Le réalisateur Alexandru Solomon à la tête de l’Association One World Roumanie

le réalisateur alexandru solomon à la tête de l’association one world roumanie Annulé en raison de la pandémie de coronavirus, le Festival One World Roumanie a publié sur sa page Facebook une prise de position de la part de 600 ONG culturelles et artistiques qui appellent le gouvernement à soutenir les arts indépendants.

Initiateur du festival, le réalisateur de film documentaire Alexandru Solomon, à la tête de l'Association One World Roumanie, parle des implications qu'une telle démarche pourrait avoir et des difficultés de reporter un festival d'une si grande ampleur : « On a déjà mis en place une série de facilités à l'intention de ceux qui mènent des activités dans le domaine culturel, mais cela concerne plutôt des individus, pas des organisations. Après, il y a toute sorte de restrictions qui contreviennent à la façon dont on travaille normalement dans ce domaine. Par exemple, il faut que les artistes fournissent la preuve de ne pas bénéficier d'autres sources de revenu ou encore de n'avoir touché aucune paie dernièrement. Le côté positif, c'est que le dialogue a été lancé. En revanche, d'un point de vue institutionnel, les choses piétinent. Pour ce qui est du Festival One World Roumanie, on a eu de la chance puisqu'il a été prévu une semaine après la mise en place de l'état d'urgence. Cela veut dire qu'au moment de l'annulation, nous, on avait déjà le budget et nos partenaires n'ont pas fait marche arrière ou du moins, pas pour l'instant. Mais le fait de le reporter implique un travail supplémentaire, surtout financier vu que nous sommes tenus de rémunérer des personnes concernées pour une période de temps beaucoup plus longue que celle prévue dans un premier temps. A tout cela s'ajoute, bien évidemment, l'effort de notre équipe qui devra aussi être récompensée. A l'heure où l'on parle, on continue dans la même formule, en essayant de rester en contact avec notre public de différentes manières, en lui proposant, par exemple, toute sorte de films en ligne, à titre gratuit. Malheureusement, actuellement, l'incertitude est telle qu'il est impossible de prévoir une nouvelle date. On véhicule l'idée d'une reprise progressive des activités, mais je doute qu'une telle mesure concerne aussi les événements à public nombreux. »


Conçu dès le départ comme une sorte de plateforme pour les films documentaires, le Festival One World Roumanie en est arrivé à sa 13ème édition, avec une évolution au long des années. 


Alexandru Solomon en parle : « L'actuelle formule, on l'a obtenue progressivement, d'une édition à l'autre, puisqu'on a pensé qu'il était important que le film soit placé au centre des préoccupations artistiques, comme une sorte de moyen de communication entre les différentes parties de la société. C'est grâce à cette approche que le festival a occupé sa place sur le marché culturel de Roumanie. La société roumaine avait grand besoin d'une telle manifestation artistique, comme on peut le constater si l'on recense le nombre d'ONG et de personnes issues du milieu culturel, artistique et social qui s'identifient avec le festival. Bien sûr que la pandémie qui nous a frappés est la pire des choses qui aurait pu nous arriver, on ne s'y attendait pas du tout. Mais, vous savez, cette situation est pareille pour tous les festivals du monde. Le contexte pandémique nous a obligés à renoncer complètement à un des principaux aspects qui nous caractérisaient - le lien direct avec notre public, que nous avons dû remplacer par un lien virtuel. Un festival de film repose avant tout sur la communication, sur la communion créée face à l'écran et puis, dans notre cas, il implique aussi des débats et des discussions. » 


Normalement, la 13e édition du Festival One World Roumanie aurait dû s'ouvrir par la projection du premier documentaire du réalisateur Radu Ciorniciuc « A la maison / My Home », une des productions favorites au Festival Sundance. Le documentaire raconte l'histoire d'une famille qui a vécu pendant une vingtaine d'années dans le delta de Văcăreşti, jusqu'à ce que cette zone de la ville de Bucarest ne devienne aire protégée et ne se transforme en premier parc naturel urbain de Roumanie. Quatre ans durant, le réalisateur Radu Ciorniciuc a suivi la grande aventure des Enache et leur passage d'une vie en parfaite harmonie avec la nature à une autre, au milieu de la jungle urbaine. 


Alexandru Solomon : « Le film alimente ce penchant que notre festival a pour les sujets sociaux, renvoyant à la lutte contre la discrimination. D'ailleurs, la 13ème édition du festival porte sur les problèmes des minorités, notamment des Tziganes, et sur leur discrimination tout au long de l'histoire. Après, My Home est un film très beau et très émouvant de tous les points de vue. Son parcours international est des plus prometteurs, il a déjà à son palmarès le Prix de la meilleure image décroché à Sundance, devenant le premier film roumain à avoir enregistré une telle performance ».


Prévue dans un premier temps du 20 au 29 mars, à Bucarest, la treizième édition du Festival One World Roumanie sera reportée. Ce n'est pas par hasard que nous avons choisi de la consacrer à la minorité tsigane puisque cette année, One World Roumanie marque un moment historique dans l'histoire des mentalités roumaines : pour la première fois depuis la libération des Tziganes, il y a presque 150 ans, le nombre des Roumains à les considérer comme leurs égaux a dépassé celui des autres, qui continuent à les discriminer. (Trad. Ioana Stancescu)



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Publicat: 2020-05-09 13:06:00
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