La pandémie à travers des histoires et des images

la pandémie à travers des histoires et des images Confrontés à l'isolement, les gens de tous les coins du monde ont cherché à savoir quelles histoires partageaient leurs semblables.

La vie est, somme toute, un enchaînement d'histoires. Plutôt agréables ou plutôt éprouvantes, plutôt riches de sens ou plutôt banales, les histoires ressemblent aux êtres humains et, comme eux, elles sont toutes différentes les unes des autres. Il n'est donc pas étonnant que, confrontés à l'isolement, les gens de tous les coins du monde ont cherché à savoir quelles histoires partageaient leurs semblables. 


A Oradea, Cristina Liana Puşcaş, docteur en histoire et chercheuse au « Musée de la cité », s'est proposé de réaliser une documentation sur cette période, car son expérience lui disait que des années plus tard on aurait besoin d'informations, d'images et de témoignages sur la pandémie de 2020. Liana Puşcaş a donc entrepris une recherche scientifique interdisciplinaire : « Vivre au temps de la pandémie ».


Liana Puşcaş : « Cela a supposé un questionnaire, comportant 25 questions que j'ai lancé dans l'espace public. Je m'intéressais notamment à la manière dont les habitants de la ville d'Oradea et de la contrée de Bihor, ainsi que les Roumains vivant à l'étranger avaient perçu cet incident de l'histoire. J'ai lancé le questionnaire le 22 avril 2020 et il semble avoir suscité un grand intérêt. J'ai reçu jusqu'à présent 321 réponses. Evidemment, pour différentes raisons, les questionnaires complétés ne seront pas tous validés, mais je pense que 200 d'entre eux le seront certainement. Seul petit bémol pour ce projet : le questionnaire a dû être complété en ligne, ce qui a exclu d'emblée les personnes n'ayant pas accès à Internet. Les répondants sont plutôt des personnes avec une éducation universitaire et qui sont connectées Internet. »


Les réponses sont arrivées des départements de Bihor, Satu Mare, Sălaj, Cluj, Timiş, Arad et de la capitale, Bucarest, mais aussi de Vienne, Hambourg et New York.


Cristina Liana Puşcaş mentionne quelques questions et les réponses reçues : « Première question : à quel projet avez-vous dû renoncer au moment du confinement ? Nombre de personnes affirment avoir été obligées à renoncer aux vacances, à la rénovation de leur maison, à un emploi, aux spectacles de théâtre ou à se rendre à l'église. Les personnes qui sont restées chez elles et ont travaillé à distance, respectant de strictement le confinement, ont le plus souffert de l'isolement. Le confinement semble ne pas avoir provoqué la même frustration chez ceux qui ont continué d'aller au travail ».


Une autre question visait les difficultés des gens à s'adapter aux nouvelles conditions, imposées par le confinement. Cristina Puşcaş : « Les personnes qui ont répondu au questionnaire semblent s'être adaptées le plus difficilement au manque de socialisation, à l'absence des membres de leur famille élargie, de leurs amis et mêmes de leurs collègues de travail. Le confinement a été éprouvant notamment pour certaines femmes qui devaient être à la fois mères, employées travaillant à distance, épouses, institutrices, soignantes, médecins, psychologues à plein temps, masseuses, coiffeuses, pédagogues, professeurs d'allemand et d'anglais etc. Les répondants ont affirmé s'être adaptés très difficilement aux nouveaux rituels : désinfecter, compléter les attestations de déplacement, renoncer à leurs promenades, à leur liberté de mouvement. »


La plupart des personnes ont affirmé que leur vie de couple n'avait pas été affectée, bien que, dans certaines réponses, elles aient glissé un petit sourire : « Je n'aime pas devoir servir 3 repas par jour », « Je ne comprends pas pourquoi ma femme essaie de m'imposer un programme », « Il est évident que nous avons des rythmes biologiques différents ».


Passer du temps dans l'isolement incite les gens à se tourner vers leur monde intérieur. C'est pourquoi, Cristina Liana Puşcaş a ajouté la question : « Quelles petites joies avez-vous découvertes durant ces journées de confinement ? » Certains ont su mettre à profit cette période, en découvrant le soleil, la saveur d'un café qu'on prend le temps de siroter, le pain fait maison, le plaisir de cuisiner, le jardinage, la famille. »


« Une image vaut mille mots » - dit un proverbe chinois. C'est pourquoi, Cristina Liana Puşcaş a développé parallèlement le projet : « Photos prises pendant la pandémie ». Qu'est-ce qu'elle a pu constater en regardant les photos reçues ?


Cristina Liana Puşcaş : « Elles sont toutes prises à l'intérieur de la maison ou depuis une fenêtre par laquelle on voit la cour. Une dame m'a envoyé une photo d'elle après s'être rasé le crâne. Un monsieur de Satu Mare m'a envoyé l'image d'une femme agenouillée sur les marches d'une église. La quasi-totalité des photos représentent pourtant la vie à l'intérieur de la maison et très peu à l'extérieur. » 


Ces projets sont encore en déroulement. L'optimisme nous incite, certes, à rêver des jours meilleurs, mais le réalisme nous pousse à évaluer ce qui compte vraiment pour nous. Et, selon Cristina Liana Puşcaş, les gens semblent s'être rendu compte de l'importance de la nature et de la présence des êtres chers. (Trad. : Dominique)



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Publicat: 2020-08-04 13:44:00
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