Le premier document qui témoigne de l’existence de la ville de Bucarest date du 20 septembre 1459 ; il a été émis à la chancellerie du prince régnant Vlad Tepes, Vlad l’Empaleur.
En 1862, Bucarest devient la capitale des Principautés unies de Moldavie et de Valachie. Il se développe en tant qu'important centre culturel et artistique, dont les élites importent le modèle occidental, notamment français, vers le début du 20e siècle. L'architecture particulière et l'atmosphère de la bohème bucarestoise d'avant la première guerre mondiale avaient donné à la capitale roumaine le surnom de « Petit Paris », qui allait être gardé aussi pendant l'entre-deux-guerres.
Malheureusement, le régime communiste est brutalement intervenu dans l'architecture et l'infrastructure bucarestoises. De nombreux monuments historiques ont été détruits, surtout dans les années '80, pour laisser la place aux immenses quartiers dortoirs prolétaires. A l'heure actuelle, Bucarest est divisé du point de vue administratif en 6 arrondissements, leurs limites allant comme des rayons du centre vers la périphérie. L'historien Emanuel Badescu évoque les débuts de la capitale roumaine actuelle.
« Bucarest a eu comme noyau la Cour princière, le Palais princier et un village dont est issu le plus vieux quartier de la ville. C'était autour de l'Eglise Saint Georges l'ancien. Ce quartier, appelé le faubourg de Popescu, s'étendait jusqu'au-delà des églises Delea Veche et Delea Noua, arrivant à proximité du monastère de Marcuta, dans l'est de Bucarest. Le lieutenant - colonel Papazoglu, historien archéologue et géographe roumain du 19e siècle, affirmait que le quartier Dobroteasa serait le lieu de naissance de la ville. Il se trompait de quelques centaines de mètres, puisque le noyau était en fait l'Eglise Saint Georges l'ancien. »
Le troisième arrondissement de la capitale inclut la plus grande partie du centre historique de la ville. Mélange inédit de bâtiments anciens, représentatifs pour la capitale, et de quartiers nouveaux, le 3e arrondissement s'étend de la Place de l'Université jusqu'à l'extrémité est de la ville. Avec ses 34 kilomètres carrés et 342 mille habitants, selon le recensement de 2011, cet arrondissement est aussi le plus peuplé de la capitale. Le long de son histoire, il a souffert de nombreuses transformations, pour des raisons plus ou moins connues.
Plus de détails avec l'historien Emanuel Badescu : « Cette ville dans la ville est l'endroit qui a souffert le plus, suite au grand incendie du 23 mars 1847. Si nous regardons la carte dessinée par le même lieutenant - colonel Papazoglu, nous constatons que l'incendie déclenché dans la cour de la famille Filipescu, devant l'Eglise Saint Démètre, s'est étendue jusqu'au delà de l'Eglise Saint Etienne, sur l'actuelle avenue Calarasilor. Pratiquement ce grand incendie s'est propagé sur l'ensemble du territoire occupé actuellement par le 3e arrondissement de Bucarest. Ce fut également là qu'ont été appliquées les premières réglementations dans la construction des immeubles, proposées tant par Gheorghe Bibescu que par son frère Barbu Stirbey. Ces normes de construction des maisons privées sont valables de nos jours encore. Je ne sais pas quel fut le rôle joué par ce feu et s'il n'avait pas été provoqué par quelqu'un puisque certains quartiers n'ont pas été touchés. Par exemple, l'ancien hôtel de ville, bâti par Xavier Villacrosse en 1843, fut miraculeusement épargné par le feu. Le bâtiment a été démoli plus tard, durant les travaux de canalisation de la rivière Dambovita, autour de l'an 1880. »
Sur l'emplacement actuel de l'Université de Bucarest, un des plus importants bâtiments qui sert pour délimiter les 1er et le 3e arrondissements de Bucarest, était l'ancien monastère Saint Sava. Au 18e siècle, le monastère école devient Académie princière. La Banque nationale, le Palais des Postes - actuel Musée national d'histoire de la Roumanie, le Caravansérail de Manuc, mais aussi les églises Stavropoleos, Coltea et l'Eglise russe sont autant de monuments qui ont heureusement résisté à la période communiste.
Ce ne fut pas le cas pour d'autres quartiers du 3e arrondissement de la capitale, extrêmement importants pour l'histoire de Bucarest, explique Emanuel Badescu : « Tout historien peut constater avec amertume l'ampleur des grandes destructions de la période 1981-1986. Pendant ce temps, cet arrondissement a souffert davantage que les cinq autres. Il s'agit de la destruction du plus grand faubourg de Bucarest, le faubourg de Popescu, qui incluait le vieux noyau délimité par l'église Saint Georges l'ancien et l'église Saint Vendredi, qui ont tout simplement disparu. De nouveaux immeubles à plusieurs étages ont été érigés jusqu'au croisement des avenues Calarasilor et Mihai Bravu. Nous voyons comment la partie la plus ancienne de l'arrondissement et de la Capitale a carrément été mutilée. Au delà de l'Avenue Mosilor, ce qui reste, c'est l'église fondée par le maréchal Ion Antonescu, où se trouve toujours le buste de celui-ci ».
C'est dans les quartiers dortoirs du Centre civique, Dristor, Muncii, Titan et Timpuri Noi qu'est concentrée la plupart de la population du 3e arrondissement de la Capitale. L'organisation verticale de la ville avait été imaginée à l'époque communiste comme solution dans le cadre de la politique d'urbanisation de la ville. A l'heure actuelle, le développement immobilier provoque des inquiétudes quant au sort des monuments et des quartiers historiques de Bucarest.
(trad : Alex Diaconescu)
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