Le Festival national de théâtre - 30 ans de liberté

le festival national de théâtre - 30 ans de liberté 30 ans après la chute du communiste, le Festival national de théâtre et Radio Free Europe ont organisé une rencontre historique sur les voix de la liberté avec les anciens journalistes de Radio Free Europe, Neculai Constantin Munteanu et Emil Hurezeanu.

Arrivé à sa 29ème édition, le Festival national de théâtre de cette année s'est déroulé sous le signe des trente ans de liberté écoulés depuis la chute du régime communiste, en décembre 1989. A l'époque, les Roumains regagnaient leur liberté et, avec elle, le droit à la liberté d'expression à travers les arts. Voilà pourquoi, une année avant l'édition anniversaire, le FNT a décidé de rendre hommage au droit à la culture. La directrice du festival, Marina Constantinescu, a affirmé en ouverture de l'édition 2019 que la première rencontre que le public se verrait réserver serait avec les voix de Radio Free Europa, considérée comme la voix de la liberté à l'époque de Ceauşescu. 


Marina Constantinescu : « C'est un devoir moral, celui de rendre possible une telle rencontre à l'occasion d'une édition consacrée aux 30 ans de liberté. Voilà pourquoi on a voulu nous incliner devant tous ceux qui ont résisté pour nous présenter, à l'époque, les réalités dont on n'était pas conscient, qui nous ont appris, ne serait-ce qu'un tout petit peu, ce que sont liberté intérieure et dignité. Peut-être que nombre d'entre vous se sont demandés pourquoi un festival de théâtre se penche sur un tel sujet. Sachez que notre festival s'occupe de plein de choses, y compris de nos devoirs de moralité comme celui dont je viens de parler. »


L'invitation lancée par Marina Constantinescu n'a pas tardé à faire écho. La preuve? Parmi ceux qui y ont donné cours, a figuré l'ambassadeur américain à Bucarest, Hans Klemm, qui a mis en évidence, dans son intervention, le rôle joué par Radio Free Europe dans la vie des Roumains à l'époque du régime communiste. L'occasion pour le responsable américain de rappeler le moment où Radio Free Europe s'était relancée en Roumanie. Hans Klemm affirme que et on cite « C'est une occasion de célébrer les souvenirs que les Roumains gardent des émissions de Radio Free Europe et du rôle joué par cette antenne durant toutes ces années amères, d'avant 1989. C'est une occasion de rendre hommage à tous ceux qui ont travaillé pour cette chaîne de radio - journalistes et directeurs - mais aussi au gouvernement des Etats-Unis, qui a mis en place le service roumain de Radio Free Europe à l'époque de la Guerre Froide. Je ne saurais vous mentir en affirmant connaître le véritable impacte que ces émissions-là ont eu dans la Roumanie communiste. Mais, d'après l'Ambassadeur roumain à Washington, Emil Hurezeanu, 90% des Roumains détenant, à l'époque, un poste de radio, écoutaient Radio Free Europe. Et c'est avec grande joie que j'ai appris que l'année dernière, l'organisme gouvernemental basé à Washington et qui soutient cette antenne, a décidé de sa réouverture, en Roumanie. »   


Ancienne voix de Radio Free Europe, actuellement diplomate, Emil Hurezeanu disait que « Basée à Munich, avec le siège central à Londres et les bureaux à Paris, cette chaîne de radio, lancée au début de la Guerre Froide, s'adressait à certains pays par des émissions culturelles comme celles réalisées par Monica Lovinescu et Virgil Ierunca pour la Roumanie, ou encore par des correspondances politiques depuis Washington. Ce fut une antenne mise en place par les adeptes d'une idéologie de blocage de la propagation communiste vers l'Ouest, afin de préserver une certaine normalité à travers la connexion des pays du Pacte de Varsovie aux informations occidentales. »


A une époque où la peur était monnaie courante à l'intérieur des frontières fermées de la Roumanie, les voix des journalistes de Radio Free Europe étaient associées à juste titre avec la vérité et l'objectivité. Le journaliste Neculai Constantin Munteanu fut une de ces voix, comme il l'a avoué en ouverture du Festival national de théâtre : « Je faisais partie de ces voix nocturnes qui captaient, à l'époque, l'attention de la Roumanie. Avec Hurezeanu, on a pris le micro seulement les dernières 14 années de communisme, les plus dures pour la Roumanie, et on a résisté jusqu'à la fermeture de Radio Free Europe. Il y avait, à l'époque, un noyau dur d'auditeurs à l'écoute depuis les années 1950-1960 et qui étaient fans de Cornel Chiriac. Ce fut surtout à partir de 1980 que cette radio a intégré le quotidien des Roumains. On était les seuls à pouvoir parler librement de l'actualité roumaine et on l'a fait, tout en restant conscients des possibles répercussions auxquelles on s'exposait. »


La chute du régime Ceausescu en décembre 1989 a déclenché une vague d'optimisme et d'enthousiasme, qui s'est propagée d'un bout à l'autre de la Roumanie, en imprégnant tous les milieux, y compris celui théâtral. Le critique Georges Banu s'en souvient: «Je me souviens que je me suis lié d'une grande amitié avec les comédiens Marcel Iureş et Oana Pellea, avec le metteur en scène Mihai Măniuţiu et avec la théâtrologue Cipriana Petre. Par la suite, les relations se sont légèrement refroidies, mais à l'époque, on sortait tous les jours dans un endroit branché de la capitale. D'une certaine manière, ces 30 années se rattachent aux amitiés reconfirmées ou pas, ou tout simplement, nouvellement créées. J'ai la ferme conviction que, pour perdurer, l'amitié doit être entretenue comme un jardin. »


Déroulée dans la deuxième moitié du mois d'octobre, sur plusieurs scènes de Bucarest, la 29ème édition du Festival de théâtre de Roumanie a proposé aux spectateurs une sélection des meilleures productions théâtrales à l'affiche des principales compagnies de Roumanie. Un véritable régal culturel, qu'on n'aurait jamais pu imaginer dans un pays non démocratique. (Trad. Ioana Stăncescu)


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Publicat: 2019-11-02 11:33:00
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