Dans le monde actuel, la guerre en Syrie, c’est beaucoup plus qu’une crise des réfugiés ou qu'un décompte du grand nombre de victimes enregistrées dans ce pays...
C'est aussi la menace de Daech, qui plane sur le monde entier, avec des attentats au cœur de l'Europe et la nécessité d'élaborer de nouvelles règles de fonctionnement pour l'UE. Les problèmes qui se font jour aux frontières européennes sont pour la plupart une conséquence de la situation dramatique en Syrie, confrontée depuis plus de quatre ans à une guerre civile et un des pays où Daech a consolidé ses positions.« Les djihadistes utilisent femmes et enfants sans défense comme boucliers humains, nous les frappons plus fortement que jamais en Irak et en Syrie, mais les progrès doivent être plus rapides » - déclarait récemment le président américain, Barack Obama.
Selon la trésorerie des Etats-Unis, en quelques années seulement, l'Etat Islamique est devenu la structure terroriste la plus riche de l'histoire : elle fait du trafic d'antiquités et d'êtres humains et demande des rançons de centaines de milliers ou des millions de dollars pour libérer des otages. Elle reçoit également d'importantes donations de la part de personnalités influentes du monde arabe.Pourtant, les plus grandes sommes d'argent proviennent de la vente sur le marché noir de produits pétroliers, qui rapporterait quelque 40 millions de dollars par mois à l'Etat Islamique - Etat Islamique ou Daech - acronyme arabe interdit dans les territoires contrôlés par les terroristes, mais de plus en plus utilisé en Occident.
D'ailleurs, ce n'est pas par hasard que, peu après les attentats terroristes de novembre à Paris, le président français, François Hollande, a employé cet appellatif en condamnant les actions revendiquées par les terroristes. Dans la langue arabe, le mot « dawla » - Etat - peut signifier un Etat dans le sans moderne du terme, mais il peut tout aussi bien être mis en rapport avec les califats médiévaux. De l'avis des experts, Daesh a choisi à dessin ce nom pour créer une ambiguïté et encourager ses adeptes à considérer l'Etat Islamique en Irak comme un proto-califat, le premier califat.Quelle que soit la façon dont on l'appelle, l'organisation terroriste a développé un réseau de personnes qui la soutiennent en Europe et aux Etats-Unis, y compris par l'intermédiaire d'Internet, des réseaux sociaux et des moyens modernes de communication en général.
L'analyste politique et militaire Claudiu Degeratu explique:« Il ne s'agit pas seulement d'un réseau de soutien, il s'agit de cellules actives, de personnes qui suivent un entraînement, qui viennent ou reviennent périodiquement dans les zones d'instruction du Proche Orient, notamment de Syrie, et qui préparent continuellement des projets d'attentats. C'est pourquoi il n'y a plus de différence entre, disons, la spécificité du terrorisme au Proche Orient et en Europe. A mon avis, du moins pour Daech, on devrait parler de spécificités similaires en Europe et au Proche Orient. Il s'agit d'un proto-Etat, doté d'institutions et qui utilisent certaines procédures. D'où la tendance à considérer Daech non seulement comme un groupe terroriste, mais aussi comme un Etat aux fonctions spécialisées, bénéficiant de réseaux spécialisés. Il ne s'agit pas de simples cellules agissant sur leur propre compte. »
Y a-t-il, dans l'UE, des Etats plus exposés que d'autres à la menace terroriste ? Claudiu Degeratu :« Je pense qu'en ce moment, même si l'on prenait en compte les statistiques et n'importe quel modèle, aussi sophistiqué qu'il puisse être, l'interconnexion est si grande qu'il y a une zone commune de menaces et de risques et une autre zone différenciée d'un pays à l'autre. Il est difficile de dresser une hiérarchie des éventuelles cibles et du niveau d'exposition. Ce niveau est très élevé, car la liberté de circulation dans l'UE est beaucoup plus grande et alors, statistiquement parlant, les niveaux d'exposition sont très rapprochés. »
Cette semaine même, la Commission européenne a proposé la création d'une nouvelle agence chargée de la garde côtière et de la surveillance des frontières extérieures de l'Union. Cette agence bénéficiera des ressources de Frontex et des Etats membres, mais elle doit acquérir son propre équipement et pourra mobiliser, si nécessaire, une force de réaction rapide aux frontières extérieures dans un délai de 3 jours tout au plus. Cette décision a été prise après que la crise des réfugiés fuyant la zone de conflit a mis en évidence les points faibles des mécanismes de l'UE de gestion de ses frontières extérieures.
Des réponses à la menace grandissante que représente l'Etat Islamique viennent également du monde musulman. L'Arabie Saoudite a annoncé la création d'une coalition avec 34 pays majoritairement musulmans, dont l'objectif sera de combattre le terrorisme. La coalition doit coordonner les efforts dans la lutte contre les groupes extrémistes d'Irak, de Syrie, d'Egypte et d'Afghanistan. « Cette décision est un effet de la vigilance du monde islamique dans la lutte contre ce fléau, l'extrémisme islamique, qui a touché le monde musulman et même la communauté internationale dans son ensemble. Le centre de coordination des opérations se trouvera à Riad » - a précisé le ministre saoudien de la Défense, Mohammad bin Salman.Par ailleurs, à Washington, Barack Obama a exclus, une fois de plus, le déploiement de troupes terrestres en Syrie, bien que, selon un récent sondage, à présent plus de la moitié des Américains estiment cela nécessaire.(Trad.: Dominique)
Liens utiles
Copyright © . All rights reserved