La ville de Braşov a accueilli récemment l'exposition Supporter, censée mettre en lumière, à travers différentes installations artistiques, des figures marquantes du basket-ball féminin de Roumanie. Derrière cette initiative on retrouve Flavia Dobrescu, spécialiste en Design d'expérience. Appelé souvent DX, ce type de design conçoit des services, des produits, des parcours clients et plus généralement des environnements, en mettant l'accent sur l'excellence de l'expérience vécue et perçue par ses utilisateurs. Flavia Dobrescu :
« Supporter est une exposition interactive qui place au centre le basket-ball de Roumanie. On s'est proposé de montrer au public le rôle d'un supporter, la manière dont celui-ci s'implique afin de soutenir les sportifs sur le terrain. Cette installation artistique est le fruit d'un travail de recherche que nous avons mené. On a demandé à des joueuses de basket-ball de choisir un moment quand elles se sont senties encouragées par le public et de nous en parler. Leurs réponses se retrouvent dans cette exposition qui a aussi un côté interactif. Concrètement, on a mis en place un panier intelligent qui, à chaque fois que le ballon entre, réagit en indiquant le panneau suivant. De cette manière, les visiteurs peuvent découvrir les personnalités du basketball féminin de Roumanie. »
Où avez-vous puisé l'idée d'un tel projet ? Flavia Dobrescu :
« D'une part, parce que moi-même je fais partie des femmes de Roumanie qui font du basket-ball, à un niveau amateur. Et du coup, je me suis rendu compte à quel point ce sport est difficile pour les femmes. On a du mal à pénétrer dans cet univers plutôt masculin et c'est ce qui m'a poussée à vouloir faire quelque chose. Mise à part cette première étincelle à la base de ce projet, il convient de mentionner que pour faire les installations, on a agi comme une sorte d'équipe sportive où chacun avait son rôle : création, documentation, robotique. Je voudrais remercier mes collègues de Creative Motion pour leur soutien, et toutes ces femmes s'activant dans le domaine du basket-ball féminin de Roumanie et qui ont accepté de s'impliquer. Ce fut, après tout, un projet qui a privilégié la collaboration entre les gens. »
Organisée le dernier week-end de l'été, l'exposition Supporter de Braşov a fait du lobbying en faveur d'une série de noms sonores du basket-ball féminin autochtone, affirme Flavia Dobrescu :
« On a présenté dix joueuses, soit des membres de l'équipe nationale ou olympique, soit des sélectionneuses ou des managers. On a essayé de les choisir afin de couvrir le plus de domaines possibles, justement pour montrer que l'univers de ce sport a de multiples facettes. Sur l'ensemble des joueuses, on a eu aussi bien des séniores que des juniores, toute une panoplie de personnalités que nous avons souhaité présenter. »
On a invité notre interlocutrice à nous raconter l'une des histoires apprises dans le cadre de ce projet.
« Je voudrais vous raconter ce qu'Alina Podar du Club Olimpia de Braşov nous a dit. Elle a choisi de remémorer un incident lorsque son équipe avait essuyé une défaite et que toutes les sportives avaient le moral en berne. Sauf que voilà, juste à la fin du match, quand elles déploraient leur défaite, un petit garçon est descendu de la tribune et il est venu la voir sur le terrain. Il lui a tendu une petite paire de baskets et un feutre, en lui demandant d'y apposer sa signature, car, avait-il dit, il l'avait considérée la meilleure. »
Organisée seulement à Braşov, l'exposition - installation Supporter cherche à présent des solutions pour devenir itinérante, précise Flavia Dobrescu :
« Pour l'instant, cette exposition a figuré à l'affiche du Festival AMURAL organisé fin août, à Braşov. Du coup, l'événement a fermé ses portes une fois le festival fini. Mais nous, on voudrait bien pouvoir présenter ces installations à d'autres personnes aussi. Par exemple, on aimerait bien sortir un peu de la bulle des sportifs pour rejoindre un public pas forcément en rapport avec l'univers du basket-ball. On cherche donc de nouveaux espaces d'exposition. Cette attitude de décourager les femmes à faire un sport, ne serait-ce qu'au niveau amateur, je l'ai souvent rencontrée. Je la vois dans les écoles, sur les terrains de sport, là où le plus souvent, le professeur demande aux garçons de jouer au basket-ball ou au football et aux filles, de se tenir à l'écart. Voilà pourquoi je me dis qu'il serait important que nos idées soient assimilées au niveau institutionnel aussi, et mises en œuvre dans les écoles. »
Les festivals
d'arts visuels ont le don de nous faire changer de perception, en encourageant
les artistes à trouver de nouvelles formes d'expression pour provoquer de
l'émotion. (Trad. Ioana Stancescu)