« Acasă »/ « Acasă, My Home » de Radu Ciorniciuc, le documentaire le plus primé en 2020
Présent au Festival du film de Sundance dans la section consacrée aux documentaires internationaux, la production « Acasă, My Home » du réalisateur roumain Radu Ciorniciuc, a remporté le Prix de la meilleure photographie. Le documentaire qui raconte l’histoire d’une famille ayant vécu vingt années durant dans le delta de Văcăreşti avant que cette zone de Bucarest ne devienne aire protégée et ne se transforme en premier parc naturel urbain de Roumanie, s’est vu récompenser de nombreux trophées : Grand prix au Festival international du film documentaire de Munich, Prix spécial du jury au Festival de Thessalonique, Grand prix au Festival international du film de Cracovie, Prix des Droits de l’homme au Festival du film de Sarajevo ou encore Prix Moral Approach au Festival du film documentaire MakeDox de Macédoine.
Corina Sabău, 14.11.2020, 13:43
Conçu initialement par le réalisateur Radu Ciorniciuc et la scénariste Lina Vdovîi comme un reportage sur le delta de Vacaresti, « Acasă, My Home » a pris de l’ampleur et s’est transformé, au bout de plusieurs années de tournage, en un véritable documentaire. Quatre ans durant, le réalisateur Radu Ciorniciuc a suivi la grande aventure des Enache et leur passage d’une vie en parfaite harmonie avec la nature à une autre, au milieu de la jungle urbaine. Radu Ciorniciuc : « Ma fascination vis-à-vis de cette histoire fut alimentée notamment par la façon dont ces individus sont arrivés à construire et à consolider leur famille. Après, il y a cette relation fabuleuse de leurs enfants avec la nature. Bien sûr qu’une fois que les Enache ont été relogés en ville, j’ai été particulièrement intéressé par leur processus d’insertion. L’histoire a fini par s’avérer très complexe, même s’il y a quatre ans, au moment où j’ai démarré le projet, les choses semblaient beaucoup moins compliquées et je ne pensais pas faire un film, mais juste un reportage censé donner une dimension sociale au delta de Vacaresti. Toutefois, les choses se sont enchaînées d’une façon naturelle. A force de travailler tant d’années sur ce sujet, de nouvelles idées me sont venues. Quant au montage, vous savez, il y a toujours un défi que de choisir parmi des centaines et des centaines d’heures d’enregistrement, en essayant d’en tirer l’essentiel. Pour un réalisateur, c’est un véritable challenge de comprimer en 86 minutes presque trois cents heures de tournage. Dans un premier temps, je trouvais ça impossible, mais avec le soutien de la scénariste Lina Vdovîi, de la productrice Monica Lăzurean-Gorgan et notamment de l’éditeur Andrei Gorgan, on a fini par en extraire l’essence, sans sacrifier des aspects importants. Le montage a duré deux ans, justement parce que ce n’est pas facile de comprimer autant de matériel et de le raconter de la meilleure manière possible en quelques dizaines de minutes seulement ».
Radu Ciorniciuc et la scénariste Lina Vdovîi se sont proposé de donner la parole à leurs protagonistes. Car, disent-ils, ce n’est qu’à force de connaître leur approche que le public arrivera à avoir de l’empathie pour eux, comprenant à quel point l’insertion sociale des Tsiganes s’avère difficile. Malgré la reconnaissance internationale de son documentaire, Radu Ciorniciuc n’a pas eu le bonheur de voyager autant que son film. « Moi, j’ai accompagné mon film notamment en ligne, depuis mon bureau, sur des plateformes telles Zoom. Je suis pourtant arrivé à me rendre à Zurich où mon film s’est vu décerner une mention spéciale, et à Cologne, à l’occasion d’une autre cérémonie de remise de prix. J’ai été particulièrement ému de rencontrer tous ces gens réunis autour d’un projet auquel j’ai énormément travaillé et en marge duquel on a discuté et débattu afin de mettre en évidence les thèmes majeurs du film. Ce fut une grande joie pour moi de voir la salle comble et de remarquer l’intérêt que notre histoire a suscité. J’ai participé à une session de questions-réponses, à l’issue de laquelle je débordais d’énergie et d’optimisme en pensant que finalement nous, les humains, on est tous des survivants qui savent préserver les bonnes choses dans leurs vies. Or, je trouve vraiment extraordinaire le fait que les gens ne perdront jamais leur intérêt et leur curiosité pour les histoires. »
Le documentaire « Acasă, My Home » figure également dans la sélection officielle des Prix de l’Académie européenne de film et il a été diffusé en première, le 15 octobre, sur HBO Go. (Trad. Ioana Stancescu)