La tentative de la majorité parlementaire philo-russe de Chişinău de modifier la composition de la Cour constitutionnelle de la République de Moldova est durement critiquée par les partenaires occidentaux du pays.
La confrontation politique acerbe entre la présidente réformiste et pro-européenne de la République de Moldova, Maia Sandu, et la majorité parlementaire philo-russe de Chişinău monte d'un cran et investit le domaine constitutionnel, où elle n'a pas sa place. Vendredi dernier, les socialistes et leurs alliés du Parti Şor ont voté une déclaration sur l'usurpation du pouvoir au sein de l'État par la Cour constitutionnelle, dont ils ont sanctionné trois juges d'un vote de blâme. La majorité parlementaire hostile à Maia Sandu qualifie de « dictatoriale et non-démocratique » une décision de la Cour, qui constatait récemment que toutes les conditions étaient réunies pour dissoudre le Parlement. Ce qui plus est, les juges ont annulé le vote du Législatif qui avait approuvé la désignation de l'actuelle présidente de la Cour, Domnica Manole, comme juge constitutionnelle. Le camp philo-russe a réagi ainsi après que Maia Sandu avait reçu le feu vert de la Cour constitutionnelle pour dissoudre le Parlement, suite aux tentatives avortées de former un gouvernement.
La mise politique de l'alliance coagulée autour de l'ex président Igor Dodon est évidente, il s'agit d'empêcher la tenue d'élections anticipées, souhaitées par la chef de l'État. Sauf que, par son vote de vendredi dernier, ladite alliance a franchi la ligne rouge du respect de la Constitution du pays. C'est ce que disent d'une seule voix l'Union européennes et les États-Unis. Le Haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borell, a rappelé l'engagement, assumé par la République de Moldova dans le cadre de son Accord d'association avec l'UE, de respecter l'indépendance de la Cour constitutionnelle. Et lui de qualifier le vote de vendredi dernier d'attaque ouverte contre l'ordre constitutionnel et de tentative de saper l'État de droit. À son tour, l'ambassadeur des États-Unis, Dereck Hogan, considère que le vote de la majorité parlementaire de Chişinău montrait un manque de respect pour la séparation des pouvoirs.
Bucarest, soutien enthousiaste du petit État voisin à population roumaine majoritaire, a réagi avec une fermeté similaire. La déclaration adoptée vendredi dernier par le Parlement de Chişinău est du mépris à l'adresse de l'indépendance de la Cour constitutionnelle de la République de Moldova, affirmait le ministre roumain des affaires étrangères, Bogdan Aurescu. Et lui d'ajouter que la démarche en question mettaient en évidence combien il est important d'éviter toute décision ou démarche qui remette en question l'État de droit. Le ministre roumain a aussi précisé que la Commission de Venise s'était également exprimée sans ambiguïté en ce sens que tout attentat contre la Cour constitutionnelle, tout refus d'accepter les décisions d'une Cour constitutionnelle, comme dans ce cas, était une violation de l'État de droit.
Le petit pays sans accès à la mer, voisin de la Roumanie et de l'Ukraine, ambitionne d'adhérer à l'UE, mais les soucis liés à la corruption et à la démocratie ont détérioré les relations avec le bloc communautaire, note l'Agence de presse Reuters. C'est le problème que souhaite résoudre la présidente Maia Sandu, mais cela est impossible en l'absence d'un gouvernement et d'une majorité parlementaire partenaires. (Trad. Ileana Ţăroi)
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