à présent par une sorte de mélancolie, pour ainsi dire. Tout moment festif, qui se déroule désormais à distance, est vécu avec beaucoup plus d'intensité qu'auparavant. »
Pour finir, sachez que l'URAP est une association professionnelle fondée en 1964, qui donc fêtait, l'année dernière, 55 ans d'existence durant lesquels elle a soutenu le développement des activités média, a représenté les intérêts communs et stimulé la coopération des diffuseurs de radio et de télévision, par la promotion de leurs productions. Les Prix de l'URAP récompensent notamment la manière dont les médias reflètent et posent des questions sur des sujets du monde contemporain. (trad. Alex Diaconescu)
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