L’économie mondiale serait-elle proche d’une nouvelle crise?

l’économie mondiale serait-elle proche d’une nouvelle crise? L'économie mondiale traverse un moment faste et, dans le contexte actuel, une nouvelle crise ne serait pas envisageable, à moins que de mauvaises décisions politiques ne s'y mêlent, estime Jeffrey Sachs, estime réputé professeur américain.

Une décennie est passée depuis le début de la crise qui a mis en difficulté les grandes puissances économiques mondiales et l'ensemble de l'Union européenne, jusqu'à tester les limites de leurs capacités à gérer une situation exceptionnelle. Le réputé professeur américain Jeffrey Sachs a rendu son analyse de l'évolution de l'économie globale lors d'une récente visite à Bucarest, à l'invitation des autorités roumaines. Selon lui, l'économie mondiale traverse un moment faste et, dans le contexte actuel, une nouvelle crise ne serait pas envisageable, à moins que de mauvaises décisions politiques ne s'y mêlent. 


Jeffrey Sachs : « Si une crise finissait par arriver, ce ne serait que le résultat de la mauvaise gestion des leaders. Sinon, il n'y a pas de raisons d'assister à une crise économique. A présent, les régions les plus importantes, à commencer par les Etats-Unis, l'Europe, la Chine et l'Inde vont bien. »  


Autrement dit, l'économie mondiale se porte bien, mais tout dépend de la qualité des décisions que seront prises par les leaders du monde. Aux Etats-Unis, nous observons une croissance économique, qui ne se traduit pas par un accroissement du bien-être général. Celui-ci est en baisse constante, les gens sont mécontents, l'espérance de vie diminue, affirmait le professeur Sachs, bien connu pour ses positions critiques à l'égard de la politique du président américain Donald Trump. Selon le même professeur, les crises économiques trouvent leurs origines dans des politiques erronées. Or, actuellement, il existe un risque certain dans ce sens.  D'autre part, dit-il, on voit un agenda économique global positif et intéressant, on voit l'apport potentiel des nouvelles technologies à l'accroissement de la prospérité, pour mettre un coup d'arrêt à la pauvreté et pour créer une économie mondiale basée sur les énergies renouvelables. 

 

Conformément à Jeffrey Sachs, l'indicateur du produit intérieur brut, le PIB, n'arrive plus à refléter réellement ce qu'il se passe ni dans l'économie, ni dans la société : « Le PIB ne reflète pas, par exemple, le degré de pollution atmosphérique ni la qualité de vie en général. La croissance économique ne peut tout simplement pas se voir confisquée au profit de quelques personnes et de quelques compagnies ». Le professeur Sachs invite à une coopération accrue entre les pays, qui devraient repenser leur vision de l'avenir. « De quoi veut-on que l'avenir soit fait ? Désire-t-on une planète de la paix, de la prospérité et du développement durable ? Le monde tel que l'on veut avoir demain doit se trouver au centre de notre action politique. » 

 

Le professeur Sachs encourage la Roumanie à défendre une Union européenne forte, à l'économie ouverte, à accroître ses investissements et à les orienter vers les objectifs visant un développement durable.


Jeffrey Sachs : « La Roumanie appelle à des investissements solides, en provenance de sources publiques et privées. Ces investissements doivent s'orienter vers le développement durable. C'est-à-dire dans la direction de l'énergie renouvelable, des technologies de pointe, des véhicules électriques, de l'infrastructure durable, avec un bon degré de connectivité. Certes, le maintien d'une politique fiscale stable permet un développement à long terme de ces investissements. La clé du développement durable dans l'économie moderne d'aujourd'hui c'est de disposer d'une main d'œuvre bien qualifiée, d'avoir d'excellentes universités, ainsi que d'une ouverture vers des partenaires et des investisseurs étrangers qui aident à la création des marchés internationaux. Donc, du point de vue du développement régional en Roumanie, il importe de regarder chaque région, d'analyser le degré de qualification de sa main d'œuvre, de voir quelle est l'infrastructure de la région, quels sont ses liens avec les marchés internationaux, si elle a du succès pour attirer les investissements étrangers et, enfin, ce qu'il faudrait faire en matière de politiques publiques pour s'assurer que toutes les régions en bénéficient. » 


Du point de vue des leaders roumains du monde des affaires, le modèle de développement actuel, basé sur la croissance de la consommation, n'est pas vraiment ce dont on aurait besoin. 90% de ces leaders partagent cette opinion, selon une étude récente. Qui plus est, 85% des compagnies roumaines voient leurs projets d'investissements menacés par l'incertitude fiscale, selon le bureau d'études de la compagnie Ernst&Young Roumanie. 


Mihaela Matei, coordinatrice des recherches au sein de cette entreprise, explique : « La conclusion principale met à jour un fond d'incertitude, voire d'inquiétude des leaders des organisations actives en Roumanie par rapport à la croissance économique enregistrée cette année, par rapport au modèle de croissance générée par la hausse de la consommation et par rapport à la stratégie économique nationale. 99% des répondants souhaiteraient une stratégie basée sur un modèle de croissance soutenable, souhaiteraient la réduction des écarts structurels par rapport aux pays de l'Europe de l'Ouest. » 


Présents à leur tour à Bucarest, les représentants du Fond monétaire international ont adressé des recommandations basées sur un savant mélange de politiques monétaires et fiscales en faveur des investissements, pour que le rythme de croissance enregistré l'année dernière puisse être maintenu. Les représentants du FMI ont souligné l'importance d'améliorer la collecte des taxes et la nécessité de maintenir les dépenses publiques dans des limites soutenables. L'exécutif de Bucarest table sur une croissance économique de 6,1% en 2018, s'appuyant sur les investissements, notamment grâce aux fonds européens. (Trad. Ionut Jugureanu)
 


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Publicat: 2018-07-13 13:14:00
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