Quid de l’environnement à Bucarest ?

quid de l’environnement à bucarest ? La gestion des déchets est devenue un grave problème au cours des dernières années et les autorités n'ont pas pris les mesures nécessaires afin d'organiser leur collecte, leur tri et leur recyclage.

Bucarest n'est pas la capitale européenne la plus polluée, mais son niveau de pollution est plus élevé que la moyenne, ce qui nuit à la santé de ses habitants. De plus, on a constaté un autre phénomène depuis quelques années : la qualité de l'air à Bucarest est variable et change en fonction des saisons. Ainsi, en hiver, et plus récemment en automne, les indicateurs de la qualité de l'air sont plus élevés et ce à cause de la hausse du nombre de foyers de combustion. Voilà les conclusions du Rapport de recherche sur la qualité de l'environnement à Bucarest, récemment effectué à la demande de la Fondation communautaire de Bucarest. Le Rapport sert aussi de base à la Plateforme sur l'environnement créée à cette occasion par la même organisation non-gouvernementale. Une plateforme sur laquelle les militants et représentants des autorités locales sont invités à collaborer. Les problèmes rencontrés par Bucarest, nombreux et longtemps ignorés, nécessitent aujourd'hui des efforts conjoints afin d'y remédier. C'est ce qui a poussé l'ONG à mettre sur pied cette plateforme. Mais avant de commencer, il faut s'appuyer sur les résultats des analyses longtemps repoussées. 



C'est ce qu'a fait Cristian Iojă, professeur à l'université et auteur du rapport de recherche. Il a analysé les sources de pollution à Bucarest, et voici ce qu'il a constaté :

 « A Bucarest, il y a différentes sources de pollution. Parmi elles, les particules en suspensions, le dioxyde d'azote, le benzène et d'autres problèmes d'émissions diverses. La plupart sont dues à notre façon de nous déplacer en ville, car c'est bien la circulation en ville qui représente la plus grande source de pollution. A Bucarest très peu de gens utilisent les transports en commun, par exemple. Qu'implique cette façon de se déplacer ? Cette mobilité implique avant tout l'occupation de l'espace public. Nous sommes surpris par le nombre de véhicules immatriculés à Bucarest au cours des dernières années. C'est pour cela que se pose la question de l'occupation de l'espace public, car les trottoirs sont inaccessibles, tant il y a de véhicules garés. Ce qui soulève une autre question, celle de la salubrité. En effet, si les autorités décident de nettoyer la ville, toutes ces voitures rendent la tâche quasi impossible. Pour ce qui est des espaces verts, les chiffres communiqués par les autorités montrent que nous sommes assez proches des normes imposées par la loi. Mais si l'on se penche vraiment sur le sujet, on constate que ces espaces verts sont eux aussi envahis par les voitures. »


  Comment en est-on arrivé là ? Le professeur Cristian Iojă estime que cela découle des intérêts économiques combinés à la négligence des Bucarestois :


« Je pense que ce qu'il est important de comprendre aujourd'hui, c'est qu'à cause de la pollution, de la mauvaise qualité de l'eau, du manque d'espaces verts, de la mauvaise gestion des déchets et de notre surconsommation, certains y gagnent. Le problème actuellement c'est que le mode de consommation à Bucarest se fait sans prendre tous ces problèmes environnementaux en considération. Je pense aussi que l'un des soucis dont dérivent certains problèmes que je viens d'évoquer est le manque d'attachement à notre ville. L'intérêt porté à toutes ces problématiques est très faible, et peu de gens se questionnent sur les conséquences de leurs actions individuelles. Si l'on choisit de prendre la voiture pour chacun de nos déplacements, il faut que nous prenions aussi conscience des conséquences que cela aura sur la qualité de l'air. De même, notre surconsommation empêche le développement d'une économie circulaire. Il est donc évident que l'ensemble de ces actions individuelles en ville a des conséquences multiples auxquelles nous devons maintenant faire face. »


En réalité, avec la multiplication de leur production, la gestion des déchets est devenue un grave problème au cours des dernières années et les autorités n'ont pas pris les mesures nécessaires afin d'organiser leur collecte, leur tri et leur recyclage. C'est ainsi que sont apparues des décharges de fortune en périphérie de la ville. Les déchets y sont incinérés, ce qui libère des substances extrêmement nocives pour les habitants. Les autorités semblent impuissantes face au nombre croissant d'incendies, et les interventions de la Garde environnementale sont minimes face à l'ampleur du phénomène.



Leurs interventions sont maladroites et ralenties par la bureaucratie, comme l'a constaté le maire du 2e arrondissement de Bucarest, Radu Mihaiu :

« La police locale est venue nous intimer de sanctionner d'une amende « Apele Romane », l'administration en charge de la gestion des eaux de Bucarest, qui n'avait apparemment pas fait son travail. Plusieurs lacs se trouvent dans le nord-est de Bucarest, et lorsque nous avons discuté avec Apele Romane, ces derniers ont répondu qu'eux aussi pouvaient nous faire payer une amende car les habitants du 2e arrondissement viennent régulièrement jeter leurs poubelles dans les lacs en question. Je pense que cet évènement a été déterminant : il fallait trouver une solution pour ne pas mutuellement se faire payer d'amende. Nous nous sommes donc assis à une table et avons cherché une solution ensemble. Nous avons signé un protocole que nous avions mis près de trois mois à rédiger, car malgré la volonté politique de trouver une solution, la bureaucratie reste lourde. Trois mois pour qu'Apele Romane accepte de fournir le matériel et que la mairie du 2e arrondissement s'engage à retirer les déchets des eaux pour les transporter à la décharge. Nous avons retiré plus de 10 000 tonnes de déchets des lacs des alentours de Bucarest, ce qui donne une bonne idée du degré de pollution atteint au cours des trente dernières années. Les déchets ne disparaissent pas, même lorsqu'ils sont récupérés par une entreprise. Très souvent ils sont déposés dans les champs, ou ils atterrissent dans l'eau, et plus souvent encore dans les poêles des habitants. C'est la triste réalité. Les gens ont l'habitude de brûler leurs déchets, à Bucarest comme ailleurs. Il faut s'atteler à cette problématique. Et en ce sens notre collaboration avec la société civile est très bénéfique. »



Cette collaboration entre la société civile et les autorités est aussi abordée sur la plateforme récemment lancée par la Fondation communautaire de Bucarest. La Fondation qui est totalement consciente que cette collaboration doit s'inscrire dans la durée pour porter ses fruits et parvenir à réduire la pollution en ville. (Trad : Charlotte Fromenteaud)



www.rri.ro
Publicat: 2022-05-04 11:50:00
Vizualizari: 335
TiparesteTipareste