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Sous le charme de Brancusi

Plongez dans le noir pour accompagner Brancusi

L’exposition n’est pas très grande, il y a 4 salles et une quarantaine de sculptures exposés, auxquelles s’ajoutent des gravures, des photos, des documents d’archive, des articles de presse, des vidéos. Au total une centaine d’objets exposés.

Le tout est conçu de telle manière, que le visiteur est plongé dans l’univers unique de Brancusi, c’est une immersion totale en fait. Dès l’entrée, on est plongé dans le noir. Tout est noir autour : les murs, le plafond, le plancher. La seule lumière qui existe tombe sur chacune des sculptures exposées ou sur les articles affichés ou sur les messages descriptifs. Rien d’autre autour pour distraire le visiteur qui est invité à pénétrer l’univers intime, personnel de Brancusi, de regarder de plus près chaque création pour mieux la comprendre. Les explications audio sont essentielles pour avoir une image complète de cet univers uniques dans lequel nous sommes invités à plonger. Sur les murs noirs, à côté de chaque sculpture, deux codes QR sont disponibles : l’un pour l’audio guide en roumain, l’autre – en anglais. Et surprise : dès que vous scannez le code, vous entrez sur le site de Radio Roumanie Culture qui a créé les descriptions audio pour chaque élément de l’exposition. Une voix très agréable accompagnée d’une musique très douce guide le visiteur, lui s’adresse directement, l’invité à s’approcher de telle ou telle sculpture, de la regarder de plus près, de remarquer les traces laissées par le ciseau du sculpteur dans le marbre ou bien le socle en bois sur lequel repose le poisson en métal ou encore, le bois sculpté d’une variante de la colonne sans fin… On écoute, on s’approche, on regarde, on comprend, on s’imagine… on a l’impression de marcher aux côtés de l’artiste même..

A la recherche de la perfection


On découvre d’abord les têtes d’enfant endormi qui ont fasciné l’artiste qui a voulu surprendre la douceur, l’innocence et la tranquillité de l’enfant qui dort, la perfection en fin de compte. Puis il tourne vers la naissance, puis vers les muses, les visages féminins, un peu fantastiques, trop fantastiques pour son époque, sans doute, et uniques à ce jour. Les formes sont de plus en plus simples, l’artiste cherche l’essentiel, la perfection de chaque ligne. J’ai passé plusieurs minutes à regarder Mademoiselle Pogany, ses traits si simples et si doux, et pourtant un visage tellement impressionnant. Incroyable, si vous pensez que toutes ces sculptures ont été réalisées il y a plus un siècle… on dirait qu’elles sont moderne, voire futuristiques.

Sous le charme de la Maiastra

Et puis je suis tombée sous le charme total de la « Maiastra », l’oiseau-lyre de Brancusi, du cuivre poli sur un piédestal en pierre. D’ailleurs, on apprend que le piédestal jouait un rôle très important pour l’artiste, et donc il faut regarder l’œuvre dans son ensemble, piédestal compris. Mais on ne peut pas approcher la Maiastra, elle est trop haute. On ne peut que l’admirer comme tous les mortels, de bas en haut, dans toute sa beauté. Elle domine la salle, majestueuse, brillante, imposante. Un peu sur la diagonale, un autre chef d’œuvre de Brancusi attend le visiteur : « L’oiseau dans l’espace ». C’est l’image sublimée du vol, que Brancusi se félicitait d’avoir enfin trouvée. Encore une fois, on écoute les explications, on regarde, on comprend. La sculpture est beaucoup plus grande que je ne l’avais imaginée. Encore une fois, on ne peut pas trop s’approcher. On reste un peu à distance, pour voir cet imposant oiseau dans l’espace – dans le noir justement de la salle. Juste à côté – des extraits de plusieurs articles de l’époque, illustrant le moment où l’opinion publique américaine se demandait – est-ce de l’art ? Les créations de Brancusi peuvent-elles être considérées que de véritables œuvres d’art ? Un siècle plus tard, nous le savons très bien, c’est de l’art vraiment exceptionnel, unique. Mais à l’époque il a fallu que les juges donnent leur opinion officielle pour que les créations de Brancusi puissent franchir la frontière américaine en tant qu’œuvres d’art. Heureusement, les juges ont bien perçu la valeur inestimable de ces objets qui nous fascinent à ce jour.

Après la Maiastra et l’Oiseau dans l’espace, la dernière salle nous présente une variante plus petite, sculptée d’un morceau unique de bois, de la colonne sans fin. En s’approchant on a bien envie de la toucher pour sentir que ce l’artiste a senti en la sculptant. On voit encore une fois les traces de ses outils, on imagine Brancusi travailler juste devant nos yeux.

La colonne sans fin, construite sous l’oeil attentif de Brancusi


La dernière salle est un petit cinéma où roule un film en français sur la création de l’ensemble monumental la Voie des Héros de Târgu Jiu et notamment sur la construction de l’immense Colonne sans Fin, sous l’œil attentif de Bracunsi lui-même. C’est la fin de l’exposition, mais j’ai envie d’y rester encore un peu, rester encore quelques minutes aux côtés de Brancusi, parmi ses œuvres. Je ne veux pas encore quitter cet univers magique. Mais il faut rentrer.

On ne peut pas retourner pour revoir les sculptures, pour ne pas déranger le flux de visiteurs. D’ailleurs, il y a un nombre limité de visiteurs chaque jour afin de protéger les chefs-d’œuvre. Je m’arrête là. Mais j’ai tenu à partager cette expérience avec vous, car elle a été vraiment unique. –

L’exposition de Brancusi est encore ouverte à Timisoara jusqu’à janvier 2024, bien que le programme de la Capitale européenne de la culture soit désormais terminé.

Categories: Timișoara 2023
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