Sommet aux enjeux complexes à Bucarest

sommet aux enjeux complexes à bucarest Bucarest a récemment accueilli le sommet de l’Initiative des Trois Mers, réunissant de nombreux chefs d’Etat, présidents de Parlements et responsables européens et américains, dont Jean Claude Junker, le président de la Commission eurpéenne

« L'Initiative des Trois mers »  est un projet arrivé à maturité d'un point de vue politique et conceptuel, et toutes les conditions sont réunies pour démarrer la construction de projets concrets », avait affirmé le chef de l'Etat roumain, Klaus Iohannis, lors du Sommet qui a réuni à Bucarest de hauts dignitaires et responsables européens et américains, dont le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et Rick Perry, le secrétaire américain en charge de l'Energie. Et ce sont bien les projets économiques visant le développement de la région située entre les mers Baltique, Adriatique et Noire qui ont constitué le point central des débats étalés sur deux jours dans la capitale roumaine. 


L'Initiative des Trois mers est une plateforme informelle réunissant 12 Etats membres de l'UE de la région, à savoir l'Autriche, la Bulgarie, la Croatie, la République tchèque, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie. Le Sommet s'était proposé d'aboutir à des avancées significatives dans le domaine de l'accroissement du degré d'interconnexion entre les Etats de la région dans trois domaines prioritaires : l'énergie, le transport et l'économie numérique. « L'Initiative a le potentiel d'accroître le degré d'interconnexion en Europe centrale et du sud-est, d'accélérer les relations économiques et commerciales, les flux d'investissements, aussi bien à l'intérieur de la région qu'avec les autres partenaires euro-atlantiques. Nous sommes dès lors les défenseurs de cette initiative, pour aboutir à une consolidation de l'ensemble de l'Union européenne et de la relation transatlantique », affirmait le président roumain. Le Sommet a sans doute été l'occasion pour que chacun mette en avant des projets concrets et les défende. 


Dan Dungaciu, directeur de l'Institut des Sciences politiques et des Relations internationales de l'Académie roumaine a expliqué:  « Les sommets sont à l'instar du four à microondes. Ce n'est pas là-dedans que l'on cuisine les plats. C'est juste un moyen de les réchauffer, pour pouvoir ensuite les servir correctement. Les gens ne vont pas au sommet pour faire du brainstorming, pour dénicher d'un coup une idée géniale, et bâtir un projet sur place. Les projets sont conçus en amont. Certes, le sommet est en revanche une belle occasion pour trouver des opportunités dans le cadre des projets déjà esquissés. C'est ça, la mise : Qui a préparé quoi ? Est-ce un bon plat, apetissant pour tout le monde ? C'est sur ce type de sujets que porte l'intérêt d'un tel sommet ».


L'initiative des Trois mers, lancée en 2015, s'évertue à faire de l'Europe centrale la colonne vertébrale d'une Europe solide, en s'appuyant sur trois piliers : la convergence économique, la cohésion européenne et, enfin, une relation transatlantique forte, a rappelé la présidente croate Kolinda Grabar Kitarovic, celle qui se trouve à la base de l'Initiative, avec son homologue polonais, Andrzej Duda. Aussi, pour la première fois dans la brève histoire de l'Initiative, le Sommet a-t-il accueilli un forum d'affaires. C'est que la sécurité énergétique demeure un préalable pour mettre en œuvre les initiatives innovantes et pour accroître le potentiel commun, tel qu'il en est ressorti des travaux du Sommet de Bucarest. En sa qualité de présidente du Conseil de l'UE, l'Autriche essayera de mettre la touche finale pour ficeler le dossier de l'énergie renouvelable, a encore mentionné Alexander van der Bellen, le président autrichien, qui passera le flambeau de la présidence du Conseil de l'UE à Bucarest à la fin de l'année. « Notre objectif commun se doit d'assurer la sécurité énergétique de tous les citoyens européens or, pour y parvenir, on a besoin de diversifier les sources d'énergie et les routes d'acheminement. Nous avons besoin de ces deux éléments », a souligné le président autrichien. 


Mais quelle est l'envergure, l'impact réel d'un tel sommet? Selon Dan Dungaciu:  « Un tel sommet ouvre des pistes. C'est une plateforme qui ouvre la possibilité de concrétiser des projets que la Roumanie a dans ses cartons, et l'on parle là d'une Roumanie qui est membre de l'UE et de l'OTAN. D'autre part, cela vaut la peine de remarquer que l'on se trouve à l'intérieur d'une initiative développée par des acteurs majeurs sur l'axe économique nord-sud. Des choses sont mises sur la table, depuis les réseaux d'infrastructure, aux réseaux de transport, aux réseaux énergétiques. Tout cela se trouve sur l'axe nord-sud. Cette dimension nord-sud de la coopération régionale est sans doute importante pour la Roumanie, même si j'estime que la Roumanie aurait plutôt intérêt à s'investir dans des projets reliant l'Est à l'Ouest. Car la principale mise de la Roumanie demeure sa capacité à se connecter aux acteurs occidentaux. Il est aujourd'hui devenu assez clair qu'il ne faut pas nécessairement disposer de ressources en quantité pour devenir un hub. Par exemple, l'Allemagne, la Turquie, la Hongrie deviennent des hubs régionaux de plus en plus significatifs, alors que ces pays ne disposent pas d'importantes ressources énergétiques. Or, la Roumanie doit se connecter à ce genre de hubs, doit aspirer à en devenir un. »


Quoi qu'il en soit, l'Initiative des Trois mers est sans doute censée rapprocher l'Est et l'Ouest du bloc communautaire, ce qui fait bien partie des objectifs de l'UE, comme l'avait souligné à bon escient la commissaire européenne au développement régional, Corina Cretu, à l'occasion du Forum d'affaires, organisé en marge du Sommet.  (Trad Ionut Jugureanu)


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Publicat: 2018-10-05 14:00:00
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