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Les traditions de la période qui suit l’équinoxe d’automne

Les soi-disant « Berbecari »
sont des personnages de la mythologie roumaine liés à l’une des occupations les
plus importantes de la campagne roumaine: celle de berger. Tout comme les
« Filipi » d’automne (dont nous avons déjà parlé lors des épisodes
précédents de cette rubrique), les « Berbecari » sont à leur tour des
personnages issus du calendrier des fêtes et traditions populaire d’automne. En
Roumanie, tout comme dans la région des Balkans, les bergers font leur travail
selon des normes très strictes qui remontent dans la nuit du temps. Les
Berbecari ont donc pour mission de protéger les troupeaux de l’attaque des
loups, d’où l’importance de la fête qui leur est consacrée à travers la
Roumanie.

L’ethnologue Florin-Ionuț Filip Neacșu nous dit davantage sur le rôle
qu’ils occupent dans le calendrier des traditions roumaines.


« Il s’agit d’une fête traditionnelle en milieu pastoral célébrée aussi
bien dans les pays balkaniques, qu’en Roumanie. Cette fête est très importante,
puisqu’elle marque un rituel par lequel les troupeaux sont protégés contre les
maux qui risquent à survenir en hiver. Dans le calendrier populaire, les
Journées des « Berbecari » sont du 26 au 29 septembre et elles sont
consacrées aux rituels de protection contre les loups. C’est à ce moment-là que
commence l’accouplement aussi bien des moutons, que de leurs ennemis, les loups.
Les « Berbecari » prennent soin des troupeaux de moutons, assurant
leur protection pour le bien-être des communautés pastorales roumaines et
balkaniques. »


Respectées jadis par toutes les
communautés des bergers de Roumanie et des Balkans, les Journées des
« Berbecari » s’accompagnaient de nombreuses interdictions dans la
vie domestique. Florin-Ionuț Filip Neacșu nous en donne plus de détails :


« Pendant les jours consacrés aux Berbecari, les paysans se voyaient obliger de respecter plusieurs interdictions. Par exemple, ils n’avaient pas le droit
de se servir des objets pointus ou des outils pour couper. Ils ne jetaient pas
les cendres de l’âtre de peur que les louves ne les retrouvent et ne mangent
pas les braises ce qui, disaient les paysans, leur aurait permis d’avoir des
louveteaux prêts à attaquer les brebis. Dans la région sous-carpatique, la
célébration des « Berbecari » s’accompagnait de nombreuses autres
interdictions. Il était interdit de faucher ou de coudre. Le premier des jours
consacrés aux Berbecari, il était
défendu de prêter des objets ou de donner des braises de l’âtre. Par ailleurs,
ces jours là, les moulins arrêtaient de fonctionner et il était interdit de
moudre car, disaient les bergers, une telle activité était susceptible
d’attirer les loups. Tout comme les « Filipi » d’automne, les « Berbecari »,
montraient la forte préoccupation des communautés rurales pour protéger les
troupeaux à l’approche de l’hiver.»



Dans
les régions montagneuses de Roumanie, le loup était le principal protagoniste
des contes de fées et des légendes populaires. Il s’agissait d’une bête féroce,
particulièrement intelligente, intégrée au sein d’une société fondée sur des
hiérarchies et des règles complexes. Dans le mental collectif de la campagne
roumaine, il suffisait de respecter quelques contraintes pour bloquer les phénomènes
négatifs ou pour chasser les animaux sauvages qui menaçaient les troupeaux. Par
conséquent, la célébration des « Berbecari », avec toutes les
restrictions qui en découlaient, avait pour but d’équilibrer le rapport de
force entre le milieu paysan et celui sauvage. (Trad. Andra Juganaru)

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