La Roumanie face à la transition énergétique

la roumanie face à la transition énergétique Une étude récente met en exergue le fait que, si la pollution était ramenée à des niveaux tels que ceux recommandés par l'OMS, cela éviterait la perte de plus de 50 000 vies humaines tous les ans, en Europe

L'Organisation mondiale de la Santé estime que la pollution tue, chaque année, plus de 7 millions de personnes, en sus des dégâts humains et économiques provoqués par les maladies et, leur corolaire, les arrêts maladie. Une étude récente met en exergue le fait que, si la pollution était ramenée à des niveaux tels que ceux recommandés par l'OMS, cela éviterait la perte de plus de 50 000 vies humaines tous les ans, sur le seul continent européen. Le danger représenté par la présence dans l'air des particules fines, notamment en milieu urbain, se traduit par l'accroissement du taux de mortalité, par une présence accrue des maladies cardiovasculaires et respiratoires, ainsi que par des problèmes liés aux grossesses et au développement du fœtus. Dans ce contexte, l'OMS appelle les Etats à prendre des mesures résolues, surtout en matière de trafic routier, industrie, ports et aéroports, ou encore de systèmes de chauffage au bois ou charbon. 


A l'heure actuelle, seuls 18 pays de l'UE, dont la Roumanie, utilisent encore le charbon. Pour ce qui est de notre pays, le charbon demeure utilisé notamment par deux grandes compagnies publiques situées dans le Sud du pays, dans les régions d'Olténie et de Hunedoara. La mise à l'arrêt au niveau mondial des centrales thermiques communautaires à charbon et la suppression des subventions destinées à l'extraction des combustibles fossiles sont les deux mesures clés, censées améliorer la qualité de l'air. Dans ces conditions, Bruxelles semble décidée d'agir. En effet, au mois de décembre passé, les 27 ont convenus de réduire d'au moins 55% leurs émissions de gaz à effet de serre avant 2030, par rapport à leurs émissions de 1990. À long terme, l'Europe vise à atteindre la neutralité climatique, à l'horizon 2050. 


Selon l'agence Bloomberg, l'énergie renouvelable avait atteint 38% de l'énergie produite dans l'UE en 2020, alors qu'elle ne cumulait que 34% une année auparavant. Cet accroissement a permis à ce que la part de l'énergie verte produite en l'Union dépasse pour la première fois celle de l'énergie fossile. Mais 2020 a aussi été l'année de la pandémie et de la réduction massive de la consommation d'énergie, rappelle sur les ondes de Radio Roumanie Otilia Nuțu, annaliste des politiques publiques dans les secteurs de l'énergie et de l'infrastructure auprès d'Expert Forum : « Grâce aux politiques actuelles, l'année dernière, la part de la production d'énergie renouvelable a surpassé pour la première fois dans l'histoire la part de la production d'énergie fossile. Les estimations tablent cependant sur un marché du charbon en hausse en 2021, même si la tendance lourde de ce marché est à la baisse. Toute la question est de savoir par quoi nous allons remplacer l'énergie produite aujourd'hui par le charbon. Moi, je crois qu'il faudrait construire de nouvelles centrales flexibles, capables de prendre, le cas échéant, la relève des énergies régénérables, souvent victimes de leur incapacité à fournir une puissance énergétique constante dans le temps. Mais l'idée est d'arriver à utiliser les combustibles fossiles uniquement en cas de besoin. »


Investir dans les centrales à gaz, considérées, certes, moins polluantes que leurs homologues à charbon, pose aussi problème, affirme encore Otilia Nuțu, car, si le gaz demeure une énergie de transition, le retour sur investissement de la construction d'une telle centrale exige tout de même un délai de 30 ans. Par ailleurs, les données statistiques de l'Union montrent que la part des combustibles fossiles dans le mix énergétique utilisé s'élève à 71%, en forte baisse ces dernières décennies. Quant à la Roumanie, il semble que la part de l'énergie fossile soit un peu plus élevée que la moyenne de l'Union, s'élevant à 73%. 


Dans le contexte, Dumitru Chisăliță, président de l'association L'énergie intelligente, rappelle le nombre d'accords signés par la Roumanie ces dernières années. Des accords qui visent, tous, à obtenir la réduction des émissions de CO2, dont les principaux responsables demeurent les centrales à charbon. Dumitru Chisăliță :« Il faudrait préparer l'avenir. Il se peut qu'à partir de 2025 l'on commence à bannir le chauffage à gaz dans les habitations. Il se peut aussi qu'à partir de 2030, le transport public, tel que nous le connaissons actuellement, passe à la trappe. Ces éléments, on les connaît déjà. Il faut donc investir à la fois dans des capacités de production qui utilisent de l'énergie verte, mais aussi dans des capacités de stockage. Parce que, en effet, la capacité de production de l'énergie verte n'est pas constante dans la durée, elle dépend beaucoup de la météo. Et alors, l'Union européenne, la Roumanie avec, nous devons développer nos capacités de stockage, qui puissent être activées au pied levé, et remplacer les capacités de production défaillantes, le cas échéant. Il faudrait encore moderniser l'infrastructure de transport, l'adapter aux exigences de production de l'énergie régénérable. Or, tout cela signifie des investissements conséquents. Enfin, il faudrait prendre en compte l'évolution en matière de consommation. Parce que nous parlons beaucoup de passer à la voiture et au bus électriques. Nous envisageons d'abandonner le chauffage à gaz ou à charbon, à la faveur du tout électrique. Or, cela présuppose de pouvoir développer des capacités appropriées en matière de production d'énergie électrique, des capacités capables de faire face à une demande croissante. »    Et tout cela aura un coût, à n'en pas douter. (Trad Ionut Jugureanu)


www.rri.ro
Publicat: 2021-04-09 00:35:00
Vizualizari: 693
TiparesteTipareste