Un automne sous tension budgétaire
Les récentes mesures fiscales mises en œuvre par le gouvernement pour réduire le déficit budgétaire record du pays attisent les tensions sociales en Roumanie.
Sorin Iordan, 19.11.2025, 12:32
La Roumanie aborde la fin de l’automne dans un climat social crispé. Avec un déficit public atteignant 9,3 % du PIB en 2024, le plus élevé de l’Union européenne, le gouvernement est engagé dans une course contre la montre pour réduire les dépenses tout en préservant la croissance. Les trains de mesures d’austérité déjà adoptés durant l’été, ainsi que ceux que Bucarest s’apprête à présenter, nourrissent un malaise croissant dans la société.
Le secteur de l’éducation en première ligne
Les syndicats de l’Education annoncent de nouvelles mobilisations devant le ministère, galvanisés par une colère qui n’a cessé de monter depuis la baisse de 6 % des salaires enseignants cet été. Le troisième paquet d’austérité, qui prévoit d’autres coupes et des réductions d’effectifs dans la fonction publique, est perçu comme une ligne rouge. Selon les fédérations syndicales, ces nouvelles mesures seraient non seulement malvenues, mais aussi profondément injustes, aggravant un système éducatif déjà fragilisé. Les partis de la coalition — PSD, PNL, USR et UDMR — ont assuré vouloir tenir compte des efforts déjà consentis dans ce secteur : hausse du nombre d’heures d’enseignement hebdomadaires, diminution du salaire horaire et réduction des bourses d’études. À ce stade, la coalition propose de limiter la réduction des dépenses à 4 % dans l’éducation, afin d’atteindre les 10 % requis au niveau global dans le cadre du nouveau paquet législatif. Ce texte, attendu cette semaine, inclut également des suppressions de postes dans les administrations locales et centrales et des baisses salariales dans les ministères de la Défense et de l’Intérieur.
Un front social qui s’élargit
Le Premier ministre, Ilie Bolojan, assure que les départs dans les administrations locales seront graduels et déterminés par une formule liée à la population. Il n’en reste pas moins que des milliers de salariés perdront leur emploi, tandis que de nouvelles hausses d’impôts locaux et de taxes sur les bâtiments et automobiles entreront en vigueur dès janvier 2026. Face à cette perspective, quatre grandes confédérations syndicales appellent à une vaste manifestation en décembre devant la présidence. Elles demandent au chef de l’État, Nicușor Dan, d’assumer pleinement son rôle de médiateur entre l’État et la société, dénonçant l’absence de véritable dialogue social et le refus du gouvernement de consulter les citoyens sur les politiques d’austérité. Depuis octobre, des dizaines de milliers de travailleurs ont déjà protesté contre ces mesures, qu’ils jugent inefficaces pour relancer l’économie ou réduire le déficit et dont ils estiment qu’elles font peser la charge budgétaire principalement sur les ménages.