La coalition au pouvoir en Roumanie a décidé de recalculer les retraites et affirme avoir pris un calendrier en vue de leur augmentation, qui tient compte de la situation économique actuelle. Le Parti social-démocrate, d’opposition, rejette ces arguments.
En Roumanie, les divergences au sujet des retraites entre le pouvoir et l’opposition sont loin de tarir. La ministre libérale du Travail, Raluca Turcan, a annoncé que les retraites des Roumains seraient recalculées et que l’évaluation des dossiers avait commencé. Selon les estimations, l’analyse des près de 5 millions de dossiers prendra environ un an et demi. Ensuite, dit la ministre responsable, une nouvelle loi du système public de retraites pourra être élaborée, fondée sur la contributivité et l’équité. Raluca Turcan :
« Nous avons plusieurs variantes de formules et nous sommes également à la recherche de la formule censée apporter contributivité et équité pour le plus grand nombre possible de retraités, mais aussi conférer de la durabilité au système de retraites. Parce qu’une chose dont on n’a pas parlé, et qui était en quelque sorte injuste pour 5 millions de retraités, c’est que la Loi 127, qui prévoyait une nouvelle formule de calcul des retraites, présupposait en fait un effort budgétaire qu’aucune économie dans la même situation que l’économie roumaine, même avant la période de crise économique engendrée par la crise sanitaire, ne pouvait se permettre. »
Une augmentation des pensions de 40%, à compter de septembre 2020, avait été prévue par les sociaux-démocrates, majoritaires au Parlement au moment de la prise de cette décision. L’accroissement n’a toutefois pas été mis en œuvre par les libéraux, arrivés au pouvoir l’automne dernier, ni maintenant ; à l’époque, ils avaient pris une ordonnance qui décidait d’une hausse de seulement 14%, qui a d’ailleurs été opérée. Les calculs indiquent que l’application de l’augmentation des retraites de 40% aurait un impact de 138 milliards de lei (plus de 28 milliards d’euros) sur le budget de l’Etat. La Roumanie ne pouvait pas se permettre l’année dernière et ne peut pas se permettre cette année non plus d’accroître les retraites de 40%, a déclaré le Premier ministre libéral Florin Cîţu, invoquant le contexte économique gravement touché par la crise sanitaire.
Toutefois, la Cour constitutionnelle a rejeté la saisine du gouvernement contestant ladite loi, adoptée par le Parlement. Elle n’a déclaré recevable que partiellement une objection d’inconstitutionnalité. La Cour constitutionnelle estime que la manière défectueuse de légiférer a créé une incertitude juridique quant à l’existence normative de la valeur du point de retraite. La suppression par les députés du Parti social-démocrate, majoritaires l’année dernière, de l’ordonnance adoptée par l’ancien gouvernement libéral Orban d’articles par lesquels les retraites n’ont été accrues que de 14% crée un vide législatif, car elle n’a pas précisé une nouvelle valeur du point de retraite. De ce fait, les parlementaires du Parti social-démocrate ont présupposé que la majoration de 40% entrerait automatiquement en vigueur. Le Parti social-démocrate, d’opposition, rejette la position du pouvoir, demande l’application de l’augmentation figurant dans la loi des retraites en vigueur et estime que la législation actuelle ne doit pas être modifiée. Le dernier recalcul des retraites en vigueur a eu lieu en Roumanie entre 2005 et 2010 ; à l’époque, un million de dossiers environ avaient été examinés.
(Trad. : Ligia)
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