La menace du virus Zika

la menace du virus zika Une épidémie en Europe est possible, selon l'OMS

 

L’Organisation mondiale de la Santé a appelé les Etats européens à se préparer dès maintenant à une éventuelle épidémie provoquée par le virus Zika, à l’approche de la saison printemps-été. Apparemment bénigne, l’infection à virus Zika est soupçonnée d’être à l’origine de graves malformations congénitales du cerveau du fœtus lorsque les femmes enceintes sont contaminées. Le virus sévit en Amérique du Sud, notamment au Brésil, mais il est également signalé dans quelques pays d’Europe, chez des personnes rentrant d’Amérique latine.

 

Le président de la Société roumaine de microbiologie, Alexandru Rafila, a assuré que, pour l’instant, le virus ne menace pas la Roumanie. « Nous n’avons rien à craindre, pour le moment. Ce virus est actuellement responsable de maladies qui se manifestent dans la zone tropicale des deux Amériques. Dans leur majeure partie, ce sont des maladies légères, qui guérissent sans traitement. Ce qui préoccupe les autorités de santé publique des pays de la région c’est une possible corrélation entre l’infection à virus Zika et l’apparition de certaines anomalies congénitales chez les enfants nés de mères contaminées. On a pu constater une flambée de cas de microcéphalie. » 

 

Le virus Zika a été identifié la première fois en Ouganda, d’abord chez les singes rhésus, en 1947, ensuite chez l’homme, en 1952, en Ouganda et en Tanzanie. Malheureusement, le virus se propage de manière alarmante. Les premiers cas de contamination avaient été rapportés au Brésil en mai dernier, alors qu’à présent leur nombre s’élève à près d’un million et demi. C’est le moustique tigre qui est le vecteur du virus Zika en Amérique latine, explique Alexandru Rafila: « Zika se transmet par piqûre de moustique. Les symptômes sont généralement absents, mais, dans sa forme manifeste, la maladie s’accompagne de fièvre, de douleurs articulaires et de conjonctivite. L’infection par le virus Zika guérit sans traitement, en quelques jours seulement, voire une semaine. Pour l’instant, on n’a pu prouver de manière scientifique que la transmission de la mère au fœtus. »

 

Les hommes de science brésiliens prennent pourtant également en compte la possibilité que le virus Zika se transmette d’humain à humain. Ils ont dépisté le virus actif dans les échantillons de salive et d’urine de certains malades, ce qui signifierait que l’infection pourrait ne pas se transmettre exclusivement par l’intermédiaire des moustiques, mais aussi par la toux, l’éternuement ou le baiser. Actuellement il n’y a pas de vaccin contre le virus Zika et, selon les spécialistes, une année sera nécessaire pour mettre au point un tel vaccin. Plusieurs groupes pharmaceutiques ont annoncé travailler déjà pour obtenir un antidote. En même temps, l’Agence européenne du médicament a créé une équipe d’élite pour assister les compagnies pharmaceutiques et les médecins qui sont en quête d’un vaccin ou qui traitent les personnes infectées. La fièvre Zika ressemblerait à la fièvre dengue, au virus amaril ou au West Nile – pour lesquels soit il existe déjà un vaccin, soit les chercheurs sont très proches d’en obtenir un – ce qui augmente l’espoir des spécialistes. Le rythme accéléré de propagation de la maladie transforme pourtant les recherches en une véritable course contre la montre. Selon l’OMS, en 2016, le nombre de personnes touchées sur les continents américains pourrait dépasser les 4 millions.

 

La directrice générale de l’OMS, Margaret Chan, a qualifié le Zika d’événement extraordinaire, de menace globale à laquelle il faut donner une réponse coordonnée: « Il faut une réponse internationale coordonnée pour diminuer les risques dans les pays déjà touchés et pour arrêter une éventuelle propagation du virus. Nos experts estiment que les conditions sont réunies pour déclarer le Zika une urgence globale de santé publique. »

 

Parallèlement aux efforts visant à mettre au point un vaccin, tous les pays d’Amérique Latine se sont mobilisés pour lutter contre ce virus. Le Brésil utilise des moustiques génétiquement modifiées dans le cadre d’un projet pilote. Ainsi, un type de moustique, créé par une compagnie britannique, est lâché quotidiennement dans la nature depuis une camionnette. Ces moustiques s’accouplent avec les femelles sauvages et transmettent à leurs descendants un gène létal, de sorte que les moustiques de la nouvelle génération meurent avant de devenir adultes.

 

En République Dominicaine, on a eu recours aux militaires pour lutter contre le moustique tigre, vecteur du virus Zika,  par des opérations de nettoyage et d’élimination de l’humidité de l’air. Paris a décidé récemment que les touristes ayant voyagé dans les zones où sévit le Zika ne puissent faire un don de leur sang que 28 jours après leur retour, pour éviter le risque de transmission du virus par les transfusions.

 

Enfin, l’apparition du virus Zika fait déjà l’objet de spéculations. On parle entre autres de moustiques génétiquement modifiées par des experts en biotechnologie dans le but de prévenir la diffusion de la fièvre dengue et d’autres infections, ce pourquoi ces moustiques auraient été lâchés au Brésil, en 2012. (trad.: Mariana Tudose, Dominique)


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Publicat: 2016-02-11 18:40:00
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