La vulnérabilité des Etats membres de l’OTAN

la vulnérabilité des etats membres de l’otan Réunis au sommet de Bruxelles, les dirigeants de l'Alliance ont approuvé le plan intitulé « OTAN 2030 », soit le paquet de mesures censées adapter l’Alliance atlantique aux défis d’aujourd’hui et de demain, soit son plan le plus important.

Alors que le paysage de sécurité devient de plus en plus complexe, l'OTAN prend des mesures pour s'assurer qu'elle puisse relever les défis actuels et futurs. Réunis au sommet de Bruxelles, les dirigeants de l'Alliance ont approuvé le plan intitulé « OTAN 2030 », soit le paquet de mesures censées adapter l'Alliance atlantique aux défis d'aujourd'hui et de demain, soit le plus important plan dont l'Alliance s'est dotée depuis des décennies. Cela comprend, entre autres, une nouvelle politique de cyberdéfense, un nouvel engagement en faveur de la résilience et, pour la première fois, l'Alliance a également pris la résolution de s'attaquer aux risques de sécurité représentés par le changement climatique.


L'Europe et l'Amérique du Nord doivent être fortes au sein de l'OTAN pour défendre nos valeurs et nos intérêts, en particulier à un moment où des régimes dictatoriaux, comme celui qui a cours en Russie, tentent d'établir un nouvel ordre international, avait déclaré à l'occasion le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg. Dans le même temps, avait-il ajouté, les États membres sont préoccupés par ce qu'il a appelé les « politiques coercitives » de la Chine, et les défis que ces dernières posent pour la sécurité de l'Alliance de l'Atlantique Nord. Le patron de l'Alliance a noté l'expansion rapide de l'arsenal nucléaire de la Chine et les exercices militaires conjoints déroulés avec la Russie dans la zone euro-atlantique, ainsi que la politique de désinformation menée tambour battant par Pékin.


Invité par Radio Roumanie, Iulian Chifu, directeur du Centre de prévention des conflits et d'alerte précoce, réalise une analyse du document otannien : « La Russie demeure le principal ennemi de l'Alliance. Les catégories de menaces venant de Russie sont clairement identifiées dans le document, je dirais même mieux qu'elles ne l'avaient été lors du sommet de Varsovie. Nous disposons maintenant de toute cette information, toute la panoplie de menaces qui trouvent leurs sources en Russie est clairement nommée et détaillée. Mais nous remarquons l'entrée de la Chine, identifiée pour la première fois comme une menace par l'OTAN, dans ce document qui détaille les défis stratégiques qui se posent devant l'Alliance. A cet égard, nous remarquons une augmentation des inquiétudes concernant la Chine et nous voyons également la migration des préoccupations de l'Alliance, depuis les menaces de type hybride, l'Afghanistan, le danger du terrorisme externe, vers une zone où les principales préoccupations sont constituées par les cyberattaques et, son corolaire, la cybersécurité, la sécurité technologique, concept à la mode, et qui prend de plus en plus d'espace dans la stratégie de sécurité. La Roumanie a par ailleurs réussi à faire valoir ses objectifs, tant au niveau de l'Alliance, qu'au niveau de la défense et du renforcement de la position de défense et de dissuasion du flanc oriental de l'Alliance, dans la région étendue de la mer Noire.  Enfin, il a été fait mention de ce centre Euro-atlantique pour la résilience, installé à Bucarest, et qui a vocation à devenir un centre d'excellence de l'OTAN. »


L'histoire montre que la région d'Eurasie n'a jamais connu dans son histoire deux puissances hégémoniques à la fois. Si, à l'heure actuelle, la Chine et la Russie sont mues par certains intérêts communs, dictés par la présence de cette superpuissance américaine au cours des 30 dernières années, il est probable qu'à moyen terme, l'on assiste à l'émergence d'alliances qui pourraient nous sembler saugrenues à l'heure actuelle, croit savoir le professeur des universités Adrian Cioroianu, ancien ministre roumain des Affaires étrangères. Selon lui, la question des intérêts communs, partagés à long terme par la Chine et la Russie, se posera sans doute dans quelques années.


 Adrian Cioroianu : « Parce que cette situation pourrait, certes, conduire les deux puissances à une forme de coopération contre l'Occident, mais elle peut aussi les amener à des tensions croissantes. Elles partagent le même espace d'influence, le même espace de pouvoir, et alors, de ce point de vue, j'estime que le danger représenté par la menace russe devrait diminuer dans les années à venir aux yeux de l'OTAN. La Russie est un concurrent en termes d'influence en Europe, mais ce n'est pas forcément un concurrent global, en termes de croissance, telle la Chine. »


La montée en flèche de la Chine dans l'agenda atlantiste s'explique, selon Adrian Cioroianu, par le fait que, dit-il, quelque chose d'absolument nouveau est apparu au cours de la dernière décennie, un élément qui ne trouve pas de correspondant, ni même durant la guerre froide qui avait marqué le XXe siècle : « Pendant la guerre froide, qui avait opposé l'Occident à l'Union soviétique, l'Occident, les États-Unis en l'occurrence, avait détenu en permanence la suprématie technologique. Que l'Union soviétique ait investi dans son arsenal ou dans la technologie spatiale, les Américains avaient toujours une longueur d'avance. Or, de ce point de vue, l'on craint que la Chine puisse ravir la vedette et avoir une longueur d'avance, dans certains domaines de la recherche technologique, telle l'intelligence artificielle, qui repose sur la collecte de données. Or, dans le monde globalisé des nouvelles technologies, dans le monde dans lequel nous vivons, la notion de frontière disparaît. Et le secrétaire général de l'OTAN avait très bien souligné cette idée : lorsque l'on parle des cyber-frontières, nous nous retrouvons tout près les uns des autres. Et la Chine s'est fortement rapprochée de nos frontières, de nos frontières numériques, ce qui se traduit par du cyber espionnage, par le vol des droits de propriété intellectuelle, par le vol des données de grandes entreprises, des multinationales du monde entier. »


Ces accusations sont réelles et bien connues et, poursuit le professeur Cioroianu, il s'agit d'une compétition qui n'est qu'à ses débuts, d'une rivalité qui va se poursuivre dans le domaine de la haute technologie et de l'intelligence artificielle. (Trad. Ionut Jugureanu)



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Publicat: 2021-08-06 10:43:00
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