Le mécontentement des enseignants de Roumanie
Des centaines d’enseignants poursuivent les manifestations devant le siège du Ministère de l’Education de Bucarest
Roxana Vasile, 07.08.2025, 12:43
Le premier train de mesures fiscales d’austérité que le gouvernement de Bucarest dirigé par Ilie Bolojan vient d’adopter touchera tous les enseignants de Roumanie. A partir du 1er août, le nombre d’heures didactiques qu’un enseignant doit assurer, tant dans le système pré-universitaire que dans celui universitaire, augmentera de 18 à 20 heures par semaine. C’est une mesure sans précédant. Par conséquent, la charge didactique des enseignants augmentera, tant en salle de classe, qu’en dehors de l’école, pour préparer les leçons et corriger les tests. Les professeurs ne seront, donc, pas payer pour le travail supplémentaire qu’ils devront faire. Qui plus est, suite à l’augmentation du nombre d’heures que les enseignants doivent assurer, l’Etat réduira les dépenses destinées à ceux qui devraient être payés à l’heure. Par conséquent, soit les institutions renonceront aux enseignants payés à l’heure, soit ceux-ci seront moins payés. En plus, les professeurs seront désormais tenus d’être présents dans les établissements scolaires entre 8h00 et 17h00. Plusieurs écoles vont fusionner et le nombre d’élèves dans les salles de cours augmentera.
Un autre changement visera la modalité d’attribution des bourses scolaires dont le nombre et le montant diminuera.
Les mécontentements
Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle loi, des centaines d’enseignants ont protesté chaque jour tant devant le siège du Ministère de l’Education à Bucarest, que dans le reste du pays. Interrogés par la presse, plusieurs protestataires ont affirmé que :
« Il faut tenir compte de notre catégorie professionnelle. C’est elle qui forme la société dans son ensemble. L’école marque le point de départ dans la vie. »
Un autre protestataire a ajouté que :
« Nous avons un message simple : il faut abroger la législation qui nuit à l’enseignement roumain. Que ceux qui s’en font responsables démissionnent. Cela concerne aussi le premier ministre Ilie Bolojan. »
Une autre protestataire a renchéri :
« Moi, je suis à la retraite, mais je suis également ancienne élève de mon école et citoyenne de mon pays. Qui est-ce qui enseigne aux citoyens ? Ceux qui se trouvent ici, ceux qui doivent lutter pour leurs droits. Je pense que tout le monde devrait protester, car nous sommes tous influencés, d’une manière ou d’une autre, par ce que les professeurs nous ont appris. »
Selon les syndicats, ni même à l’époque communiste, le nombre d’heures de cours qu’un enseignant devait assurer par semaine ne se montait à 20. Les professeurs qualifient d’absurde et d’offensant le fait que la nouvelle loi les oblige de rester à l’école jusqu’à 17h00, sans leur offrir des conditions décentes, tels un espace de travail, un ordinateur ou encore un repas à la cantine. Si d’ici la rentrée scolaire, le gouvernement ne renonce pas aux mesures d’austérité concernant l’Education, 30 000 syndicalistes menacent de déclencher la grève générale, le 8 septembre, jour de la rentrée des classes. En attendant, les protestations se poursuivront tant devant le siège du Ministère, que devant les sièges des principaux partis politiques. Les représentants des enseignants ont appelé les parents d’élèves, les élèves et les autorités locales à les soutenir, afin d’assurer un enseignement de qualité, correctement financé et respectueux envers les personnels de l’Education.