Les esprits s’agitent sur la scène politique de Roumanie, notamment après la décision de la CCR d’annuler les amendes applioquées par la police durant l’état d’urgence institué par les autorités dans le contexte de la pandémie de coronavirus.
En Roumanie, l'actuelle crise sanitaire causée par le coronavirus est doublée par une crise politique, qui n'est pas une nouveauté, en fait. Pour rappel, l'automne dernier, les sociaux-démocrates ont dû quitter le pouvoir suite à une motion de censure déposée par l'opposition. Depuis, un gouvernement libéral est à la tête du pays et il est soutenu par un président issu du même parti. Si la pandémie de coronavirus n'avait pas frappé le pays, des élections locales auraient eu lieu ce printemps et peut-être des élections législatives anticipées aussi. Ces dernières étaient vivement demandées par le chef de l'Etat afin de remplacer ce qu'il a appelé « la majorité sociale-démocrate toxique» du Parlement.
Comme ces deux derniers mois ont été dominés par la bataille contre le coronavirus, la lutte entre le pouvoir et l'opposition est passée au second plan. Cette semaine, pourtant, elle refait surface, sur toile de fond d'une décision de la Cour Constitutionnelle de la Roumanie : les droits fondamentaux de l'homme ne peuvent pas être limités par un décret d'urgence gouvernemental, d'où le caractère non constitutionnel des amendes appliquées par la police à ceux qui n'ont pas respecté les restrictions imposées pendant l'état d'urgence.
En l'absence de ces amendes, le nombre des décès causés par le Covid-19 aurait été beaucoup plus élevé, insiste, de son côté, le président Klaus Iohannis : « Il est complètement surprenant qu'aujourd'hui les sanctions soient discutables ; alors qu'il est évident pour nous tous qu'elles ont servi à empêcher la propagation du virus. Je trouve tout aussi surprenante la perspective de certaines autorités qui, par leur mission ou par leur nature juridique, ont l'obligation constitutionnelle de ne pas perdre de vue l'intérêt général de la société, au moment où elles prennent des décisions. »
En même temps, le président a pointé du doigt le Parti Social - Démocrate (PSD), qui, à son avis, a fait un travail « carrément toxique » au Parlement, restant « la même formation politique dont la seule préoccupation est de sauver ses barons (locaux) ».
La contre-attaque des sociaux-démocrates n'a pas tardé. Le comportement du chef de l'Etat a, selon eux, des aspects dictatoriaux, vu qu' « il doit avoir toujours raison » et qu'il ne cesse d' « attaquer des institutions fondamentales de l'Etat ».
Le leader par intérim du PSD, Marcel Ciolacu renchérit : « Le gouvernement a perdu sa crédibilité et il a cessé d'emprunter de l'argent. Bientôt, le gouvernement n'aura plus d'argent pour payer les salaires et les retraites. Bien que les Roumains soient confrontés quotidiennement à ces problèmes, Iohannis ne parle pas d'un projet de relance économique. Il ne parle que du PSD. A chaque à chaque intervention publique. Cela fait 6 mois déjà que le PNL est à la gouvernance et le PSD est dans l'opposition ! Arrêtez d'accuser les autres ! Vous avez tout le pouvoir entre vos mains - vous gouvernez, vous prenez des mesures pour les Roumains ! ».
Voilà, donc, que la crise sanitaire de coronavirus a des implications multiples dans la vie sociale et politique de la Roumanie. (Trad. Valentina Beleavski)
Liens utiles
Copyright © . All rights reserved