Michel Minouflet (France) - Les vendanges en Roumanie

 michel minouflet (france) - les vendanges en roumanie La production est bonne cette année, et le raisin - de qualité.

Cette année, en raison de la météo très inhabituelle du printemps et de l’été, la saison des vendanges a été devancée, dans certaines régions même d’un mois. La production est bonne cette année, et le raisin - de qualité, avec une bonne teneur en sucres, dans la plupart des vignobles du pays. Ce qui permet de présager aussi des vins exceptionnels. Les vignerons se heurtent toutefois à un grand problème : l’absence de main d’œuvre, tant pour les travaux dans la vigne que pour les vendanges, et ce depuis plusieurs années. Chaque jour de retard dans les vendanges détériore la qualité et diminue la quantité de raisin.

 

Dans les villages, les jeunes sont partis travailler à l’étranger, pour des emplois plus rémunérateurs, et ceux qui restent sont trop âgés pour le travail des champs – et des vignes. Beaucoup de vignes sont même restées en friche cette année à cause de cet état de choses. D’un autre côté, les propriétaires refusent le métayage. Ils cherchent donc de la main d’œuvre dans tout le pays, et trouvent des personnes le plus souvent en Moldavie. Un journalier touche entre 70 et 110 lei, plus rarement 150 lei par jour ou pour avoir cueilli 450 kilos de raisin, soit l’équivalent de 15 à 23,65 euros, voire 32,50 euros et un repas chaud, selon la région. Ceux qui sont intéressés viennent dans les vignobles avec toute leur famille, et sont logés ; les vendanges durent un mois, un mois et demi, donc il y a moyen de se faire un peu d’argent, pour qui veut travailler. Et c’est toujours par manque de main d’œuvre que la direction de l’unique Institut de recherche et de développement pour la viticulture et la vinification du pays, à Valea Călugărească, a fait appel aux détenues de la seule prison de femmes du pays. Pour son travail, chaque détenue touche 11,75 lei de l’heure, soit 2,50 euros. Les détenues gagnent des jours de peine si elles font un travail rémunéré, et aussi 40% des revenus négociés, le reste est pour l’établissement pénitentiaire. Elles sont également contentes d’être en liberté. En général, dans les vignobles roumains, les productions de 2018 varient de 5,5 à 15 tonnes par ha, selon les vignobles et le cépage. Ce serait une opportunité pour les assistés sociaux d’arrondir leurs revenus. Eh bien, non, ils ne sont pas intéressés. Par contre, des retraités vont faire les vendanges. Les assistés sociaux préfèrent rester à la maison plutôt que de travailler. S’ils consentent à faire les vendanges, ils demandent plus d’argent que les producteurs ne peuvent offrir.

 

En fait, 4,3 millions de Roumains aptes au travail, qui ne vont pas à l’école, et ne sont ni au chômage, ni à la retraite, ils sont inactifs. Ils cumulent les aides sociales et les allocations pour les enfants et le résultat financier est le même que s’ils allaient travailler comme journaliers, soit le SMIC. Ils préfèrent donc rester les bras croisés. Pendant ce temps, la Roumanie se confronte à une pénurie aiguë de main d’œuvre. Les entrepreneurs ne trouvent pas qui embaucher. 


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Publicat: 2018-10-12 14:12:00
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