Un musée du chocolat à Bucarest

un musée du chocolat à bucarest Joli à croquer, le Musée du chocolat!

Nous pénétrons dans un espace lumineux et accueillant. Notre attention est attirée, tout de suite, par des traces de pas sur le plancher – on dirait du chocolat. L’odeur douce du dessert miraculeux flotte dans l’air. Rien d’étonnant, nous nous trouvons dans un musée du chocolat. Un produit très courant, de nos jours, qui figure sur la liste des « plaisirs interdits » : pas le soir, car on ne peut plus dormir, pas en trop grande quantité, car on prend du poids… ll n’en aurait pas été ainsi s’il n’avait pas été apporté, il y a 500 ans, à la cour du roi d’Espagne, par le conquistador Hernando Cortez.

 

L’histoire du chocolat commence il y a 2.000 ans, lorsque le cacaotier était déjà cultivé en Amérique du Sud. Christophe Colomb fut le premier explorateur à découvrir les fèves de cacao, en 1502, dans le Nouveau Monde. Apportées en Europe, elles n’ont pourtant pas suscité trop d’intérêt, car personne ne savait quoi en faire. En 1519, le conquistador Hernando Cortez a appris que le roi des Aztèques, Montezuma, avait l’habitude de consommer une boisson préparée de fèves de cacao, appelée « chocolatl ». Montezuma en buvait près de 50 tasses par jour. Il en a offert à Hernando Cortez, qui a trouvé cette boisson royale un peu amère pour son goût. Les Espagnols y ont pourtant ajouté de la canne à sucre et en ont rehaussé l’arôme avec de la vanille et de la cannelle. Ils ont aussi découvert que la boisson était plus savoureuse si on la buvait chaude. L’aristocratie espagnole a commencé depuis à apprécier ce produit miraculeux, qu’elle a d’ailleurs caché, pendant un siècle, au reste de l’Europe. Ce sont les moines espagnols qui ont dévoilé la façon de préparer cette boisson, vite appréciée à la Cour royale de France et ensuite d’Angleterre. On peut en apprendre davantage sur l’histoire du chocolat en visitant le musée de Bucarest. Nous y sommes accueillis par son directeur, Augustin Pleşa :

 

« L’idée n’est pas nouvelle, je ne peux pas m’enorgueillir d’avoir proposé quelque chose de tout à fait original. Il y a quatre ans, j’ai fait un city break à Dublin avec mon épouse. En nous baladant, nous nous sommes retrouvés devant un musée du chocolat et sommes entrés le visiter. Ensuite, nous nous sommes rendus à Vienne pour voir le musée ouvert tout près de la fabrique de chocolat de la capitale autrichienne. En utilisant Internet et avec le concours de plusieurs spécialistes, j’ai réalisé une vidéo de 6’, pour que les visiteurs de notre musée puissent voir le milieu naturel où pousse le cacaoyer et apprennent comment est fabriqué le chocolat. Nous présentons dans notre musée des choses que moi-même j’ignorais, il y a 4 ans – par exemple le fait qu’en en Amérique du Sud on a bu du cacao pendant des centaines d’années. Nous ajoutons des informations sur Montezuma, sur les Aztèques, sur les Mayas, ensuite sur Cortez, qui a apporté le chocolat à la cour du roi d’Espagne. Dans notre musée, nous avons exposé un cacaoyer – en plastique – pour que les visiteurs puissent voir à quoi ressemble cet arbre, ainsi que des fruits et des fèves de cacao. Nous avons également modelé des statues représentant des indigènes d’Amérique du Sud, avec les outils dont ils se servent pour récolter le cacao. Nous avons apporté quelques balances et des broyeurs de cacao utilisés pour réduire les fèves en poudre. Et nous nous sommes amusés à modeler des statues en chocolat, dont une de notre poète national Mihai Eminescu, copie fidèle de la sculpture de Ion Jalea. Un des points forts du musée, c’est l’atelier. Nous proposons à nos visiteurs la vidéo sur l’histoire du chocolat ; après, le chocolatier de service leur apprend à préparer des pralines, et il fait une démonstration. Ensuite, nous les invitons à goûter le chocolat à la fontaine à chocolat de l’atelier, où chacun reçoit une tablette de chocolat. Le chocolatier leur offre un bic en chocolat blanc, qu’ils utilisent pour écrire des messages adressés aux personnes importantes de leur vie ou dessiner quelque chose, après quoi, ils remettent le capuchon et en font cadeau à quelqu’un. » 

 

Comment réagissent les visiteurs ? Augustin Pleşa, directeur du musée.  

« C’est une visite « de bon goût », si je puis dire, une visite douce et savoureuse et les visiteurs sont surpris, car – tout comme moi, il y a 4 ans – nombre d’entre eux ne savent pas comment la poudre de cacao est produite. Il y a des années, j’ignorais que le fruit de cacao est si spectaculaire. Actuellement, nous présentons des photos et des échantillons. »

 

Quels sont les secrets de la fabrication du chocolat ? Réponse avec Augustin Pleşa.

« Ce ne sont pas de grands secrets. Il faut tout d’abord respecter la proportion correcte de beurre de cacao mélangé à la poudre de cacao. Pour rendre ce mélange homogène, il faut le malaxer – et nous montrons cette opération à nos visiteurs. Plus la pâte est homogène, plus on respecte la proportion et la technologie, plus le chocolat est savoureux. Pourtant, cela ne suffit pas, il faut aussi lui donner une forme attrayante. Après l’avoir coulé dans les différents moules, on utilise une table vibrante pour en enlever les bulles d’air – exactement comme on le fait pour les briques. »

 

Comment sont réalisées les statues en chocolat ? Augustin Pleşa.  

« En fait, elles ne sont pas entièrement en chocolat. La statue de Mihai Eminescu, par exemple, est effectivement une copie de la statue de Ion Jalea enrobée de chocolat. Il faut les conserver à une température de 20° tout au plus, autrement le chocolat risque de fondre. Pendant des années, j’ai gardé le chocolat au frigo et souvent j’ai cru qu’il s’était altéré. Puis j’ai appris que ce n’est pas la bonne température pour garder le chocolat sans qu’il blanchisse. Ça aussi, on l’apprend en visitant le musée. »

Un musée qui a toutes les chances de devenir une des attractions de la capitale roumaine.

                                                  (Aut. : Ana-Maria Cononovici ; Trad. : Dominique)


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Publicat: 2019-07-16 15:40:00
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