Les perspectives économiques du moment

les perspectives économiques du moment Montée à 16%, l'inflation n'est pas prête de s'arrêter de sitôt, les experts de la Banque nationale tablant sur la poursuite de la hausse de l'inflation vers la fin de l'année, même si ce serait à un rythme moins soutenu.

La hausse constante des taux directeurs semblent être devenue une habitude pour la Banque nationale roumaine, dans sa tentative de juguler une inflation qui ne cesse de grimper, et qui bat de nouveaux records. Montée à 16%, l'inflation n'est pas prête de s'arrêter de sitôt, les experts de la Banque nationale tablant sur la poursuite de la hausse de l'inflation vers la fin de l'année, même si ce serait à un rythme moins soutenu. En effet, la guerre en Ukraine et les conséquences des sanctions imposées à la Russie, la sécheresse prolongée, qui a durement éprouvé le continent européen l'été passé, la hausse associée des prix de l'énergie et des matières premières comptent parmi les causes de cette hausse ininterrompue de l'inflation. Adrian Vasilescu, le consultant en stratégie de la Banque nationale roumaine met en cause la conjonction de plusieurs crises, dont notamment la crise énergétique et la crise des prix. L'inflation, explique-t-il, se nourrit du passé, soit de la hausse passée des prix au combustible, au tabac, à l'énergie électrique, au gaz, ou encore à l'énergie thermique. Aussi, au mois de septembre, l'indice des prix aux produits alimentaires n'a cessé de grimper, alors que les prix de l'énergie sont, eux, demeurés stables. Et cela, parce que les premiers n'ont intégré la hausse des prix de l'énergie qu'avec un certain décalage. Et à l'expert de parier sur un ralentissement prochain de la hausse des prix, et donc de l'inflation, dans les mois à venir.

Adrian Codirlaşu, analyste financier et vice-président de l'Institut CFA Roumanie, association de référence regroupant des analystes financiers et des gestionnaires de fortunes, table quant à lui sur une inflation de moins de 10% à la fin de l'année prochaine.

« Il faut s'attendre à une pression constante de l'inflation, mais le plus dur est derrière nous. Les prochaines hausses des taux directeurs seront de moindre amplitude, se limitant probablement à un quart ou à un demi de point des principaux taux directeurs de la Banque nationale. Il est probable à ce que l'année prochaine, les poussées inflationnistes se calment graduellement, plus fortes durant la première partie de l'année, pour retomber de façon nette pendant la seconde moitié de l'année, pour revenir à un taux de l'inflation annuelle à un seul chiffre, peut-être à 9% environ ».


Mais l'imprédictibilité et la volatilité qui caractérise le contexte international que nous traversons ne manque pas de jeter un doute sur la fiabilité des prognoses avancées par les experts, apprécie le même Adrian Codirlaşu. Et l'incertitude demeure la principale clé de lecture d'une situation caractérisée par une forte volatilité. Les experts de la Banque nationale ne font pas un mystère de leurs craintes au sujet d'une escalade toujours possible de la guerre en Ukraine, et des risques considérables que font peser sur l'économie mondiale les trains de sanctions de plus en plus durs imposés à la Russie. D'où, une incertitude toujours aussi forte au sujet de l'évolution de l'inflation. Car l'inflation ronge le pouvoir d'achat et la confiance des consommateurs, elle impacte directement sur l'état de santé de l'économie réelle, affecte les profits des entreprises et leurs plans d'investissements. La Banque nationale roumaine estime dans le contexte que la panacée est à chercher dans un mix de politiques macroéconomiques et des réformes structurelles, y compris en utilisant au mieux les fonds européens, qui ont la capacité de stimuler le potentiel de croissance sur le long terme, et qui demeurent essentiels pour le maintien de la stabilité macroéconomique et pour l'augmentation de la résilience de l'économie roumaine dans son ensemble. Malgré tout, les données récentes font état d'un ralentissement de la consommation des ménages, une nouvelle qui risque d'affecter grandement une économie roumaine qui avait fondé dernièrement sa croissance sur la consommation. Une tendance qui pourrait bien se poursuivre les mois à venir, selon l'analyste économique Constantin Rudniţchi :

« Il est fort probable à ce que la croissance économique roumaine doive prochainement se départir de son principal allié : la consommation des ménages. Le trimestre actuel semble déjà plutôt compliqué pour les deux. L'inflation est bien présente et la baisse du pouvoir d'achat et du niveau de vie ne fait plus de mystère. Or, cela impacte sans faute la consommation des ménages, et l'économie roumaine tout entière risque de se retrouver dans un cul-de-sac. La croissance ralentit déjà, les données du deuxième trimestre sont là pour le prouver, la production industrielle ralentit également, les carnets de commande sont à moitié vides, et le déficit de la balance commerciale ne cesse de se creuser, car la dynamique des exportations est en berne ».


La Banque mondiale tire à son tour la sonnette d'alarme depuis Washington, s'alarmant du ralentissement brutal de la croissance, et faisant état de ses craintes d'une récession globale. Des craintes déjà matérialisées dans la baisse des prix des matières premières, une baisse qui risque de se poursuivre, estime la Banque mondiale, pendant les deux prochaines années, mais dont le niveau demeure toujours supérieur à la moyenne des cinq dernières années. La Banque mondiale table ainsi sur une baisse de 11% des prix de l'énergie en 2023, et de 12% en 2024. Par ailleurs, la même institution estime à 5% la baisse des prix des produits agricoles en 2023, et de 15% la baisse des prix des métaux durant la même année, avant une éventuelle stabilisation des prix des matières premières à l'horizon 2024.

(Trad. Ionut Jugureanu)



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Publicat: 2022-11-18 11:02:00
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