Le documentaire « Apropierea » est sorti en salles en Roumanie
Le film documentaire « Apropierea/Too Close »,
du réalisateur Botond Püsök, est
sorti en salles en Roumanie le lundi 16 mai. Récompensé de nombreux prix
internationaux, dont celui du meilleur film de non-fiction attribué dans la
catégorie « Voix émergentes du documentaire », à la vingt-neuvième
édition du Festival du film « Astra », de Sibiu, il a aussi été un
des candidats aux Prix GOPO 2023 du cinéma roumain.
Corina Sabău, 02.09.2023, 11:00
Le film documentaire « Apropierea/Too Close »,
du réalisateur Botond Püsök, est
sorti en salles en Roumanie le lundi 16 mai. Récompensé de nombreux prix
internationaux, dont celui du meilleur film de non-fiction attribué dans la
catégorie « Voix émergentes du documentaire », à la vingt-neuvième
édition du Festival du film « Astra », de Sibiu, il a aussi été un
des candidats aux Prix GOPO 2023 du cinéma roumain.
Cette coproduction
roumano-hongroise raconte l’histoire d’Andrea, qui essaie de construire une
nouvelle vie pour elle-même et pour ses deux enfants, après la condamnation de
son ancien compagnon à plusieurs années de prison pour abus sexuel. Mais la
majorité des habitants de son village soutient ouvertement son ex et
l’influente famille de celui-ci. Les gens refusent de croire les accusations à
l’origine de sa condamnation, accusant à leur tour Andrea et sa fille d’avoir
lancé des mensonges contre cet homme. Lorsqu’elle apprend la libération
conditionnelle pour bon comportement de l’individu, Andrea se voit contrainte
de se battre contre la mentalité de la communauté où elle vit, afin de protéger
ses enfants et de guérir les blessures du passé. En 2016, le réalisateur
Botond Püsök présentait son documentaire « Angela » à Astra Film
Festival et au Festival DocuArt, où il décrochait le prix de la mise en scène.
Le film est construit autour d’Angela, une jeune femme d’une communauté Rom,
qui réussit à s’en sortir.
RRI a interrogé le
réalisateur Botond Püsök sur les sujets abordés dans ses films, des sujets
difficiles, dont on parle peu ou pas du tout dans la société: « Les sujets dont nous choisissons,
le plus souvent, de ne pas parler sont ceux qui me fascinent le plus.
Ce qui m’attire c’est justement ce silence autour d’eux, qui m’incite à faire
le film, j’essaie de comprendre pourquoi il y a ces tabous et pourquoi nous
choisissons plutôt de ne pas en parler. C’est comme ça que je suis arrivé au
motif du traumatisme et de la guérison. Ce thème, je l’aborde déjà depuis
plusieurs années, j’ai réalisé des documentaires qui en parlent. La lutte menée
par les personnages de mes films – une lutte qui nous définit en profondeur et
qui ne connait pas de limites ni de censure – m’a énormément inspiré. Quand
nous subissons des traumatismes d’une telle gravité, quand nous comprenons
qu’il n’y a personne à nos côtés, que personne ne peut nous aider et que nous
sommes nous-mêmes notre unique aide, nous découvrons des choses inattendues et
inconnues. C’est pourquoi, à travers mes films, je ne me concentre pas sur le
traumatisme proprement dit, mais plutôt sur le processus psychologiques de
guérison traversé par les personnages. Si ces thèmes ou histoires ne
contenaient pas tant de lumière, je ne pourrais pas les raconter. C’est cet
espoir qui m’inspire moi et le public aussi, je l’espère. »
Le réalisateur Botond Püsök a également
présenté son documentaire « Too Close » au Festival du film
documentaire et des droits de l’homme One World Romania. Cette production
revient sur le phénomène des abus sexuels et des violences contre les enfants,
ayant lancé une campagne de prise de conscience nationale. En Roumanie, 3% des
adolescents ont déclaré avoir été victimes de viol en 2019, fait savoir une
enquête de l’ONG Save The Children. Botond Püsök est confiant que la force
de son documentaire le transformera en une plateforme où la pensée critique
puisse s’exprimer librement, où l’action civique soit encouragée : « C’est la raison pour laquelle j’ai choisi de faire
des documentaires, bien que le cinéma de fiction ait été ma première matière
d’étude. Je crois que le documentaire peut avoir un impact émotionnel plus fort
que le film de fiction, malgré un public moins nombreux. Et si, à la fin de la
projection, ce public a la possibilité d’échanger des idées et des opinions
avec le réalisateur et les protagonistes, l’impact s’amplifie. C’est quelque
chose d’incroyable, la connexion qui se crée est tellement intense que cela
devient mon autre raison de continuer à réaliser ce genre de documentaire
observationnel. Les statistiques européennes concernant les abus sexuels sur
les enfants et les violences contre eux sont extrêmement inquiétantes, la
Roumanie comptant parmi les pays qui enregistrent le plus grand nombre de cas.
C’est pourquoi je crois qu’il est important d’aborder ces thèmes. Il est aussi
de notre devoir de raconter ces histoires, de nous informer, de ne pas
prétendre que ces choses n’existent pas ou que cela ne nous arrivera jamais. Je
crois que nous pouvons avancer à petits pas, qu’il existe des solutions pour
nous aider. Si nous en parlons, si nous brisons cette culture du silence autour
du sujet de l’abus, sur les mineurs en premier lieu, à ce moment-là nous
pourrons peut-être faire changer quelque chose. C’est ce que je pense. »
Le film documentaire « Apropierea/Too Close »
est une coproduction roumano-hongroise, réalisée par Luna Film, de Roumanie,
Spot Productions et RTL Hongrie. (Trad. Ileana Ţăroi)